« Au Gabon, on continue de penser que le Comité de Sécurité et de Santé au Travail (CSST) n’a pour seul but que d’éviter les blessures sur les chantiers et de limiter les accidents du travail. C’est une vision réductrice. Le rôle premier du CSST est d’écouter le salarié. Mais ce dispositif est quasi inexistant.
Il est combattu par les employeurs, ignoré par les autorités et les inspecteurs du travail n’ont aucun pouvoir pour le faire respecter.
Dans ce contexte, la seule option qui reste aux salariés pour se faire entendre, ce sont les délégués du personnel et les syndicats.
Face à cette montée en puissance les chefs d’entreprise ont trouvé la réponse. Les sociétés de mise à disposition du personnel.
Un salarié commence à poser trop de questions ? Il est remplacé.
Un doute sur son engagement ? Son contrat n’est pas renouvelé.
Les CDD s’enchaînent, et le salarié doit faire preuve d’une loyauté sans faille pour espérer décrocher un contrat au sein de l’entreprise principale.
Tout cela dans l’indifférence des autorités.
Depuis quelques jours, le ton monte dans le secteur pétrolier gabonais.
L’Organisation nationale des employés du pétrole (ONEP) dénonce les écarts de salaires entre les employés sous-traitants et ceux recrutés directement, ainsi que les inégalités de traitement, alors qu’ils effectuent les mêmes tâches. Mais cette situation ne date pas d’hier.
Depuis des années, des revendications parfois excessives ont poussé les employeurs à chercher une alternative.
La sous-traitance s’est imposée comme une solution de flexibilité pour réduire leur dépendance aux contrats directs. Elle est devenue un moyen pour les employeurs de déléguer la gestion des ressources humaines et d’atténuer le risque social.
En externalisant une partie de leur personnel, ils réduisent leur exposition aux revendications salariales et aux conflits internes, limitant ainsi les risques de grève et de mobilisation collective. Ce modèle leur permet de maintenir leur activité sans subir directement la pression des négociations sociales. Aujourd’hui, l’État semble dépassé, incapable de trancher face à ce conflit permanent.
Le problème ne vient ni des syndicats, ni des employeurs.
C’est le système qui est à revoir.
Le CSST et la CPCES devraient être les garants du dialogue social. Mais ils sont absents. (il n’y a plus de médiateur, il n’y a pas d’équilibre).
Si rien ne change, ces tensions ne feront que se multiplier.
La solution ne repose pas sur des décisions prises dans l’urgence, mais sur une refonte en profondeur du modèle actuel. »