Législatives et locales 2018 : vers l’échec de l’opposition.

Des milliers de lecteurs gabonais accomplissent leur devoir civique depuis ce matin dans les différents bureaux de vote retenus pour la circonstance. Dans cette bataille figurent les candidats de la majorité lesquels ont une stratégie, contrairement à ceux de l’opposition notamment les anciens lieutenants de Jean Ping qui sont loin de s’unir pour former un véritable bloc afin de  battre le PDG et sa majorité.

En clair, la coalition de l’opposition radicale se retrouve plus que divisée depuis le départ de Moukagni Iwangou, de David Mbadinga, mais surtout des partis amis qui ont décidé de prendre part à cet examen politique à l’exemple de l’Union Nationale. Le constat qui se dégage fait remarquer qu’il y a des oppositions dans l’opposition. En 2016 par exemple, il  existait le rassemblement de l’opposition qui avait entre autres objectifs  celui de soutenir la candidature de Jean Ping, de nos jours elle n’existe plus par manque de stratégie. Certains ne pouvant  plus supporter  cet amateurisme se retrouvent  du côté du pouvoir et ont eu leur part de gâteaux. L’histoire retiendra que de 1990 à 2011, le PDG est toujours sortie vainqueur des élections. Contrairement à l’opposition gabonaise qui se cherche et a du mal à décoller. Même lorsqu’on pense que les carottes sont cuites pour le PDG, l’opposition gabonaise vient distraire le peuple avec des déchirements ; ce qui occasionne  chaque fois la perte d’une majorité à l’assemblée nationale, au Sénat, dans les communes et dans départements.

Cette situation serait certainement due au  manque d’encadrement des nouveaux partis politiques depuis 2009, ce qui a amené le politologue Bertin Ndong à affirmer ce qui suit : « ces nouveaux partis politiques où les hommes qui les incarnent, souffrent d’une absence de démocratie interne, nombre des partis sont dirigés par des responsables autoproclamés dont l’autorité n’est fondée sur aucune base électorale. De même, il y a une absence de base sociologique significative car, la majorité desdits partis politiques de l’opposition ne peut pas justifier d’une adhésion significative des militants ou des sympathisants. Parce que, le plus souvent, on est en présence de partis fictifs dont l’existence se limite soit à leur nomination et enregistrement au ministère de l’intérieur ; soit à quelques membres de la direction nationale, etc ».

Le divorce était évident. Pour bon nombre d’observateurs de la vie politique, le refus pour le candidat malheureux à l’élection présidentielle de 2016 Jean Ping,  de  soutenir les autres qui prennent  prendre part à ces élections législatives et locales prouve que Jean Ping avait déjà prédit leur échec.

« Jean Ping aurait pu soutenir ses alliés de l’élection présidentielle comme eux l’ont soutenu au lieu de continuer à jouer à la victime deux ans après l’échéance. Et je peux vous dire que, s’il avait donné les consignes de vote à ses partisans de soutenir  l’opposition, elle  aurait eu une chance de l’emporter. Mais là, clairement on va vers une confirmation de la majorité du PDG et ses alliés », estime Fred Mbangou, un jeune de l’Union Nationale.

Les signes d’une division, et des mauvais résultats sont palpables. Alors même que la date des élections législatives, plusieurs fois reportées, n’était toujours pas connue, le ministre de l’Intérieur avait demandé à l’opposition et à la majorité de désigner leurs membres. Si pour la majorité, ce n’était pas un problème, du côté de l’opposition, la situation était plus compliquée.

Les opposants « radicaux et modérés » étaient quasiment à « couteaux tirés ». A seulement quelques mois après l’élection présidentielle, il y avait déjà des « oppositions dans l’opposition ». Après cet épisode, vint celle de la participation ou non à ces élections législatives et locales. Symbole emblématique de cette division de l’opposition gabonaise : Jean Ping.

Leader de l’opposition au lendemain de la présidentielle, Ping est « défavorable à la participation de l’opposition à ces élections». « Ce qui va vraisemblablement nuire à ces soutiens », pense l’analyste politique, John Mbadibouk.

Premier fait suivant ce positionnement, Zacharie Myboto, le président de l’Union Nationale (UN) sera agressé en France par des personnes se réclamant de la diaspora gabonaise et qui soutiennent Ping.

Autrement dit, pour certains Jean Ping a divisé la coalition.  Parce que certains groupements en son sein ont décidé de prendre part aux élections législatives. L’ancien président de la commission de l’Union Africaine « favorise » ainsi la contre « remontada » face au parti démocratique gabonais  d’Ali BONGO ONDIMBA qui semble se réjouir de cette dichotomie.

Ainsi dit, comme par le passé, l’opposition va et ces élections en rangs dispersés face à un pouvoir décidé de conserver sa majorité absolue au Parlement et dans les municipalités. Si pour Alexandre Barro Chambrier, un boycott « ne réduirait-il pas au silence tous ceux qui ont massivement apporté leurs suffrages à Jean Ping ? », se demandait le fervent soutien de Ping et président du nouveau parti Rassemblement Héritage et Modernité (RHM), il y a que dans son parti, des divisions sont également survenues depuis la dernière configuration du gouvernement qui a vu Michel Menga, un des leaders de RHM, nager à contre-courant de ses amis. Les candidats du RHM Barro Chambrier seront donc face aux candidats RHM Miche Menga. De quoi ouvrir un boulevard au PDG.

En plus d’Alexandre Barro Chambrier, deux autres poids lourds de l’opposition autour de Ping sont lancés dans la course: Zacharie Myboto du premier parti d’opposition l’Union nationale (UN), et Guy Nzouba-Ndama du parti Les Démocrates. Là aussi, ceux qui continuent de voir en Jean Ping leur leader-et qui sont inscrits-promettent de voter « contre « faux opposants » ou voter bulletin nul ».

Ce qui enivre aujourd’hui, c’est le fait que les populations ont parfois et de plus en plus de difficultés à se situer, eu égard au fait que les politiques ne sont intéressés que par un besoin de lucre et le luxe, malgré le fait qu’il semblent de tout temps mettre en avant des idéaux qu’ils ne sont pas capables de poursuivre une fois la confiance du peuple placée en eux.

« L’on se demande où l’on va et quel est notre intérêt d’accorder une parcelle de confiance en des gens qui ne rassurent pas », s’inquiète Franck Mbougou, un jeune étudiant.

A ce jour de vote, l’ambiance n’est pas vraiment à l’unité des opposants gabonais, malgré les promesses d’union sacrée. « Le boycott de Jean Ping, a principalement fait voler en éclats  « l’union » souhaitée par le Front uni de l’opposition. De fait, on va là vers une défaite programmée de l’opposition.

En clair, le parti au pouvoir et sa majorité républicaine et sociale pour l’émergence s’appuie sur les divisions de l’opposition pour être en bonne forme politiquement.

 

 

 

 

 

 

Paul Essonne

Journaliste

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *