Ceux qui ont cru que le pouvoir était par terre et qu’il suffisait de se courber pour le ramasser, en ont pris pour leur témérité
Et pour cause ! En politique, les résultats parlent en faveur de BLA qui a injecté du sang neuf dans la tanière PDG via de petits partis aux noms aussi équivoques que RV,SDG et, surtout son association AJEV, Association des jeunes émergents volontaires. Cette action a fait taire les langues qui l’accusaient de faire de l’ombre au PDG. La brouille avec Faustin Boukoubi, ex SG du PDG, est née de là. Pourtant, c’est le 7 juillet 2018 que le leader de l’AJEV a signé un accord de partenariat avec le nouveau SG du PDG Eric Dodo Bounguendza. Par cet accord, l’Ajev renonçait à présenter ses candidats face au PDG: « Il n’y a donc pas concurrence avec le PDG. Au contraire, il y a complémentarité. Les yeux dans les yeux, l’AJEV n’est pas un parti politique, alors l’AJEV ne présentera donc pas de candidats aux élections, ni aujourd’hui ni demain. Seul le PDG est habilité à le faire» avait affirmé BLA.
Résultat, la Razzia. Même dans les bastions imprenables comme le Woleu-Ntem pour ne prendre que cet exemple où les populations et, avec elles, les autres candidats, ont vu l’intrusion de jeunes cousus d’or leur parler un langage nouveau, « les yeux dans les yeux », sans filtres. A Oyem, l’entrée en scène de Renaud Allogho a douché les tenants des vieilles recettes pdgistes qui ont fait plonger le parti et son influence dans la commune et ailleurs. Comment des gamins ont-ils pris le pouvoir dans le grand nord ? A Bitam, le scénario a été identique. Dans le canton sud, l’arrivée de David Ella Mintsa a été vécue comme la fin de l’omnipotence de l’inénarrable Ondo Methogo dit « Methode » qui, malgré son refus de donner son onction au « petit », a fait le plein des votes. En face de lui et non des moindres, le candidat Les Démocrates Ella Menie Vincent, ancien suppléant et Directeur de Cabinet de « Methode ». A la commune de Bitam, citadelle de René Ondo Ndemezo’o, c’est un jeune premier, Tony Ondo Mba qui a raflé la mise. On peut énumérer à foison d’autres jeunes tels que Justin Ndoudangoye au 2ème arrondissement de Franceville où le Secrétaire général de l’Ajev est passé haut la main. C’est ce savant dosage jeunes/anciens qui vaut au PDG sa majorité. On est loin du « on ne peut faire du neuf avec du vieux » qui a mis le Président dans une situation inconfortable depuis le premier mandat avec la mise à l’écart des anciens dignitaires et le pillage réglé par ces jeunes loups, des deniers publics. Avant la moitié du mandat, le peuple a assisté, abasourdi, non pas à l’émergence du Gabon, mais à celle de nouveaux milliardaires, arrogants, imbus, quadras pour la plupart.
Aujourd’hui, on semble être revenu aux fondamentaux du pouvoir PDG et, à la manœuvre, Brice Laccruche Alihanga qui fait preuve de résilience. La primature est revenue à l’Estuaire et l’Assemblée Nationale à l’Ogooué Lolo, les deux colonnes qui ont soutenu, pendant longtemps, le système. La présidence est redevenue une maison du peuple et non plus un bunker dans lequel l’otage se trouvait être Ali à qui l’on abreuvait des illusions sur des maquettes 3D. Le réveil a été brutal avec un cratère financier abyssal.
Dans le gouvernement formé le 11 janvier, l’expérience des législatives a été rééditée. De jeunes managers aux expériences aguerries ont fait leur entrée. Objectif, implémenter la politique du chef de l’Etat et accélérer le développement du pays. Ainsi, le Gabon a vu son PIB en nette augmentation de 2% contre 0,5 en 2017 ce, malgré la chute des prix du pétrole. Cette hausse est essentiellement due aux activités hors pétrole notamment le bois et l’agriculture. L’industrie agricole notamment les deux sociétés de production d’huile de palme ont apporté un gain grâce aux exportations vers le Cameroun voisin (plus de la moitié de la production), le Nigeria, la chine. L’huile de palme Gabonais est considérée la meilleure par les industries cosmétiques qui l’utilisent à travers ses dérivés, pour les produits de beauté. Les perspectives économiques pour le Gabon en 2019 ont été confirmées par un récent rapport sur la situation des pays de l’Afrique centrale. Fruit de cette confiance, en juin 2017, un accord triennal pour un prêt de 642 millions de dollars a été signé entre le FMI et Gabon dans le cadre du Mécanisme élargi de crédits (MEDC).
A la suite de cette signature, un premier décaissement a été fait à hauteur de 98,8 millions de dollars afin de soutenir le programme de relance à moyen terme du Gabon. Le programme de réformes économiques du gouvernement, qui est appuyé par le FMI, a pour objectif de rétablir la stabilité macroéconomique et de jeter les bases d’une croissance inclusive. Un deuxième décaissement a été accordé après des missions des experts du fonds. Le dernier décaissement a eu lieu en décembre 2018 alors que les mauvaises langues prédisaient la faillite du Gabon. Autant de raisons d’être heureux. Car quand l’économie marche, le pays a des raisons d’espérer. Toutes ces victoires sont à mettre à l’actif du Directeur de Cabinet, expert financier de formation, ancien de Bgfi et de Price Waterhouse & Cooper. Toutes ces victoires l’ont été en l’absence de Chef de l’Etat en convalescence à Rabat au Maroc. Cet homme est-il dangereux ? La présidentielle de 2023 nous réservera des surprises !