Lorsque le gouvernement avait décidé, sur proposition de l’Agence nationale des parcs nationaux(ANPN) au cours du conseil des ministres du 23 février 2018, de mettre en réserve le Kévazingo pour le sauver d’une disparition programmée, cela a fait gausser dans les chaumières. Or, l’autorité avait vu juste très tôt lorsqu’on voit avec quelle frénésie les opérateurs économiques du bois, les agents et hauts fonctionnaires des eaux et forêts gloutonnent. Il fallut arrêter la saignée qui vendangeait le patrimoine national et rendait quelques falots multi millionnaires alors que les caisses du trésor ne voyaient aucun franc poindre ! Ce bois, à l’origine de tant d’appétits aussi bien chez les hauts fonctionnaires, les membres du gouvernement que de l’appareil judiciaire, a finalement montré son côté sacré et spirituel. Ceux qui pillent sont désormais mis à nu. Et la sanction est tombée ce mardi 21 mai avec le limogeage du Vice Président Pierre Claver Maganga Moussavou et Guy Bertrand Mapangou, ministre d’Etat en charge de la forêt. Et c’est un début car plusieurs noms apparaissent au tableau de chasse de cette essence sacrée des provinces du Woleu-Ntem et de l’Ogooué Ivindo. Estelle Ondo, alors ministre des eaux et forêts, citée dans une affaire d’exploitation illégale du Kévazingo, a dû son salut grâce à l’ancien ministre Guy Bertrand Mapangou qui a éteint le feu qui couvait déjà sous ses talons.
L’affaire va rebondir avec la disparition de 353 containers scellés par la justice gabonaise au port d’Owendo! Cet acte de défiance de l’Etat, parce que c’en est un, doit être puni avec sévérité. C’est, mû par cette volonté que le Premier ministre a fait des descentes spectaculaires au port d’Owendo, théâtre des opérations et à la direction des douanes. Ces descentes, gageons-le, ne sont pas de la poudre de perlimpinpin, la survie et la crédibilité de ce gouvernement et de son chef, en dépendent. La suspension provisoire des lampistes et des petites mains des ministères des eaux et forêts, du commerce ainsi que des services rattachés n’est pas suffisant pour éteindre le feu des critiques très acerbes auxquelles les autorités font face. Ces fonctionnaires, bénéficiant de la présomption d’innocence, ne sont pas à quatre familles. Du moins, pour l’instant. Ces têtes de gondoles, pour le publique, ne sauraient donner des ordres à un niveau de prise de décision capable d’outrepasser une décision de justice dont le procureur est à l’initiative. L’assassin est encore dans la maison. Et le couperet du mardi 21 dernier semble avoir orienté le public sur l’identité des coupables en attendant le résultat des enquêtes du parquet.
Julien Nkoghé bekale doit faire mieux, sinon plus en faisant tomber toute la filière à partir de la délivrance du permis de coupes jusqu’à l’exportation. En limogeant ces deux dignitaires, s’achemine t-on vers une possible mise en examen des responsables de ces administrations dont les noms sont abondamment cités dans la presse et dans le rendu des enquêtes du procureur de la république ? Ne pas le faire, serait tomber dans la forclusion après avoir donné à l’Assemblée Nationale, lors de son discours programme et, hier encore, au Cese, autant de gages de bonne gouvernance. Ceux qui ont joué avec les deniers publics lors des précédents mandats ne sont pas encore tous sortis, que les mauvaises habitudes ont repris du service. Est-ce parce que les procès de Blaise Wada, Magloire Ngambia et tutti quanti ne sont que des feux de pailles dont l’issue est connue ? Julien est interpellé, une fois de plus ici, lui, juge financier de formation. Devant les atermoiements du premier ministre et du Procureur de la république, le public reste médusé et s’interroge. Comment des mains aussi douteuses ont-elles pu être acceptées au sein du gouvernement et délester l’Etat après avoir prêté serment devant le Chef de l’Etat ? La politique de l’égalité des chances verra t-elle enfin le jour dans ce gouvernement qui a fait de la rapine, son mode de gouvernance?
Ce qui est vrai et chacun s’accorde à le dire, ceux qui ont organisé ce « Coup », étaient sûrs que la convalescence du chef de l’Etat allait être assez longue ou, prendre une tournure dramatique, comme en 2014 lorsque, à deux ans de la présidentielle de 2016, Jean Ping et ses alliés lancèrent une fatwa contre Ali. Cette campagne médiatique d’une rare violence a eu pour effet de ralentir les chantiers en cours, le président et sa cour s’échinant à répondre aux attaques alors que les entreprises soumissionnées et les hauts cadres de l’administration puisaient allègrement dans les caisses de l’Etat en laissant un trou béant en milliards. Le réveil fut si brutal qu’aujourd’hui, les stigmates restent visibles aussi bien dans le panier de la ménagère que sur l’économie du pays, remorquée par le FMI. Jusqu’à quand ?