Le limogeage ce mardi 21 mai de Maganga Moussavou,vice président de la république et de Guy Bertrand Mapangou, ministre d’Etat en charge du ministère des Forêts et de l’Environnement, chargé du Plan climat est, comme on peut l’imaginer, lié au récent scandale sur la disparition, il y a quelques semaines de 353 containers de l’essence protégée le Kevazingo au port d’Owendo. Retour sur une affaire qui est loin d’avoir atteint son épilogue.
Le couperet est tombé ce mardi 21 mai au soir. Et, sans surprise, le Vice Président de la République Pierre Claver Maganga Moussavou et Guy Bertrand Moussavou, ministre d’Etat en charge des forêts ont rendu leur tablier au Chef de l’Etat qui leur avait accordé sa confiance. Tant le texte lu par l’énigmatique Jean Yves Teal, Secrétaire général de la présidence, portait la signature d’Ali. En cause, le scandale lié aux 353 containers de kévazingo miraculeusement disparus du port d’Owendo. Ces containers, saisis et portant des scellés, faisaient l’objet d’une enquête du parquet aux fins de déterminer les auteurs de la coupe de cette espèce désormais protégée. Depuis plusieurs jours, la toile et, avec elle, la presse écrite, se sont enflammées au point de décrédibiliser le gouvernement Nkoghe Bekale qui cherchait encore ses marques. Cette affaire est tombée au mauvais moment pour Julien qui n’a pas encore digéré la célébration le 11 mai dernier à Ntoum par les siens, de sa nomination aux hautes fonctions de Premier ministre.
C’est en date du 23 février 2018 que le gouvernement dirigé à l’époque par Emmanuel-Franck Issoze Ngondet, réuni en conseil des ministres, a pris la décision d’interdire l’abattage et l’exploitation du kevazingo ce, en référence aux articles 67 et 297 du code forestier du Gabon qui fait de cet arbre une essence protégée. Encore appelé Oveng en Fang, cet arbre a des vertus mystiques et ésotériques pour les populations de la forêt, précisément celles de l’Ogooué Ivindo et du Woleu-Ntem, les deux provinces sœurs où il pousse et exploité sauvagement. Très prisées par les populations Fang de ces deux régions, le kévazingo a aussi des vertus thérapeutiques. Interdit de coupe par les familles, on pouvait trouver dans les brousses ou, à l’orée des villages, des kévazingo centenaires voire plus. Autant de raisons qui ont amenées le gouvernement à en faire un patrimoine national à protéger d’urgence. L’interdiction d’abattre cette essence a été un véritable soulagement pour ces peuples qui craignaient son extinction à la lumière des rythmes de coupes désordonnées et abusives dont font montre les sociétés forestières qui affectionnent cette essence, la plus chère sur les marchés du bois.
Mais, encouragés par une gloutonnerie sans borne, certains hauts responsables tapis dans les strates de l’administration des eaux et forêts et du commerce, ont décidé d’outrepasser cette interdiction en continuant de délivrer des permis d’abattage et d’exploitation de ce bois, jusqu’à l’épisode des containers du port. A la manœuvre, le ministère en charge des eaux et forêts, haut lieu de la mafia et dont les agents disent être piloté de l’extérieur à cause de ses ramifications troubles avec les patrons d’entreprises qui dictent leurs lois aux agents moyennant des bakchichs à donner le tournis. Ce ministère, associé au commerce, ont pourtant des brigandes de surveillance et de contrôle tout au long de la nationale 1 et 2 et via le service de la douane qui veille à l’embarquement au port. Le couperet de mardi 21 vient rappeler à tous et à chacun la ferme intention de laver désormais les écuries d’Augias qui pullulent au sein du gouvernement et dans la haute administration où la course à l’enrichissement illicite est devenue la chose la mieux partagée. Même si la population estime que l’assassin est encore présent dans le lieu du crime, les jours à venir seront riches en rebondissements.