Alors que la société civile représentée par le COPIL CITOYEN entend remporter le bras de fer face aux mesures anticonstitutionnelles d’un gouvernement devenu peu crédible et inaudible, alors que les syndicats de l’éducation nationale donne du fil à retordre au même gouvernement jugé incompétent, alors que les régies financières veulent que leurs droits acquis soient respectés proportionnellement aux efforts qu’ils fournissent pour l’État, alors que notre pays accueille un souverain, ami du Gabon, on nous sort une affaire tordue de mœurs qui pue (1) la manipulation, (2) le règlement de compte et (3) l’impasse pouvant être fatal aux collégiens au sommet de l’État.
Aussi, il convient de se poser une seule question car, à bien vérifier, quand on connaît les manœuvriers, la vérité ne tournerait pas très loin: à qui veut-on réellement régler des comptes au point de faire de Capello la victime expiatoire de cette affaire?
En 2004, on a connu et suivi l’affaire Outreau qui reste le plus grand scandale sexuel sur mineurs jamais vécu en France. La logique d’un tel scandale a voulu que ce soit une plainte déposée par la direction de l’enfance auprès du procureur de la ville qui fasse déclencher et révéler tout le scandale qui a bouleversé la France entière.
Placés en famille d’accueil par leurs parents, à la demande de la mère qui en avait marre de la violence du père de famille, les enfants, encore mineurs, ont signalé aux assistantes familiales qu’ils ont été contraints de suivre un film pornographique avec leurs parents d’accueil et ont quelquefois été témoins de scènes obscènes. Pas une, ni deux, les assistantes familiales contactent l’aide sociale à l’enfance et l’affaire Outreau explose.
Mais dans le cas Capello dont la présomption d’innocence pourrait être évoquée ou soulevée par ses avocats, c’est (1) un journaliste français, Romain Molina, qui révèle ou ressuscite l’affaire en débat. Et Dieu seul sait combien il est difficile de mener des enquêtes indépendantes dans notre pays. Alors demandons-nous, qui lui a permis de faire ces recherches dans un pays autant militarisé? Comment a-t-il pu obtenir les informations dont il dit détenir la substance?
(2) On découvre que la publication des résultats de l’enquête dans un journal britannique « The Guardian ». Encore Londres, nous constatons.(3) Aussitôt, un plan communication se déroule sous nos yeux: (a) interview du journaliste dans certains médias occidentaux, notamment France 24, (b) communiqué de la FEGAFOOT qui suspend Capello qui n’a même pas encore été condamné, (c) Plainte du ministère des Sports et de la Jeunesse, (d) Prise de position du président de la République sur son compte Twitter. Tout ça fait un peu beaucoup pour ne pas dire gros quand on sait que pour tant de maux qui minent le quotidien des gabonais on n’a pas vu autant d’enchaînements.
La pédophilie est une chose à condamner avec la dernière énergie car, c’est l’abus du plus fort sur le plus faible. C’est une violence faite sur des personnes fragiles, vulnérables et mineures. Ce qui est totalement injuste. Mais ce n’est pas plus grave que les dégâts causés par les distributeurs ambulants de VIH-SIDA qui pullulent dans nos villes et endeuillent nos familles. Ce n’est pas plus destructeur que les crimes rituels et tous les détournements de fonds publics qui déshumanisent nos populations et notre pays. C’est tout aussi grave que les incestes et toutes les formes de viols sur autrui.
Nul doute que, comme à l’accoutumée, cette affaire finira en eau de boudin car, les révélations qui en sortiront pourraient conduire plus d’un à explorer des espaces de perversion insoupçonnés où la drogue, les orgies et autres délires pourraient bien éclore. Par conséquent, il ne faut pas distraire les gabonais avec un folklore inutile par les temps difficiles qui courent.
Si quinze autres personnes ou personnalités seraient citées, pourquoi ne pas les livrer tout de suite comme cela a été fait pour Capello qui semble être le moins cher de l’affaire? Voici une injustice qu’on veut rendre digeste ou potable. Nous disons non. C’est pourquoi nous restons convaincus que c’est la méthode Pasqua qui est mise en application ici. C’est-à-dire, créer une affaire dans une affaire pour étouffer les tares de gestion d’un gouvernement et leurs donneurs d’ordre aux abois.
La vaccination obligatoire ne se fera pas et les mesures gouvernementales qui restreignent les libertés individuelles pourraient vivre leurs derniers instants. Tournons alors et maintenant nos regards vers la cour constitutionnelle. La dignité et la survie de notre peuple en dépendent. Nous en avons trop dans le ciboulot pour comprendre que l’affaire Capello est zéro face aux réels scandales qui détruisent notre pays.
Par Télesphore Obame Ngomo