Le débat de Missélé eba’a: La manipulation chantera son requiem.

Il y a une chose que nul ne peut tromper, c’est le temps. Sous d’autres cieux, le temps est d’ailleurs très souvent assimilé au divin, à Dieu.

Il a fallu près de deux ans pour que le mensonge et la manipulation qui sévissent au sommet de la République soit définitivement démystifiés. Les incongruités de gouvernance engagées par les collégiens du bord de mer accouplées aux actes que n’aurait jamais posé un Ali Bongo Ondimba lucide ont fini par nous convaincre que nous naviguons en pleine imposture.

En effet, l’escroquerie politique en cours qui est en fait, au mieux une usurpation de titre, au pire un coup d’état, passible de haute trahison devant un tribunal spécial, a été favorisée par l’avènement du covid-19 en terre gabonaise. Malheureusement, avec le temps, la pandémie désormais maîtrisée, les protocoles sanitaires améliorés, le mensonge entretenu ne parvient plus à résister face à la réalité.

Ne sachant plus à quel saint se vouer, c’est la panique constatée chez les ennemis identifiés  de la République. Or, il est venu l’heure de rendre des comptes. Abuser de la situation d’un président de la République malade pour faire passer des messages hasardeux et dangereux est tout aussi grave que des actes de pédophilie. Car dans les deux cas, il s’agit bien d’abus sur des personnes fragiles ou vulnérables. Ce qui n’est absolument pas normal et acceptable. D’où notre indignation.

Au temps de gloire du calife autoproclamé, prononcer le nom d’Ali Bongo Ondimba était devenu un casus belli. La bande au collégien en chef n’hésitait pas à vous tomber dessus à bras raccourcis. Nommer Omar Denis Junior comme potentiel successeur d’Ali Bongo Ondimba était considéré comme une déclaration de guerre sans préavis. Citer les cadres de la République qui peuvent valablement diriger le Gabon vous valait la potence.

Ainsi, avec ces réactions surprenantes, on comprend mieux pourquoi Brice Laccruche Alihanga a été rapidement jeté en prison après sa tournée républicaine nationale réussie. La vérité que révélera le temps est que l’ancien directeur de cabinet du président de la République a fait peur à ceux qui estimaient qu’après Ali Bongo Ondimba se sera leur tour. Mais combien de villégiatures annoncées dans l’arrière-pays, puis aussitôt annulées? Il est difficile de faire du BLA sans BLA. A chacun son génie.

Malgré les milliards disponibles et tous les pouvoirs entre les mains, la mayonnaise de ce funeste projet ne séduit personne. On constate que les acteurs à la manœuvre ne sont ni outillés encore moins doués. Personne ne veut croire à une quelconque succession de cette nature avec en tête de gondole un profil inconsistant. Aussitôt des interrogations diverses commencèrent à se multiplier et à susciter des débats acides sur l’attitude grossière de ceux qui rêvaient déjà d’un grand soir présidentiel. Le danger et la menace du système s’invitant, très vite, ils exhumèrent la carte Ali Bongo Ondimba que leurs actes avaient pourtant déjà enterré. Leur attitude l’avait déjà disqualifié pour la suite.

Hélas, c’était trop tard, le roi était désormais tout nu sur la place publique. Tout le monde savait qu’il ne pouvait plus être de la partie. D’ailleurs, où dans le monde une élection présidentielle a-t-elle déjà été préparée de cette manière. Quelles sont leurs troupes? Près de 90% des ministres du gouvernement d’Édith Cresson du Gabon n’ont jamais fait le terrain.

Autant le covid-19 a aidé à gérer un mensonge d’état sur les véritables régents du pays, autant il n’a pas permis à ceux qui sont sensés vendre « leur joker isolé  » de faire le job. Quel bilan sera présenté aux populations qui sont réduites à négocier la taille ou le volume d’une baguette de pain? Avec quels partenaires iront-ils au front quand on a vu qu’ils n’ont aucun respect pour les chefs d’état voisins ou pour la France?

Aussi, il serait pertinent et sage que certains s’abonnent à l’histoire d’Abdelaziz Bouteflika pour comprendre la fin de ceux qui osent croire à des rêves démentiels. Les mêmes causes ont toujours produit les mêmes effets. A quel moment le pouvoir d’Abdellaziz Bouteflika a commencé à sérieusement vaciller? C’est lorsqu’en pleine visite médicale en Suisse, ses ministres ont décidé de lancer des appels pour sa énième candidature à la présidence de la République. Pas une, pas deux, le ton est monté d’un cran à Alger et quelques semaines plus tard, il fut chasser du pouvoir, sa famille traquée pour de multiples chefs d’accusation. C’est dire…

Il convient alors aux manœuvriers maladroits et imprudents de savoir que ni le temps, ni les circonstances, encore moins la majorité des gabonais ou le personnel politique en embuscade, ne plaident en leur faveur. Ils gagneraient à accompagner dignement le chef de l’État au lieu de s’investir dans un projet qui va précipiter leur descente aux enfers. La cupidité a toujours été un défaut mortel en politique.

La manipulation qui a eu cours dans notre pays ne pouvait subsister au temps. Son requiem est en cours de répétition et bientôt il sera chanté. Donc vouloir faire croire qu’il y aura une quelconque suite ou d’autres challenges avec Ali Bongo, c’est non seulement se mentir à soi-même, courir vers le grand danger prévisible mais surtout penser que l’opinion publique n’aurait pas compris cette supercherie au sommet de l’État devenue plus qu’évidente.

Les transgressions au sommet de l’État sont allées tellement loin que plus personne n’entend soutenir ni l’imposture régnante ni la forfaiture établie comme l’aurait dit Gaston Monnerville, le noir qui affronta les manœuvres du général de Gaulle et présida le sénat français pendant plus de deux décennies. La course est plus que jamais ouverte, que les ambitieux se préparent alors. En démocratie, toute ambition politique est légitime.

Par Télesphore Obame Ngomo

Paul Essonne

Journaliste

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