Le débat de Missélé eba’a : Guerre des clans au sommet de l’État

Le président de la République, fragilisé par un accident vasculaire cérébral et un bilan très mitigé après 14 ans d’exercice au sommet de l’État, gagnerait à méditer très sérieusement sur ces paroles des Saintes Écritures qui affirment que « si un royaume est divisé contre lui-même, ce royaume ne peut subsister ».

L’actualité politique dans notre pays est animée, depuis octobre 2018, par les frasques et autres boulettes du premier cercle du pouvoir d’Ali Bongo Ondimba. Trop d’incohérences administratives associées à une ridicule guerre de leadership, à ce niveau de pouvoir, font que les acteurs se disqualifient, eux-mêmes, auprès du peuple mais surtout auprès des partenaires du Gabon.

Cette situation déplorable ne peut que susciter ou ressusciter le débat sur les réelles capacités d’Ali Bongo Ondimba à assumer et à assurer la fonction présidentielle. Le malheur pour ces imposteurs au sommet de l’État est que les Gabonais et les proches du fils d’Omar Bongo Ondimba ont eu le temps de connaître voire de maîtriser son ADN politique avant son AVC. Et 95℅ de ce qui se fait ou se décide actuellement ne ressemblent nullement aux décisions d’Ali Bongo Ondimba avant son nouvel état sanitaire.

C’est dire que ceux qui pensaient cacher un secret ont fait une erreur stratégique fondamentale car, ils n’ont pas pris en compte deux éléments : le temps et le moment de la campagne. La jurisprudence Bouteflika ne pourra nullement s’appliquer au cas Gabon compte tenu de l’histoire politique de notre pays mais surtout du fait de la modification complètement débile des fondamentaux du système et du pouvoir en place.

La garde rapprochée de Bouteflika avait-elle changé après ses AVC?  La réponse est non. L’épouse de Bouteflika ou ses fils se mêlaient-ils, de façon aussi maladroite que grossière, des affaires de la République ? La réponse est non. L’armée et l’administration en général étaient-ils autant méprisées par les gardiens du temple en Algérie? La réponse est non. De ce pas, comment veut-on appliquer la jurisprudence Bouteflika au Gabon là où la maisonnée du Chef de l’État ne cache pas ses maladresses?

A force de chercher le leadership à la tête du Gabon, nombreux autour de la maisonnée du chef de l’État tendent à oublier que le président de la République gabonaise s’appelle encore Ali Bongo Ondimba, malgré son état de santé sensible. En acceptant de faire allégeance à sa maisonnée, c’est le pouvoir d’Ali Bongo Ondimba qui est fragilisé et ses capacités démystifiées.

Cette hyper délégation du pouvoir présidentiel le disqualifie de fait pour les joutes à venir. Car, selon le système laissé par Omar Bongo Ondimba, dont les codes de gestion sont encore d’actualité, cette manière de faire étrange, nouvelle et mauvaise ne correspond à rien qui puisse garantir la pérennité du pouvoir en place.

A cette faute de gouvernance s’ajoute les guéguerres ridicules au sommet de l’État, entre ceux qui considèrent encore Ali Bongo Ondimba comme le président de la République et ceux qui ne prennent leurs instructions qu’auprès de sa maisonnée. Sinon, comment justifier la cabale à l’arme lourde déployée contre la famille Oceni ? A ce niveau de l’incongruité, il  convient de se référer à ce proverbe africain qui dit « si un jeune attaque un vieux, c’est qu’il y a un vieux plus puissant qui se cache derrière lui».

Quel gabonais, par les temps qui courent, oserait quitter ses problèmes quotidiens pour se battre avec le directeur de cabinet du président de la République et le président du Conseil supérieur des affaires islamiques du Gabon sans qu’il ne soit soutenu par des géants hypocrites et lâches au pied d’argile? Qui finance les banderoles et autres tee-shirts dénonçant l’hégémonie des étrangers au sommet de l’État, aujourd’hui symbolisée par la famille Oceni qui, malheureusement a perdu en discrétion et en simplicité ?

Omar Bongo Ondimba disait que « le Gabon est une maison de verres ». Autrement dit, tout ce qui se fait dans les couloirs sombres d’Akébé ou de Venez-voir ne peut rester indéfiniment dans le secret. Surtout que cette guérilla ne semble pas être couverte ou motivée par des convictions profondes et sincères. Sinon pourquoi les nationalistes autoproclamés n’avaient pas soutenu le gabonais musulman qui convoitait la place d’Ismael Oceni Ossa à la tête de l’islam au Gabon?  Pourquoi nos nationalistes autoproclamés n’avaient pas dénoncé la nomination de Mohamed Ali Saliou comme directeur de cabinet du président de la République ?

Plus qu’aux citoyens lambda, la place de la famille Oceni agace et gène ceux qui voient leur pouvoir ou leur considération aux côtés de la décision présidentielle s’amoindrir. Par conséquent, c’est bien du côté du palais présidentiel que la famille Oceni devrait chercher les mains noires, commanditaires de la cabale qu’elle subit.

Une question subsiste tout de même avant toutes analyses : les lâches et hypocrites à la manœuvre sont-ils qualifiés quand on sait que, de sources concordantes, l’un des artisans de cette campagne néfaste à la famille Oceni est un citoyen congolais, revendiquant être le plus proche collaborateur de Noureddin Bongo Valentin. Les archives du CEDOC et l’état civil de l’Angleterre sont formelles. En qualité de quoi, il pense être légitime pour dénoncer la famille Oceni quand lui-même il est le fils d’un ancien agent congolais de la COMUF ?

Le caractère méchant de cet individu innommable ne peut que se justifier par ces secrets mal cachés. Il gagnerait à bien lire les Saintes Écritures qui disent « qui tue par l’épée, périra par l’épée ». La jurisprudence Brice Laccruche Alihanga est désormais inévitable pour ce cas malveillant et nuisible : faux et usage de faux pour ce qui est de son état civil.

Le Pacte d’Eyouga n’a pas empêché Noureddin Bongo Valentin de jeter Brice Laccruche Alihanga en prison. Et dire des complicités ou des secrets communs, ils en ont par millier. Que Ian Ghislain Ngoulou se prépare à déguster la colère de celui qu’il a servi avec zèle. Car, lorsque la maisonnée du président de la République constatera que son bail au Palais présidentiel est plus que jamais incertain, il constituera le bouc émissaire parfait. Aussi, il apprendra que « qui veut aller loin, ménage sa monture ».

Le désordre qui sévit aux côtés du chef de l’État doit s’arrêter. Car, c’est la République qui est sans cesse rabaisser, humilier et enculer comme cela avait été annoncé à Ryad. Au-delà de la dénonciation légitime de l’hégémonie des étrangers incompétents au sommet de l’État, il y a la fonction présidentielle qu’il faut préserver. Les petites batailles de leadership ne sont pas au-dessus de l’image que l’on veut donner à notre pays.

Si le Président de la République ne met pas de l’ordre autour de lui, il est clair qu’il n’aura aucune chance de gagner face à Paulette Missambo, Alexandre Barro Chambrier voire même Mike Jocktane. Aucun royaume divisé ne peut régner. Il subira plus d’émiettement de ses voix que la multitude des candidats de l’opposition. Avec ces situations regrettables à la veille d’une élection présidentielle aussi risquée, il serait fondamentale pour Ali Bongo Ondimba  de faire le ménage sinon c’est une véritable catastrophe qui s’annonce.

Par Télesphore Obame Ngomo

Président de l’OPAM

Paul Essonne

Journaliste

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