Lambaréné: Implication de quatre personnes dans le trafic de dix défenses d’ivoire et une peau de panthère

Dans le cadre d’une opération conjointe menée récemment à Lambaréné, les équipes de la Direction de la Lutte Contre le Braconnage (DLCB), de la Direction Provinciale des Eaux et Forêts du Moyen-Ogooué, et de la Police Judiciaire (PJ), appuyées par l’ONG Conservation Justice, ont procédé à l’arrestation de quatre individus pour trafic d’ivoire et de peau de panthère des espèces intégralement protégés en République Gabonaise.

Durant l’opération, une personne identifiée sous les initiales P.O. avait en sa possession les dix défenses d’ivoire et la peau de panthère qu’il tentait d’écouler illégalement. M.N et M.M qui l’ont aidé à transporter lesdites ivoires dans un véhicule et qui l’attendaient dehors ont aussi été appréhendé par la police.
Pris en flagrant délit de détention illégale de l’ivoire et d’une peau de panthère, et de tentative de vente de ces trophées d’animaux intégralement protégés au Gabon, P.O va citer L.M et M.N comme étant ses complices. Ces derniers seront immédiatement interpellés par les éléments de la PJ et des Eaux et Forêts.

Passant aux aveux lors de l’interrogatoire, M.N va citer D.M comme étant un autre complice de ce trafic des trophées de faune. Comme ce fut le cas avec les autres présumés trafiquants, D.M sera lui aussi interpellé pour être entendu. Les mis en cause ont été immédiatement conduits dans les locaux de la PJ de Lambaréné et gardés à vue en attendant leur déferrement au parquet spécial de Libreville. Cependant, tout au long du déroulement de la procédure, M.N et M.M vont être relâchés. Désormais, ils ne sont plus que quatre présumés trafiquants à être impliqués dans ce trafic de trophées d’espèces intégralement protégées.

Pour avoir détenu, transporté et tenté de vendre de l’ivoire et une peau de panthère sans autorisation préalable de l’administration des Eaux et Forêts, les présumés trafiquants d’espèces intégralement protégées risquent une peine d’emprisonnement allant jusqu’à dix (10) ans et une amende équivalent au quintuple de la valeur du produit saisi conformément aux articles 390 et 398 du Code pénal.

Cette arrestation met à nouveau en lumière la gravité du trafic des espèces de faune et de flore qui persiste à Lambaréné alors que l’administration des Eaux et Forêts, appuyée par l’ONG Conservation Justice mène un combat acharné contre la criminalité environnementale dans cette localité.

En effet, force est de constater un regain du commerce d’espèces intégralement protégées telles que le lamantin, l’hippopotame, le pangolin gérant et l’éléphant pour ne citer que celles-là. Précisons au passage que ces espèces ont un rôle particulièrement important pour les écosystèmes, notamment le lamantin qui favorise l’équilibre des écosystèmes marins en mangeant des herbes, contribuant à leur entretien et régénération. Par ailleurs, les déjections des lamantins sont
consommées par les poissons, ce qui enrichit le milieu et constitue un autre rôle écologique important.

Comme l’hippopotame, cette importance lui est également reconnue dans certaines traditions locales dans lesquelles ces deux animaux sont considérés comme étant sacrés (génie et/ou sirène) avec des cultes qui leur étaient dédiés par le passé. Écologiquement et culturellement, ces espèces ont un double rôle pour la pérennité des poissons et la conservation de certaines traditions.

Malheureusement, le lamantin est en voie d’extinction au niveau mondial. Protégées par la loi au Gabon, ces espèces sont régulièrement vendues ouvertement sur les marchés de Lambaréné. Ce qui pose un problème vis-à-vis du respect de la législation et de la gestion durable des ressources naturelles. Cette évidence, qui peut avoir ses corollaires dans d’autres localités du pays, interpelle sur la nécessité de renforcer les mesures de protection de ces espèces, sachant que leur exploitation fait planer un risque d’extinction de leur population avec des répercussions sur les écosystèmes et donc sur les humains.

Paul Essonne

Journaliste

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *