Le véritable débat, celui qu’on a pas abordé, c’est l’indépendance de la justice . Être 50% gabonais n’est absolument pas un problème. « Le pouvoir sans contrôle corrompt, et le contrôle sans indépendance trahit. »
Je pense que nous cultivons une peur infondée concernant les origines des dirigeants. Après tout, Barack Obama, avec un père kényan, et Nicolas Sarkozy, d’origine hongroise à 100 %, ont tous deux dirigé avec succès des nations puissantes. Ce qui doit véritablement compter, ce n’est pas la question des origines, mais celle de la justice, de son pouvoir de régulation et de l’indépendance des institutions. Car au final, peu importe d’où vient un dirigeant, c’est sa capacité à gouverner dans l’équité et la transparence qui définit son succès.
La justice doit être le contrepoids essentiel au pouvoir pour prévenir les abus et protéger les citoyens. Tant que le président contrôlera les magistrats, tant que les représentants de la loi seront sous son emprise, les mêmes dérives que celles observées sous Ali Bongo Ondimba se reproduiront. Une justice autonome est la garantie d’un équilibre institutionnel où les déviations sont freinées et les abus punis. C’est là que réside le véritable enjeu : construire des institutions judiciaires qui ne sont pas inféodées au pouvoir exécutif, mais qui, au contraire, peuvent agir en toute indépendance pour maintenir l’État de droit.
Prenons des exemples concrets. Idi Amin Dada, 100 % ougandais, a plongé son pays dans une dictature sanglante. À l’inverse, Jerry Rawlings, d’origines mixtes, a su redresser le Ghana grâce à une vision claire et des réformes audacieuses. De même, Mobutu Sese Seko, natif du Congo, a laissé son pays dans un état de ruine, alors qu’Alberto Fujimori, d’origine japonaise, a marqué positivement le Pérou, malgré les scandales qui ont terni la fin de son mandat. Ce qui différencie ces dirigeants, ce n’est pas leur origine, mais l’existence ou l’absence d’une justice capable de réguler et contrôler leurs actions.
Il est donc crucial de poser les bonnes questions. Ne nous trompons pas de débat en focalisant sur les origines des dirigeants. Le véritable défi est d’assurer l’indépendance de la justice pour éviter que les mêmes excès ne se répètent. Tant que la justice est soumise au pouvoir, aucun véritable changement ne peut avoir lieu. Une gouvernance saine repose sur un équilibre des pouvoirs, où le président ne peut abuser de son autorité sans en répondre devant des institutions solides et indépendantes. C’est ainsi que nous devons aborder cette problématique, sous le bon angle.
« Quand la balance de la justice penche du côté du pouvoir, c’est la liberté qui en paie le prix. » – Proverbe africain
Wissy-Eric Boumi
Consultant