Sur l’île de Malabo, capitale de la Guinée équatoriale, les ministres de l’agriculture de toute l’Afrique se réunissent cette semaine pour discuter de solutions à la crise alimentaire croissante, lors d’une conférence organisée par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).
La 32e session de la Conférence régionale de la FAO pour l’Afrique (ARC32) s’est ouverte sur un appel du Sous-Directeur général de la FAO et Représentant régional pour l’Afrique, Abebe Haile-Gabriel, à tirer les leçons de la pandémie de COVID-19 pour déclencher une action urgente au niveau national.
« Collectivement, nous avons appris à faire les choses différemment, à passer au numérique comme jamais auparavant, et à forger rapidement de nouveaux partenariats pour surmonter les menaces. Cette même agilité et ce même esprit de collaboration sont nécessaires aujourd’hui pour la pandémie silencieuse de pauvreté, de faim et de sous-alimentation et d’extrême vulnérabilité aux chocs en Afrique », a-t-il déclaré.
Plus de 50 ministres des gouvernements des pays membres africains participent à la conférence hybride, ainsi que des représentants des pays observateurs, de l’Union africaine, des organisations donatrices, de la société civile et du secteur privé. Des centaines de délégués se joindront aux sessions Zoom au cours des quatre prochains jours, et beaucoup d’autres suivront la diffusion en direct sur Internet.
« Nous devons travailler ensemble pour échanger nos expériences afin de faire face ensemble à ces difficultés », a déclaré Francisca Eneme Efua, Ministre de l’agriculture, de l’élevage, des forêts et de l’environnement de la République de Guinée-Equatoriale et présidente de l’ARC32. « Cette conférence nous offre une occasion exceptionnelle de traiter les problèmes auxquels l’Afrique est confrontée. Je demande à toutes les délégations de « tout mettre sur la table » afin que nous puissions parvenir à un consensus ministériel », a-t-elle déclaré.
Une crise de la faim qui s’aggrave
Avant même la pandémie de COVID-19, on comptait plus de 280 millions de personnes sous-alimentées en Afrique. En 2020, la région a enregistré la plus forte augmentation de la prévalence de la sous-alimentation – couvrant 21 pour cent de la population, soit plus du double de toute autre région.
Une sécheresse dévastatrice dans la Corne de l’Afrique a mis à genoux de nombreuses familles rurales et a déclenché des alertes de famine potentielle en Somalie.
L’insécurité alimentaire aiguë au Sahel et en Afrique de l’Ouest a presque quadruplé entre 2019 et 2022 – passant de 10,8 millions de personnes en 2019 à 40,7 millions de personnes en 2022, et des millions d’autres risquent de glisser vers des niveaux de crise de la faim.
La flambée des prix des denrées alimentaires et les tensions sur l’approvisionnement alimentaire dues à la crise entre la Russie et l’Ukraine risquent de faire sombrer davantage de personnes dans la faim en Afrique.
Dans un article d’opinion publié à l’approche de la conférence, le Directeur général de la FAO, Qu Dongyu, met en garde contre le manque de temps. « Sans des efforts extraordinaires de la part de chaque pays africain, il sera difficile de répondre aux aspirations et aux cibles des Objectifs de développement durable », a-t-il écrit.
Le Directeur général s’exprimera en personne lors de l’ouverture de la session ministérielle mercredi, et le Président de la Guinée équatoriale ouvrira officiellement la session.
Les quatre améliorations en point
La Conférence régionale est l’organe directeur suprême de la FAO en Afrique. Au cours des quatre prochains jours, les délégués de toute l’Afrique vont délibérer et fournir des orientations sur les priorités régionales en matière de transformation des systèmes agroalimentaires en Afrique.
Les discussions s’appuient sur le Cadre stratégique de la FAO 2022-2031, qui soutient l’Agenda 2030 par la transformation vers des systèmes agroalimentaires PLUS efficaces, inclusifs, résilients et durables pour une meilleure production, une meilleure nutrition, un meilleur environnement et une meilleure vie, sans laisser personne de côté.
Les délégués participant à la première journée de la Conférence ont discuté de l’élaboration par la FAO de nouvelles stratégies en matière de science et d’innovation, et de changement climatique.
Les points forts des prochains jours comprennent une session spéciale de partage d’expériences entre les pays sur les solutions pour une meilleure production, une meilleure nutrition, un meilleur environnement et une meilleure vie, et le lancement avec l’Union africaine de nouvelles directives d’investissement sur les jeunes dans les systèmes agroalimentaires.
La Conférence se termine le jeudi 14 avril.