Il ne peut y avoir d’absolution sans repentance préalable(Le billet sarcastique de Serge Abslow)

1. Les faits mis en lumière par le coup d’état du 30 août 2023, ont clairement permis de se faire une idée de l’ampleur du scandale financier qui s’est déroulé au Gabon au cours des 14 dernières années. Selon les chiffres qui circulent et dont on n’a aucune confirmation officielle, on aurait retrouvé plus de 500 milliards de nos francs dans les maisons des personnes interpellées.

2. Le très sérieux journal Libération nous apprend dans son édition d’hier que près de 304 millions d’euros en liquide, soit 200 milliards de francs CFA, auraient été trouvés dans les résidences de Sylvia Bongo. Ces 200 milliards sont-ils en sus des 500 milliards? Quoiqu’il en soit, c’est plus que scandaleux, c’est choquant, c’est hallucinant et c’est tristement immoral.

3. Un tel niveau de prédation, on n’est plus dans l’ordre du simple vol, est tout simplement inhumain. Accaparer les richesses d’un pays pour le bénéficie d’une seule famille, ne relève plus du simple crime économique. Il s’agit de ce que #Grégory_Ngbwa_Mintsa qualifiait de « crime patrimonicide ». C’est à dire un crime économique dont la conséquence est d’hypothéquer durablement le patrimoine de tout un peuple et son avenir.

4. Saisir 500 milliards en liquide dans des cantines, valises, sacs et coffres forts… chez des individus, est révélateur du niveau de folie qui s’était emparé de nos dirigeants depuis l’Avc d’Ali Bongo en 2018. Si de 2009 à 2018, les pratiques budgétaires et financières respectaient encore quelques procédures et normes, nous devons admettre que depuis 2018, nous sommes passés en mode roue libre.

5. Et c’est parce que ces pratiques ont été si constantes et si largement partagées, vulgarisées, presque encouragées, dans les communautés politique, administrative, et des affaires, qu’il faut y regarder de plus près pour en connaître toute l’ampleur. Nous ne pouvons pas passer par pure perte et profit ces crimes économiques devenus des crimes patrimonicides.

6. Cette notion trouve ici tout son sens et révèle toute sa dramaturgie car, jamais dans l’histoire de notre pays, des gouvernants n’avaient été autant indélicats, autant insatiables, autant budgétivores, pour déposséder tout un peuple du patrimoine destiné à assurer son bien-être. Le crime patrimonicide dont se sont rendus coupables ces gabonais, doit être puni à la hauteur du malheur et de la douleur qu’il a engendrées.

7. Les voix qui s’élèvent pour demander l’absolution de ces criminels sont autant immorales que ces criminels. Cette demande ne peut qu’émaner de gens qui ont tiré profit de cette criminalité d’état dont la conséquence est d’avoir hypothéqué le présent et l’avenir de plusieurs générations de nos compatriotes. L’absolution ne saurait être la réponse à un tel crime.

8. Même en religion, l’absolution n’est possible qu’après la confession des péchés. Si nous nous efforçons de vivre en accord avec l’Évangile, c’est le fait de reconnaître ses péchés qui mène à « la tristesse » et c’est de cette flétrissure intérieure que naît le processus de  «repentance ». « L’indulgence plénière » ne peut s’obtenir que par la confession, la repentance et le renoncement à son péché.

9. Demander de pardonner simplement à ceux qui ont fait tant de mal, individuellement et collectivement, sans avoir la certitude profonde qu’ils ont fait amende honorable par une repentance publique et sincère, ne nous convaincra pas qu’ils ne recommenceront pas demain. Une telle demande est indécente. Elle est même méprisante a l’égard de tant de victimes.

10. Oui, le pardon est nécessaire pour renaître et repartir du bon pied. Mais il ne sera possible que dans le cadre d’une « Commission Vérité et Réconciliation ». Autrement, malgré la volonté de réinventer un nouveau vivre-ensemble, l’absence de cette thérapie du pardon alimentera une légitime envie de vengeance. C’est le seul cadre de réconciliation qui  panserait nos plaies et atténuerait notre rancœur.

SARCASTIQUEMENT VÔTRE!

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