Génération 70-80 : La nostalgie du temps passé.

L’être humain recèle toujours une certaine nostalgie. La nostalgie, justement parce que le temps a et est passé, nous plonge dans la constatation que l’instant vécu au présent, on ne le vivra jamais plus. On le vit pleinement et en le vivant, il passe aussi hors du présent pour se conjuguer au passé. C’est pourquoi l’instant vécu, même s’il passe et se voit dépassé́, n’est jamais entièrement perdu. Il vient habiter la mémoire, là où la réminiscence peut toujours rappeler le passé au présent dans l’expérience du souvenir. La preuve :

« Je suis né dans les années 70, j’ai grandi influencé par les années 80-90. J’ai connu l’année blanche, l’avènement du multipartisme, Mba Abessolo chef de file de l’opposition, Came la classe Premier ministre, les collèges respectivement Saint-Gabriel de Mouila, Saint-Dominique  de Moanda, Raponda Walker, et Notre-Dame de Quaben, la bourse au trimestre avec une moyenne de10/20, la compagnie national Air Gabon, Barbier, l’Octra, Sotravil,  les visites au Gabon de Nelson Mandela, Michael Jackson, du pape Jean Paul II et Bob Marley avant lui. Djo Balard avec le lino de pepito, la mode des vêtements amples appelé « ventilos », Bata. Les chaussures Stan Smith,  Vans, mocassins,  Air Jordan, College, Chine en deuil,  Torsion, etc… On a même veillé pour regarder la NBA de Michael Jordan et Magic Johnson, deux icônes sportives qui, comme Platini, Maradona, Roberto Baggio, Gullit, Van Basten, Carl Lewis, Agassi, Sotomayor, Prost, Ayrton Senna, Mike Tyson, Jackson Richardson, Pascal Gentil, Mocktar Doumbia ont influé sur nos choix de sport à pratiquer. Les basketteurs de la Dream Team et les catcheurs de la WWF (Hulk Hogan, Guerrier  Ultime, Bad news Brown, Rick Rude, Jack le Snake Robert, les Rockers) faisaient partie de nos héros. Tout comme Bruce Lee, Sylvester Stallone (Rambo), Chuck Norris, Schwarzenegger, Jacky Chan, Tom Cruise ou Rocco Siffredi. Comme Samantha Fox, Sabrina, Madonna, Naomi Campbell, Pamela Anderson concentraient la majorité des fantasmes masculins.

Mc Hammer, Naughty by nature, Lysa Stansfield, Mc Solaar, Shaba Ranks, Snoop, Tupac, Notorious Big faisaient mal en boîte de nuit. Montagne Sainte et Louis étaient les sièges de la bonne ambiance, sans violence. L’aventure mystérieuse de Patrick Nguema Ndong nous gardait en haleine tous les soirs.

Les compétitions OGSSU ou interclasses, les concours de danse, la proclamation des moyennes de fin d’année devant l’ensemble du lycée étaient des moments de gloire. La bourse, les campagnes de vaccination gratuites dans les établissements et les BST, des acquis.

J’ai assisté à la naissance de la Démocratie, la conférence nationale….

Nous avons été la dernière génération qui a grandi en jouant dans les rues, nous avons été les premiers à jouer aux jeux vidéo, nous avons été les derniers à enregistrer des chansons sur des radios-cassettes et nous étions fiers de notre walkman sur piles !

Nous sommes la génération qui cotisait 5 000 francs CFA pour s’éclater en boite ou dans les booms. Pour déclarer notre amour, on écrivait une lettre ou on envoyait une amie.

Nous avons aussi appris à programmer les VCR avant les autres, nous avons joué à ATARI, SEGA et Nintendo puis nous avons eu notre 1er GAMEBOY et on pensait à l’éteindre pour économiser les piles. Les parties de baby-foot, de flipper, de billes ou de foot occupaient une bonne partie de notre temps de loisirs. Et on se  »shootait » au jus de fruit (Coca, Fanta, limonade, Sprite).

Nous sommes la génération des Candy, Goldorak, Belle et Sébastien, Spectreman, Power Rangers, les Cités d’or, Tortues Ninja, Rahan, Akim ou Zambla. Mais aussi des Dynastie, Dallas, le Nord et le Sud, Top models, Beverly Hills, Baywatch… Elle celle qui dormait ou se réveillait accompagné de la musique slow (Phil Collins, Elton John, Lionel Richie, Goldman, Gloria Estefan, Withney Houston, Mariah Carey, Michael Bolton, Kenny G, Boyz II men) ou zouk love (Kassav, Éric Virgal, Phil control, Mazout, Houria, etc.)

Nous avons voyagé en auto sans attacher la ceinture et sans airbag. Nous n’avions pas 99 chaines de télévision, ni d’écran plat/géant, ni de mp3, IPods, Facebook n’existais pas et je vous assure que l’on en avait des ami(e)s et des vrais même, pour connaître la vie des stars on achetait les magazines on n’avait pas Twitter.

Quand on voulait jouer avec un ami, on allait frapper à sa porte sans se servir du téléphone, et on rentrait à l’heure pour ne pas que les parents s’inquiètent (mais surtout pour éviter la petite engueulade voire la grosse fessée).

On se posait 1000 questions devant un gsm qui pesait 1 kilo, on apprenait à frapper à la machine à écrire et à économiser le papier et l’encre, les pc ? Internet ? On ne connaissait pas ! On se parlait en réel et non en virtuel, comme c’était le bon temps !!!  La belle époque. Que de nostalgie !!!! »

Force est de reconnaitre, que le temps est un pivot autour duquel s’organisent nos vies dans toutes leurs facettes. Mais si le temps de l’horloge ou du calendrier est le même pour tous, il peut sembler passer plus vite ou plus lentement. Le contexte joue un rôle fondamental sur par exemple la musique et les couleurs. De même l’utilisation des termes sémantiques pour parler du temps affecte notre perception du temps qui s’écoule, tout comme le type d’activité exercée. Enfin elle est largement liée à l’individu : son âge, son sexe, sa culture.

Paul Essonne

Journaliste

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