Gabon : Vers une industrialisation du cinéma.

Initié par le ministère de la Communication, le Grenelle du cinéma gabonais, est une concertation inédite par son ampleur et ses modalités. Son organisation, en croisant les regards et en permettant un dialogue riche, a impulsé une réflexion de fond sur le potentiel du cinéma gabonais qui reste largement inexploité en dépit de l’augmentation significative de la production indépendante. 

L’œuvre cinématographique, en plus d’être une œuvre artistique, est un produit économique issu d’une filière de production, de sa conception jusqu’à sa consommation. Au Gabon, la filière est à repenser dans sa globalité en appréhendant le cinéma en terme industriel à tous les stades : production, distribution, exploitation/diffusion. Cette économie illustre bien que le contrôle des recettes et la régulation du marché constituent des préalables indispensables au développement et à l’épanouissement du commerce, elle-même trépied d’une industrie qui, par ailleurs, peut quelquefois produire des œuvres d’art.

En effet, le cinéma est souvent désigné comme le septième art. Car, une œuvre cinématographique est le fruit d’un travail de création artistique qui passe notamment par l’écriture puis par la mise en images d’un scénario. Mais le cinéma est aussi une industrie. Il appartient en l’occurrence, au même titre que la musique ou que l’édition, aux industries culturelles dont l’objet principal est la production et la commercialisation de biens, de services et d’activités qui ont un contenu culturel, artistique ou patrimonial. Ces biens et services sont protégés par la législation en matière de propriété intellectuelle. Ils sont par ailleurs caractérisés par une forme extrême d’économies d’échelle, à savoir des coûts fixes élevés pour leur conception mais des coûts variables relativement faibles pour leur reproduction, avec des nuances selon le support ou le canal choisi pour leur diffusion. Leur rentabilité exige dès lors une production ou une diffusion de masse.

Aujourd’hui, de nombreux observateurs parlent d’un renouveau des cinéastes et producteurs gabonais tels que Samantha Biffot, Anselm Mfa, Nelly Belval. Mais qu’en est-il réellement ? Au Gabon, la production et la consommation de films locaux restent faibles. Cette carence de longs métrages trouve son origine dans la contradiction entre les coûts élevés de la production cinématographique et la faible capacité d’amortissement du marché national. L’étroitesse du marché constitue en effet un handicap historique pour le développement du cinéma dans le pays. Malgré l’étroitesse du marché, gageons que les pouvoirs publics renforcent leur politique de soutien à l’industrie cinématographique, et plus particulièrement à la production et à la distribution, s’appuyant sur l’idée que ce secteur peut être vecteur d’emplois.

Serge Kevin Biyoghe

Rédacteur en Chef, Journaliste-Ecrivain, Sociétaire de la SCAM (Société Civile des Auteurs Multimédias), membre de la SGDL (Société des Gens De Lettres), membre du SFCC (Syndicat Français de la Critique de Cinéma), membre de l'UDEG (Union Des Écrivains Gabonais).

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