Gabon/ Les chiffres de l’année 2017, sur la lutte contre le braconnage..

La lutte contre le braconnage et le trafic des espèces protégées reste actif au Gabon. Malgré une intensification apparente du trafic et une loi non favorable à la lutte à  cause des peines faibles prévues par la loi, les acteurs du combat en faveur de la faune restent mobilisés.

Le projet AALF (Appui à l’Application de la Loi sur la Faune), développé par l’ONG Conservation Justice et le Ministère des Eaux et Forêts est la preuve de la mutualisation des efforts voulue et rendue possible par ces différents partenaires. C’est sans doute à travers ce projet que l’on mesure au mieux l’évolution de la lutte contre le braconnage et le trafic des espèces protégées, en l’occurrence l’éléphant et la panthère, menacés d’extinction par l’action de l’Homme.

Le bilan du projet AALF est probant. Deux chiffres le montrent: 96 personnes arrêtées en 2017 à la suite de 49 opérations. Ces 96 personnes ont toutes été prises en flagrant délit de détention, transport et/ou commercialisation d’ivoire, 65 personnes, et de peaux de panthère, 31 personnes. Mais il faut fixer à 100 le nombre de personnes interpellées puisque quatre autres cas, 2 d’ivoire et 2 concernant le trafic de chimpanzé ont été suivis par l’ONG Conservation Justice.

En matière de décisions de justice, il faut indiquer que 69 personnes ont été condamnées à une peine  de 143 jours en moyenne (163 jours si on ne considère pas les 15 cas en appel), 21 personnes sont en attente de jugement, 8 ont été relaxées et 2 ont été libérés à cause d’une transaction réalisée par les Eaux et Forêts.

Cela nous amène à rappeler que les décisions de justice sont globalement favorables. La peine maximale prévue par la loi étant de six mois de prison ferme, les juges ont régulièrement dit la loi dans toute sa rigueur faisant face à l’évidence du flagrant délit. Il y a évidemment quelques disparités selon les provinces.

La Ngounié et l’Estuaire ont prononcé les peines les plus faibles. Sur 13 personnes arrêtées dans l’Estuaire, 10 ont été jugées et condamnées avec une moyenne de 99 jours de prison. Dans la Ngounié, 17 personnes ont été arrêtées et pour  l’instant 13 ont été condamnées à une peine de prison moyenne de seulement 78 jours. Dans l’Ogooué-Ivindo, 26 personnes ont été arrêtées et seulement 7 condamnées à 107 jours en moyenne, 2 personnes relaxées alors que 17 cas sont en attente de jugement. Dans le Haut-Ogooué, 19 personnes ont été condamnées et 3 personnes ont été relaxées sur 22 arrêtées, les condamnations moyennes étant de 180 jours.  Sur 8 personnes arrêtées dans le Moyen-Ogooué, 7 ont été condamnées à 180 jours. Dans l’Ogooué-Lolo comme dans l’Ogooué-Maritime, une seule personne arrêtée et condamnée à 180 jours de prison. 12 personnes ont été arrêtées dans le Woleu-Ntem et 11 ont été condamnées à 185 jours, une dernière étant en attente de jugement.

En comparaison, les peines de prison maximales pour trafic de faune sont de 5 ans au Congo, 3 ans au Cameroun, et jusqu’à dix ans au Bénin. Le Gabon est donc un « paradis » pour les trafiquants et les braconniers qui ne risquent donc pas grand-chose  en tuant et mutilant un éléphant ou une panthère.

Pour ce qui est des quantités,  au total 371 kg d’ivoire, ainsi que 31 peaux de panthère ont été saisis par les autorités avec l’appui du projet AAF.

Thierry Mebale Ekouaghe

Directeur de publication, membre de l'UPF (Union de la Presse Francophone) section Gabon, Consultant en Stratégie de Communication, Analyste de la vie politique et sociale, Facilitateur des crises.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *