A quand l’insertion totale des ouvrages des auteurs gabonais dans le système éducatif de notre pays, lorsqu’on sait que la majorité des auteurs au programme sont d’origine étrangère ?
Le système éducatif gabonais comprend trois niveaux : il y a d’abord l’enseignement primaire qui se solde au bout de six ans par un concours d’entrée en 6e, puis l’enseignement secondaire constitué d’un cycle court de 4 ans soldé par le brevet d’études du premier cycle (BEPC) suivi d’un cycle de 3 ans ponctué par l’obtention du baccalauréat, et enfin il y a l’enseignement supérieur auquel participent des universités et des grandes écoles.
Ces différents parcours académiques nécessitent une attention particulière des programmes annuels pour la réussite des élèves. Mais pourtant, de nombreux auteurs gabonais manquent à l’appel dans les établissements scolaires. Au primaire par exemple, les enfants ont encore pour poème « la Cigale et La fourmi de LAFONTAIRE », « Le Corbeau et le Renard » du même auteur, et bien d’autres auteurs étrangers, qu’on impose aux enfants, comme s’il n’y avait pas de poètes gabonais. C’est la même chose, avec les mêmes récitations tous les ans depuis des dizaines d’années.
On se souvient qu’en 2010, le ministre de l’Education nationale de l’époque Séraphin Moundounga avait pris l’engagement devant les auteurs gabonais et les éditeurs des œuvres qui portent sur le Gabon d’insérer dans le programme pédagogique leurs œuvres littéraires et autres ouvrages. Onze ans plus tard, force est de constater que la littérature du Gabon et ses auteurs sont toujours marginalisés par manque de conviction patriotique.
De l’autre coté du Ntem, au Cameroun voisin, la littérature participe à la connaissance de son identité culturelle, et donc occupe une place de choix dans l’éducation. Dans son allocution, l’écrivaine camerounaise Stella Engama déclare du Gabon : « les hommes de lettres de ce pays ne nous sont pas encore parvenus comme nous est parvenu Henri Lopes, Sony Labou Tansi, Amadou Kourouma, Ken Bugul ». Face à cette déclaration, l’on peut croire que la littérature gabonaise n’est pas très appréciée au Gabon, mais aussi en dehors et par conséquent, elle n’existe pas.
Pourtant la littérature gabonaise existe et elle vit .On connait des auteurs tels que les pionniers Raponda Walker, Tsira Ndong, d’autres qui ont suivi notamment Jean Divassa Nyama, Moise Ella Abessolo, Emile Koumba, Justine Mintsa, Angele Rawiri, Vincent De Paule Nyonda, et des auteurs modernes comme Serge Kevin Biyoghe et Narcisse Eyi, pour ne citer que ceux-là. Une façon de démontrer que la littérature gabonaise a sa place dans notre système éducatif, culturel, politique et social.
En somme, il faut que nos dirigeants arrêtent de penser que l’herbe n’est verte que chez le voisin, pour dire que nous aussi Gabonais nous serions capables de produire des livres de science, d’histoire, des mathématiques, de philosophie, de métaphysique et bien d’autres encore. Un célèbre penseur a dit « connais-toi toi-même », qui peut se traduire par le fait d’apprendre aux enfants qu’il existe une littérature gabonaise, de les inciter à aimer et à apprécier cette littérature.