Gabon : La liberté de la presse mise à mal.

Malgré sa 94e place au classement de Reporter sans frontière (RSF), le Gabon a vu la liberté de la presse reculé en 2023, mise à mal par les dirigeants de nombreuses institutions. On craint que la détérioration ne se poursuive.

La liberté de la presse n’a jamais été aussi mal en point qu’aujourd’hui. Pourtant, les médias sont un pilier de la démocratie. En effet, les tenants du pouvoir mettent leurs appareils législatifs au service d’une répression des journalistes et exploitent le manque de transparence et de régulation des médias privés. Au Gabon, de nombreuses menaces systématiques ont fait reculer la liberté des médias en 2023. La pression politique et économique demeure l’une des principales menaces pour la liberté et le pluralisme des médias. Même que les autorités en charge du contrôle des médias ne sont pas indépendantes de toute influence politique.

En effet, la fréquence et l’impact des poursuites stratégiques contre la mobilisation publique sur les journalistes et les médias suscitent de plus en plus d’inquiétudes. La liberté et le pluralisme des médias, la sécurité et la protection des journalistes, la liberté d’expression et l’accès à l’information, ainsi que le respect des lois sur les médias au Gabon sont en danger. Car, les journalistes qui enquêtent sur des questions très sensibles du point de vue du pouvoir risquent leur vie ou, a minima, s’exposent à des actes de harcèlement, intimidations, menaces.

Ces atteintes à la liberté de la presse ne sont pas nouvelles. Elles font partie intégrante du système politique gabonais, après une parenthèse très intéressante dans les années 1990 avec l’arrivée du multipartisme lorsque les journalistes ont découvert une grande liberté dans leur métier. Cependant, les conquêtes en termes de liberté de la presse des années 1990 sont restées fragiles et très dépendantes de la propriété des organes de presse.

Le recul de la liberté de la presse au Gabon devrait se poursuivre, en l’absence d’orientation forte du Gouvernement, qui a l’obligation de respecter le droit à la liberté d’expression, consacré par l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Vivement, l’adoption d’une loi forte sur la liberté de la presse afin d’inverser la tendance.

Serge Kevin Biyoghe

Rédacteur en Chef, Journaliste-Ecrivain, Sociétaire de la SCAM (Société Civile des Auteurs Multimédias), membre de la SGDL (Société des Gens De Lettres), membre du SFCC (Syndicat Français de la Critique de Cinéma), membre de l'UDEG (Union Des Écrivains Gabonais).

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