Toute la presse s’en fait les gorges chaudes : la sentence arbitrale CCI obtenue par le Groupement Santullo Sericom Gabon au terme d’un long combat judiciaire, a été annulée par la Cour d’Appel de Paris. Le quotidien l’Union évoque même « la deuxième mort de Santullo », sous-entendant que mon mari avait ressuscité. Voilà bien votre seul point commun.
Désormais, avec un parfum de victoire, le loup sort du bois. Les journaux à votre solde fanfaronnent : « le président avait choisi de mettre en place à la fin de l’année 2016 une cellule d’investigation à la présidence, confiée à son aide de camp d’alors, Arsène Emvahou. »
Belle démonstration du mépris de la séparation des pouvoirs où l’exécutif se mêle au judiciaire. Immixtion jusque dans les instances judiciaires européennes où Arsène Emvahou a même pu interroger Guido Santullo, en votre nom, mais sous couvert d’une prétendue mission auprès de l’Agence Judiciaire de l’Etat.
Mais clarifions les choses sur le déroulement de cette affaire commerciale dont vous avez fait une affaire personnelle. Début 2015 le Groupement Santullo Sericom Gabon n’a eu de cesse d’attirer l’attention des pouvoirs publics sur les difficultés occasionnées par les défauts de paiement de l’Etat et ses répercussions sur l’avancement des chantiers d’envergure qui lui avaient été confiés. Face au silence des autorités et à leur absence de réaction, Guido Santullo vous a adressé une lettre le 6 juin 2015 par laquelle il vous annonçait publiquement être contraint d’arrêter les travaux et saisir les Instances Internationales en vue de recouvrer sa créance. Dès lors, les premières pressions poignent et les démarches en vue d’un arbitrage CCI sont engagées. Pour garantir sa créance, le Groupement Santullo Sericom Gabon saisit l’immeuble situé 49 et 51 rue de l’Université à Paris acheté en 2010 par l’Etat gabonais pour 100 millions d’euros et pour lequel au moins 25 millions d’euros de travaux ont été réalisés. Selon la justice française, vous Président Ali Bongo Ondimba, avez des intérêts personnels dans cet hôtel particulier utilisé « à des fins privées ».
Voilà comment un litige commercial se transforme en affaire privée.
Un premier accord intervient sous la pression en octobre 2015, prévoyant le règlement d’une partie des arriérés contre la poursuite des travaux, notamment ceux de la route Mouila N’Dendé dont vous vous étiez fait une priorité. Guido Santullo avait accepté de reprendre ces travaux dont moins de 10%, seulement, étaient payés en 2015. Aucun paiement n’interviendra jamais par la suite…
En 2016, des pseudos-négociations ont lieu mais les conditions inacceptables proposées ne permettent pas d’aboutir à un accord. Elles visaient notamment à soustraire tous les contrats du Groupement Santullo Sericom Gabon à la compétence des instances arbitrales CCI, et de ce fait le priver de la garantie obtenue sur l’hôtel particulier parisien.
Pendant ce temps, la campagne présidentielle 2016 battant son plein, vous n’avez eu de cesse de vanter la reprise des travaux de la route Mouila N’Dendé et la bonne qualité des travaux réalisés dont le fleuron est le pont de Mayumba, à force de publications officielles tant dans la presse écrite que télévisuelle.
Ces mêmes réalisations que vous vous targuez aujourd’hui de ne plus avoir à payer. Début 2017, après être parvenu à vous maintenir au pouvoir, et amer de l’échec de n’avoir pu arracher un accord au Groupement Santullo Sericom Gabon, vous lancez l’opération Mamba dans le but de l’anéantir.
L’opération Mamba, sur laquelle se base la Cour d’Appel de Paris pour décrire un « faisceau d’indices » a débuté par l’arrestation de l’ancien Ministre Magloire Ngambia et à sa mise en détention préventive. Curieusement et aussi invraisemblable que cela puisse paraître, cette opération hypermédiatisée n’a débouché sur aucun procès. Seules trois transactions pénales, dont pourtant la conclusion n’est pas autorisée par le Code pénal gabonais, ont été signées permettant ainsi aux deux mis en cause de mettre un terme à leur détention, définie comme arbitraire par le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’Homme, contre la reconnaissance de corruption passive et la restitution d’une somme de 3,4 milliards de francs CFA.
Le « faisceau d’indices » relevé par la Cour d’Appel de Paris, tient en premier lieu d’éléments d’appréciation des marchés objets de la sentence arbitrale et signés par 13 dignitaires gabonais dont Monsieur Magloire Ngambia.
En second lieu, la Cour d’Appel de Paris relève que le rapport de l’Agence Nationale d’Investigation gabonaise (ANIF) du 17 mai 2017 mentionne des versements de sommes d’argent sur le compte de Magloire Ngambia ouvert auprès de la banque BGFI pour un montant total de 4.183.000.000 FCFA, dont il n’a jamais été prétendu qu’ils avaient un lien avec notre Société. Plus loin la Cour d’Appel relève que le Groupement Santullo Sericom Gabon reçoit des paiements du Trésor Public et effectue des retraits en espèces importants.
L’ANIF avait pourtant indiqué ne relever aucun lien entre Monsieur Magloire Ngambia et le Groupement Santullo Sericom Gabon. De plus, les règlements en espèces sont normaux et légitimes pour rémunérer les centaines de personnes affectées aux travaux et pour gérer les chantiers situés en Province.
La cour d’Appel de Paris se fait abuser en décelant un indice de corruption dans ces mouvements, alors qu’aucun lien ne peut raisonnablement et objectivement être fait entre les versements sur le compte BGFI et le Groupement Santullo Sericom Gabon. L’ANIF mentionne d’ailleurs que ces versements en espèces « peuvent provenir de détournement de fonds (paiement du trésor effectués en espèces) ou de corruption ». La première thèse aurait dû être examinée, car le compte en question a également reçu, en plus des espèces, quelques 2,6 milliards de francs CFA en provenance du Trésor Public. Aucun lien n’a jamais été établi entre les virements provenant du Trésor Public et notre Société.
L’ANIF indique n’avoir pu vérifier cette thèse car BGFI BANK, tout comme la Direction Générale de la Comptabilité Publique et du Trésor ne lui ont pas fait parvenir les documents demandés. Le 1er août 2017 un autre rapport mentionne à nouveau des difficultés dues à l’absence de collaboration de BGFI BANK et du TRESOR PUBLIC. Rappelons que BGFI BANK est la banque qui reçoit les recettes pétrolières du Gabon et dont votre sœur, Pascaline Mferri Bongo Ondimba, est membre du Conseil d’Administration.
Le Groupement Santullo Sericom Gabon, contestant inlassablement être à l’origine de ces versements en espèces, a saisi le Juge de référé de Libreville pour demander que BGFI transmette la documentation relative à ces mouvements de compte. Tout comme la démarche de l’ANIF est restée lettre morte, la requête du Groupement Santullo Sericom Gabon a été rejetée.
Pourquoi donc BGFI BANK n’a-t-elle pas été interrogée alors que des versements en espèces de sommes prodigieuses ont été faites sur ce compte en violation flagrante de la Réglementation CEMAC ? Pourquoi ce compte reçoit-il des dividendes de BGFI Holding à hauteur d’environ 1,5% de son capital ? Pourquoi les notaires vers lesquels ont été transférés ces avoirs, notamment Maître Relongoué dont des virements ont été identifiés en 2010 et 2011 pour 1,396 milliards de francs CFA, n’ont pas daigné répondre à l’ANIF ?
Pourquoi les auteurs des retraits en espèces sur ce compte BGFI, dont certains cadres de l’administration publique, notamment Nina Abouna si prolixe pour tenter d’accréditer la thèse de la corruption, n’ont pas été inquiétés par l’opération MAMBA alors qu’ils sont susceptibles d’être inculpés pour blanchiment d’argent ?
Cette omerta n’a qu’un but : cacher la vraie nature des crimes et faire passer le Groupement Santullo Sericom Gabon pour le corrupteur.
L’enquête gabonaise a été entravée et altérée, démontrant une volonté manifeste de ne pas suivre les flux financiers, depuis leur départ du Trésor Public, leur passage sur le compte BGFI de Monsieur Ngambia et leur versement au destinataire final.
Ces éléments douteux et boiteux n’étant pas suffisants pour mettre en cause le Groupement Santullo dans cette sale affaire, il fallait poursuivre la construction du « faisceau d’indices ».
Le chauffeur gabonais de Guido Santullo est arrêté, emprisonné de longs mois et fréquemment interrogé. Au gré des procès-verbaux d’interrogatoires, parmi lesquels des faux apparaissent, au long des semaines de détention, la fable se construit. Celle d’un sac Louis Vuitton dont on n’a pas vu le contenu mais dont on prétend néanmoins savoir qu’il est rempli de billets ! L’infortuné chauffeur parvient miraculeusement à franchir les services de sécurité d’un ministre en exercice et déposer à son bureau et en son absence, le fabuleux sac Louis Vuitton devenu emblématique.
Ce même chauffeur, qui au demeurant n’a jamais comparu devant un Tribunal pour les faits de corruption qu’il affirme avoir commis, parvient à relier Monsieur Christian Capito à « l’affaire Santullo » en prétendant lui avoir remis une somme de 7 millions de francs CFA et affirmant que Monsieur Capito avait séjourné dans l’hôtel de Monsieur Santullo en Italie.
Monsieur Capito, détenu à la prison de Libreville pour des faits n’ayant aucun lien avec le Groupement Santullo Sericom Gabon, n’a jamais mis les pieds en Italie, pas plus que sa famille. Tout comme Monsieur Ngambia, il était détenu de façon arbitraire et contraire aux Droits de l’Homme. Il signe alors, contre sa libération, une transaction pénale tout aussi contraire au Code pénal gabonais que les deux précédentes et, pour que cesse sa détention arbitraire et sans procès qui dure depuis plus de quatre ans, est contraint de reconnaître une culpabilité pour de soi-disant faits de corruption passive dans l’attribution des marchés signés avec le Groupement Santullo Sericom Gabon. Monsieur Capito n’a pourtant pas participé ni à l’étude, ni à l’attribution, ni à la signature desdits marchés. N’ayant pu bénéficier d’un procès équitable, on peine à comprendre la motivation de la détention abusive qu’il a subie.
Toutes ces fabulations et récits extraordinaires forcent à présumer qu’il existe, dans la prison de Libreville, un passage secret tout droit sorti de l’univers fantastique de Lewis Carroll où les protagonistes portent des billets qu’ils n’ont jamais portés ni vus, ou foulent le sol de pays qu’ils n’ont jamais visité. Mais dans les geôles gabonaises, contrairement au récit imaginaire du fameux écrivain, Alice ne découvre pas le pays des merveilles, mais se rend au royaume des horreurs.
Voilà comment se construit un « faisceau d’indices » basé sur le mensonge, l’affabulation et la dissimulation qui a trompé la Cour d’Appel de Paris.
Quant aux éléments postérieurs à la sentence et notamment la procédure en Suisse, celle-ci est actuellement en cours d’instruction et n’a pas permis de dégager de conclusion ni d’étayer le moindre soupçon au-delà des prétendus « aveux » de Monsieur Ngambia, depuis quatre ans que le magistrat enquête. La Cour d’Appel de Paris omet de préciser que la décision qu’elle cite est une décision provisoire, ne préjugeant pas le fond.
Les flux financiers identifiés entre la Suisse et le Gabon correspondent au préfinancement qui a été opéré pour permettre l’exécution des travaux. Des paiements de la Suisse ont été effectués vers ses fournisseurs en règlement des matériaux et matériels utilisés au Gabon, puis des remboursements ont eu lieu du Gabon vers la Suisse lorsque la situation financière du Groupement Santullo Sericom Gabon le permettait.
La procédure instruite en Suisse depuis plus de quatre ans n’a en revanche relevé aucun flux financier à partir des comptes suisses vers les dignitaires gabonais ayant participé à l’attribution des marchés et notamment le ministre Magloire Ngambia. L’analyse des mouvements atypiques sur le compte BGFI de Monsieur Ngambia pourrait infirmer définitivement la thèse de la corruption, et c’est ce que nous demandons instamment mais sans succès… Mais encore faudrait-il que les investigations financières menées au Gabon ne soient pas délibérément empêchées.
En Suisse, si les comptes de la famille Santullo font actuellement l’objet d’un séquestre conservatoire (les autorités helvétiques mettent les avoirs sous sa protection et dans l’intérêt des deux parties), y compris pour des valeurs n’ayant aucun lien avec les travaux réalisés au Gabon, c’est que Vous Monsieur le Président Ali Bongo Ondimba, osez prétendre que les travaux que le Groupement Santullo Sericom Gabon a réalisés causent un dommage au Gabon à hauteur des travaux réalisés (recettes brutes) !!! Vous espérez ainsi pouvoir profiter gratuitement des ouvrages construits…
Vous, Président Ali Bongo Ondimba, vous imaginez pouvoir faire supporter à la famille Santullo le coût total de la construction du pont de Mayumba et celui des routes que nous avons construites, y compris celle de Mouila-N’Dendé pour laquelle nous n’avons pas été payés !!!
Quelle image attrayante du Gabon renvoyez-vous aux opérateurs économiques, lorsque vous tentez de les convertir par la force et l’oppression, en mécènes ! N’éprouvez-vous aucune honte à tenter, par tous les moyens, y compris ceux contraires aux Droits de l’Homme, de spolier les entreprises qui vous ont fait confiance et ont travaillé pour vous ? Le peuple gabonais ne doit-il donc retirer aucune fierté pour les ouvrages construits sur son sol ?
Monsieur le Président, cette victoire que vous vous faites vôtre, acquise à la Cour d’Appel de Paris en trompant les juges n’est ni éclatante, ni définitive.
Vous vous imaginez sans doute déjà pouvoir reprendre la pose avec votre famille dans le luxueux sofa et le fastueux décor de l’hôtel particulier parisien que nous avions saisi en espérant un jour voir payer nos ouvrages. Mais tel ne sera pas le cas, le Groupement Santullo Sericom Gabon introduira un pourvoi en cassation pour que justice soit faite.
Et oui : « Santullo » comme vous l’appelez familièrement et comme titre le journal « L’Union » est bien mort. A présent, vous n’avez plus de pont dont vanter les prouesses technique et architecturale comme celui de Mayumba. Pas plus que vous ne pourrez dire mot sur le pont de Kango dont vous aviez annoncé le projet de dédoublement en 2013 alors que vous reconnaissiez que ce pont n’avait « pas eu droit, dans le passé, à la maintenance nécessaire. » Euphémisme puisque ses piles vétustes sont complètement détériorées, le béton qui les compose s’étant désagrégé. Qu’en est-il neuf ans après ? La structure métallique du nouveau pont, est à l’abandon sur place, à Kango, envahie par la végétation.
Ce pont ne faisait d’ailleurs pas partie de la sentence arbitrale qui vient d’être annulée. Il a été approvisionné et préassemblé aux seuls frais du Groupement Santullo Sericom Gabon.
Une fois de plus, oui ! « Santullo » est bien mort, et le pont ne sera pas monté. Vous n’aurez plus de « Santullo » pour avoir foi en vous et préfinancer vos projets. Contentez-vous désormais de vanter vos passerelles en bois.
Après l’affront d’une telle déclaration, il ne fait pas de doute que vous allez de nouveau donner des instructions à « Monsieur plainte pénale », qui agit tant en votre nom personnel qu’au nom de l’Etat que vous dites représenter. Mais peu importe, l’abjection de vos méthodes doit être dénoncée. C’est encore plus vrai dans le contexte international actuel où la manipulation de la presse et de la justice, les méfaits et les dérives des régimes autoritaires, se font jour. La complaisance doit prendre fin.
Encore Félicitations ! Et longue vie à vous.
Karen Santullo – PDG du Groupement Santullo Sericom Gabon