Gabon/Cas de conscience : Naufrage ‘’Esther Miracle’’.

Le naufrage de l’Esther Miracle est l’un des événements les plus catastrophiques dans l’histoire du Gabon. On en connaît les rescapés, le déroulement, les disparus, etc. Mais en connaît-on vraiment les conséquences, tant immédiates que durables ?

Près de 15 jours après le naufrage du navire ‘’Esther Miracle’’, ce drame reste à ce jour non-élucidé : les investigations, menées par 350 militaires, des patrouilleurs, des navettes, des robots plongeurs et des radars sont toujours en cours et n’ont toujours pas permis d’établir avec certitude la cause du naufrage, et de trouver l’ensemble des disparus.

En quoi les épreuves et la mémoire de cet accident et des liens qu’il a créés affectent-elles les Gabonais ? En quoi les mémoires de violence et le désir de liberté que le naufrage a engendré transforment-ils le Gabon aujourd’hui ? Mais enfin, que penser du degré de conscience des Gabonais capables de produire et de payer des politiciens suffisamment insensés pour soi-disant valoriser le pays ? Il s’agit bel et bien d’une inféodation, de l’absence de toute lucidité et de toute perspective politique. Ce ne sont pas seulement les Gabonais qui se sont émus face au naufrage du navire ‘’Esther Miracle’’. Ce poignant deuil national ne s’effacera pas avant longtemps.

La liberté de conscience n’est jamais acquise, mais toujours à défendre. A cet égard il est clair que la corruption des institutions gabonaises, le démantèlement des services publics, le remplacement du sens commun civique par des communautarismes violents et fanatiques, l’individualisme décomplexé, le repli pathologique sur une vie privée d’ailleurs minable, les inégalités de richesses poussées à des degrés inouïs, tout cela témoigne d’une faiblesse généralisée de la conscience politique et, il faut bien le dire, d’un basculement collectif des Gabonais vers la servitude volontaire. Il manque au Gabon des convictions morales, engageant une certaine idée du vivre-ensemble, qui dépassent la connaissance, pourtant indispensable, des questions d’argent, de revenu et même de partage des richesses. Qu’un partage des richesses plus équitable soit la composante essentielle du progrès social, c’est là un point qu’il serait indécent de contester.

Aussi, il est indispensable de rejeter des contre-valeurs qui brisent définitivement toute idée d’un vivre-ensemble, divisent au lieu d’unir, poussent à la haine au lieu d’appeler à la paix, opposent au lieu de fédérer, créent un climat de guerre civile au sein même du pays.

Serge Kevin Biyoghe

Rédacteur en Chef, Journaliste-Ecrivain, Sociétaire de la SCAM (Société Civile des Auteurs Multimédias), membre de la SGDL (Société des Gens De Lettres), membre du SFCC (Syndicat Français de la Critique de Cinéma), membre de l'UDEG (Union Des Écrivains Gabonais).

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *