Dette publique : un caillou dans les chaussures d’Ossouka.

La dette intérieure et extérieure pourrait continuer  à être une équation difficile à résoudre pour le gouvernement Ossouka Raponda.  Lors d’une interview accordée au média agence Ecofin, le coordonnateur des affaires présidentielles, Noureddin Bongo a reconnu  la complexité et la mauvaise utilisation de l’argent issue de la dette.

Ces  dix dernières années le pays s’est engagé  dans un processus d’endettement excessif. Une  dette qui aurait dû permettre aux différents gouvernements du chef de l’Etat, de rattraper le retard économique accusé par le pays depuis des années.  N’étant plus en mesure de gérer le niveau de cette dette, le Président Ali Bongo Ondimba demande de revenir à un niveau  soutenable de la dette publique. «  Aujourd’hui, le remboursement de notre dette absorbe quasiment 45 % de nos ressources propres annuelles. C’est beaucoup trop ! Pour rétablir la situation, nous devons d’abord corriger le déséquilibre de nos finances publiques. Il s’agit du premier levier à actionner. Le cycle d’endettement est alimenté principalement par le fait que nos dépenses courantes sont supérieures à nos ressources propres. Conséquence: nous devons emprunter pour financer ce déficit, ce qui crée un cercle vicieux », dit-il.

Avant d’ajouter que,  « Le Plan d’Accélération de la Transformation 2021-2023, adopté en début d’année, prévoit des mesures rigoureuses d’amélioration de la collecte des recettes publiques, de maîtrise de certaines dépenses comme la masse salariale des agents de l’Etat, le service de la dette avec des rééchelonnements de paiement ou encore la réduction ou la suppression de subventions accordées à certaines agences publiques qui n’ont pas prouvé leur efficacité ou qui doivent apprendre à fonctionner de manière autonome.

Deuxième levier, l’accélération de notre croissance. Si nous réussissons les réformes de nos filières à fort potentiel qui peuvent puissamment contribuer à la diversification de notre économie, mécaniquement, notre taux d’endettement sur PIB se réduira. Le meilleur moyen de réduire la dette, c’est d’avoir une croissance solide qui génère plus de rentrées fiscales. D’où la nécessité d’intensifier la politique de diversification économique, de promotion du secteur privé et d’attraction des investissements.

Enfin, troisième levier à actionner, nous n’excluons pas totalement la cession de certains actifs pour rembourser notre dette. Le Gabon possède certains actifs dormants insuffisamment valorisés. Je pense notamment aux crédits carbones que nous pourrions émettre et vendre à des entreprises ou Etats qui polluent et souhaitent compenser leur impact environnemental. Le Gabon a déjà signé un accord financier avant-gardiste en ce sens avec la Norvège. Nous étudions par ailleurs d’autres possibilités de partenariats et de valorisation de ces crédits carbones, qui pourraient être une manière intelligente pour nous de mobiliser des ressources financières tout en restant engagés dans une trajectoire durable de valorisation de nos écosystèmes et de préservation de notre biodiversité. En ce domaine, des avancées importantes devraient être réalisées par le Gabon dès 2021 » a souligné le coordonnateur des affaires présidentielles, Nourreddin Bongo.

Des propositions et des initiatives qui n’ont pas convaincu les Gabonais. Car, depuis que des différentes opérations scorpion et autres tasks forces pour lutter contre la corruption ont été mises en place, le gouvernement n’a toujours pas dit aux Gabonais, où était l’argent et les biens retrouvés dans les domiciles des anciens collaborateurs du chef de l’Etat. À quel niveau se trouvent les dossiers des entreprises et personnalités  dont on affirme avoir perçu  l’argent de l’Etat, alors que les chantiers  sont à l’arrêt depuis des années ?  Quels sont les résultats des enquêtes diligentées à l’endroit de ses patrons  d’entreprises  et anciens collaborateurs du chef de l’Etat ?

Des questions pour lesquelles les Gabonais attendent des réponses venant du coordonnateur des affaires présidentielles. Le peuple souhaite des réponses limpides, et non des théories économiques qui ne disent rien,  sur la destination de l’argent décaissé par l’Etat chaque année pour les travaux ou pour offrir de meilleures conditions de vie aux Gabonais.

Ikoundi Nguema

Journaliste

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