C’est un réel rebondissement auquel nous assistons depuis ce vendredi 10 décembre au tribunal de Libreville dans l’affaire de la production de fausses cartes grises, de détournement de fonds publics et de corruption. Inculpés depuis le 2 juillet dernier, ces deux hauts responsables du ministère des Transports étaient poursuivis par le parquet pour des faits de conclusions dans la production des cartes grises.
Les faits qui remontent au début de cette année avec l’irruption dans les locaux du centre national d’édition et de délivrance des documents de transports (CNEDDT), par les services spéciaux de la présidence de la République qui avaient réussi à mettre la main sur les fichiers du parc automobile importé illégalement au Gabon et blanchie par les responsables de cette administration des transports avec le soutien du directeur général des transports terrestres (DGTT) Anatole Kabounou Onkoni.
Si les faits pour lesquels les inculpations avaient été prononcées par l’adjoint du procureur de la République nous avaient paru légers au regard de la gravité des actes posés par ces compatriotes, qui avaient bénéficié sans explications d’une absence de poursuites pour leurs détournements de fonds publics, la production de faux documents et la corruption, rien n’explique le silence qui a suivi cette inculpation depuis le 2 juillet dernier. Il faut rappeler que contre toute attente, en dépit du travail fastidieux qui avait été fait par les fins limiers de la direction générale des recherches (DGR), pour démontrer que Jean Felix Mezui, Anatole Kabounou Onkoni et leurs collaborateurs les nommés Assumou Romuald, Steeve Bingangoye étaient bien des faussaires présumés et des prédateurs de fonds publics, l’adjoint de Roponat avait curieusement fait le choix de fermer les yeux sur ces faits et ne pas retenir la concussion comme motif de poursuites pénales contre ces indélicats. Une situation qui n’avait pas manqué de soulever de nombreuses interrogations sur la probité de ce magistrat très proche du procureur de la République.
S’il est vrai que de nombreuses interrogations ont fusé de part et d’autre, il n’en demeure pas moins que la concussion a été retenue et qu’à la lecture du dossier par le juge d’instruction cette dernière pouvait tout à fait légalement revenir sur les délits et les requalifier. Mais en lieu placé d’un suivi régulier du dossier, c’est un grand silence si n’en suivi depuis le 2 juillet 2021. C’est à en croire comme le laissaient entendre certaines confidences que les magistrats auraient perçu de l’argent de la part des mis en cause pour étouffer l’affaire. Certains parlent d’une somme de cinquante millions que Jean Felix Mezui et ses amis auraient délaissé pour ne pas être placés sous mandat de dépôt. Cet argent aurait transité par de nombreux intermédiaires avant l’audition du 2 juillet. Cela justifierait selon les mêmes sources le classement sans suite les accusations de détournement de fonds publics, de corruption et de production de faux documents. Mais face à la gravité des faits et à l’abondance de preuves, il était presque impossible et trop flagrant de classer sans suite toute l’affaire. Les poursuites pour les faits de concussion constituaient donc le moindre mal et permettaient aux mis en causes de bénéficier encore d’un peu de répit jusqu’à l’entame des poursuites par le juge d’instruction.
C’est donc dire combien de fois l’appel du juge d’instruction le mercredi dernier à la bande à Jean Félix Mezui et à Anatole Kabounou Onkoni qui devait se présenter ce vendredi, a dû faire passer des longues nuits blanches à ces derniers qui ne comprenaient plus ce qui se passait et pourquoi subitement la relance du dossier par ce juge.
Selon les informations que nous avons pu glaner et qui restent à confirmer dans les toutes prochaines heures, il semble que la magistrate qui avait reçu la bande à Jean Félix Mezui et Anatole Kabounou Onkoni, ait été changée. C’est donc une nouvelle personne en poste qui vient de prendre ses fonctions qui souhaite comprendre les enjeux de cette affaire. Gageons donc qu’elle fasse un travail objectif et qu’elle sache que la presse nationale a un regard dans cette affaire qui touche non seulement aux finances publiques, mais à la sécurité publique et nationale.