La Corée du Sud traverse une crise politique sans précédent, marquée par deux destitutions en l’espace de quinze jours. Après le président Yoon Suk-Yeol, écarté pour avoir tenté d’imposer la loi martiale, c’est au tour de son successeur intérimaire, Han Duck-Soo, d’être démis de ses fonctions par le Parlement le 27 décembre. Ce contexte tendu reflète l’impasse dans laquelle le pays se trouve, tant sur le plan institutionnel qu’économique.
Le président par intérim, Han Duck-Soo, a été destitué par un vote écrasant de l’Assemblée nationale, où 192 députés sur 300 ont voté en faveur de sa démission. Bien qu’une majorité des deux tiers soit traditionnellement requise pour destituer un président, le président de l’Assemblée, Woo Won-shik, a jugé qu’une majorité simple suffisait dans ce cas, Han Duck-Soo n’étant pas un président élu. Cette décision controversée aggrave la crise politique, alors que les députés reprochent à l’ancien Premier ministre son refus de pourvoir trois sièges vacants à la Cour constitutionnelle.
Sur le plan institutionnel, cette crise pourrait avoir des répercussions majeures. La Cour constitutionnelle doit statuer sur la destitution de Yoon Suk-Yeol, mais l’absence de trois juges complique la situation. Si les sièges vacants ne sont pas pourvus avant la fin de la procédure, les six juges restants devront statuer à l’unanimité pour valider la destitution. Un seul vote contre suffirait à rétablir M. Yoon dans ses fonctions, un scénario qui diviserait davantage la classe politique et l’opinion publique.
Cette instabilité a également des conséquences économiques. Le won sud-coréen a plongé à son plus bas niveau depuis 16 ans face au dollar, reflétant l’inquiétude des marchés face à cette crise politique prolongée. Dans ce contexte, le nouveau chef d’État par intérim, Choi Sang-mok, ministre des Finances, a promis de travailler à une sortie de crise rapide, mais les défis à relever restent immenses.
Alors que la Corée du Sud est en proie à des tensions sans précédent, l’avenir politique et économique du pays demeure incertain. Les prochains jours seront cruciaux pour déterminer si les institutions pourront surmonter ces divisions et ramener une stabilité indispensable. À l’échelle internationale, cette situation interpelle, dans un pays souvent perçu comme un modèle de résilience démocratique en Asie.