Comment passe t- on d’une République à une autre?

En écrivant cet article, je sollicite l’indulgence des juristes publicistes, des historiens, des intellectuels, des intellocrates et de tous ceux qui s’intéressent à l’évolution de la politique au Gabon.
Ma contribution est l’œuvre d’une personne qui a ses insuffisances académiques et qui s’inspire des apports qualitatifs des autres. Toute contradictoire intellectuelle ne peut être concurrentielle mais plutôt complémentaire.

Aussi, le sujet sur la passage d’une République à une autre peut susciter des passions résultant du positionnement politique ou du libre arbitre des uns et des autres .

Comme à mon habitude, je commencerai cet article par cette citation de Jean Jaurès qui écrivait : » La République est un grand acte d’espoir ». En effet, l’espoir républicain se fonde absolument sur des normes juridiques, des codes sociaux et des règles de convenance dont le Constitution constitue la véritable matrice.

Dans le cas de ma réflexion, je m’interroge. Le Gabon s’aligne politiquement sur quelle République sachant très bien que le changement de constitution est consubstantiel au changement d’une République.

A mon humble avis, le Gabon s’est fondamentalement doté de quatre (4)constitutions. La Constitution du 14 Novembre 1960( Loi numéro 1/60 du 04/11/60) étant très éphémère. En effet, cette constitution qui a été adoptée le 14 Novembre 1960 a été suspendue le 16 Novembre 1960 par le Président de la République Léon MBA qui redoutait une motion de censure.

Cette première Constitution post indépendance n’a donc pas été appliquée. Par conséquent, je pense qu’elle ne peut être inscrite dans la nomenclature de différentes Républiques.

1/ La première Constitution du Gabon.

Avec l’organisation du référendum du 28 Septembre1958,le Gabon a adopté le statut de membre de la communauté le 28 Novembre 1958.

Le 19 Février 1959 l’assemblée territoriale adopte la première Constitution gabonaise qui sera promulguée le 14 Août 1960 par le Premier Ministre Léon Mba. Il faut souligner que la loi n057-60  confère à titre transitoire au premier Ministre rang et prérogatives de chef de l’État au travers de son article 1er: » En attendant la révision de la Constitution et de la mise en place éventuelle d’un Président de la République gabonaise, le 1er Ministre aura provisoirement rang et prérogatives de Chef de l’État.

Cette Première Constitution consacre la première République du Gabon.

2/La deuxième Constitution du Gabon du 17 Février 1961.

L’assemblée nationale adopte la nouvelle Constitution et instaure un régime présidentiel voire présidentialiste avec concentration des pouvoirs par le Président de la République.
Cette Constitution sera révisée quatorze (14) fois.

L’application de cette Constitution marque le passage à la deuxième République.

3/ La Troisième constitution gabonaise du 26 Mars 1991.

Cette Constitution est la plus démocratique que le Gabon ait connue. Il faut dire qu’elle est l’œuvre de la Conférence nationale tenue en 1990.Elle est adoptée par l’Assemblée nationale qui a restauré le pluralisme politique. Soumise au référendum, elle est promulguée par la loi n03-91du 26Mars1991.
Malheureusement cette Constitution sera progressivement vidée de sa substance démocratique pour de mobiles politiciens et antidémocratiques.
Cette constitution consacre le passage à la llleme République.

4/  La Future Constitution du Général Brice Clotaire Oligui Nguema et ses compagnons d’arme.
.Le général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema s’identifiera t- il au général de brigade Charles de Gaulle qui a doté la France d’une Constitution stable et viable.
En effet, outre la lll ème République qui a durée du 06 Septembre 1870 au 10 Juin 1940,la Vème République, date du 28 Septembre1958 à 2023.

Le général de Gaulle entouré des Politiques chevronnés, en l’occurrence Michel Debré, Jean Foyer, Louis Lucien Jacquinot, André Malraux, Olivier Guichard ont mis en place une Constitution stable et forte.
Le général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema et ses compagnons d’arme arriveront ils  à s’inspirer de de Gaulle pour donner au Gabon une Constitution forte et viable.

En effet, le Lundi 04 09 2023, jour de sa prestation de serment, le général Brice Clotaire Oligui Nguema fait de  déclarations fortes et séduisantes:  » Ici et maintenant, je m’engage solennellement à ne ménager aucun effort pour qu’à l’issue de cette transition  notre pays, le Gabon, soit doté de institutions fortes, démocratiques et crédibles ». Dans ce discours, il prône des réformes constitutionnelles : » Une nouvelle constitution doit être élaborée pour le Gabon qui garantisse l’établissement d’institutions démocratiques et nous voulons que le peuple l’adopte par référendum « .

Enfin ,il souligne :  » Le Gabon mérite des institutions et une gouvernance fortes et fiables conformes au choix international « .  Ce discours aux accents gaulliens renvoie au discours du général de Gaulle prononcé à Bayeux sur les institutions de la Vème République.

Je rappelle que l’activité d’un Homme politique est toujours faite de repères, de références qui lui permettent de se structurer idéologiquement (  c’est le logos) et de poser des actions concrètes ( c’est la praxis).

La politique est donc à la fois logos et praxis car elle n’est pas seulement contemplative ou théorique. Marx le disait si bien :  » La solution des oppositions théoriques elles mêmes n’est possible que d’une manière pratique par l’énergie pratique des Hommes « .
En politique l’absence de volonté synallagmatique entre les dirigeants déterminés à imprimer positivement leur marque et une technostructure consciente des enjeux démocratiques d’une part et une masse de courtisans, de transactionnels, de corrompus happés par des appétits mercantilistes et gargantuesques conduit indubitablement à une déconfiture politique abyssale d’autre part . Raison pour laquelle les membres du Parlement que le général Brice Clotaire Oligui Nguema et ses compagnons d’arme comptent choisir doivent transcender les égos surdimensionnés qui ont toujours gangrenés et phagocytés l’espace politique gabonais.
La mise en place de cette nouvelle constitution marquera le passage à la Vème République.
L’application d’une bonne Constitution entraîne une bonne inévitablement une bonne gouvernance et assure la quiétude sociale.

Al Nguia Banda,
Docteur en Droit,
DEA d’histoire des Idées politiques.
France.

Paul Essonne

Journaliste

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