Alain Claude Bilié By Nze et la Transition : une critique légitime ou une hypocrisie politique ? Par Dr. Jean-Aimé Mouketou

Peut-on réellement se poser en critique d’un système dont on a été l’un des principaux architectes pendant plus d’une décennie ? Récemment invité sur TV5 Monde, Alain Claude Bilié By Nze, ancien Premier ministre sous le régime d’Ali Bongo, tente de se repositionner dans l’espace politique en se présentant comme une voix critique face à la Transition dirigée par le général Brice Clotaire Oligui Nguema et les membres du Comité de Transition et de Restauration des Institutions (CTRI).
Après avoir été l’un des piliers du régime d’Ali Bongo, marqué par des fraudes électorales, des répressions violentes et des atteintes aux droits fondamentaux, Bilié By Nze critique désormais ce qu’il perçoit comme une confiscation du pouvoir par les militaires. Comment peut-il aujourd’hui prétendre défendre les valeurs démocratiques alors qu’il a contribué à maintenir un système autoritaire, répressif et antidémocratique pendant plus de quatorze ans ? Ce revirement suscite des interrogations quant à la sincérité de son « engagement » envers les « valeurs traditionnelles » et la crédibilité de ses critiques. Questionner le rôle de Bilié By Nze dans l’ancien régime, la cohérence de ses positions actuelles, ainsi que la nécessité pour lui de rendre des comptes avant de critiquer la transition est légitime.
    Aujourd’hui, Alain Claude Bilié By Nze, dernier Premier ministre du régime déchu d’Ali Bongo-Ondimba tente de se réinventer comme une « voix critique » face à la Transition au Gabon, dirigée par le général Brice Clotaire Oligui Nguema, en prétendant être le défenseur de la démocratie, des droits de la jeunesse, et de l’unité nationale. Cependant, cette posture est non seulement fallacieuse mais aussi insultante envers le peuple gabonais, qui a souffert des abus de pouvoir dont il a été l’un des principaux acteurs.
   D’abord, on ne peut pas oublier que Bilié By Nze a été un pilier central du régime d’Ali Bongo, un régime caractérisé par la répression brutale des libertés, les arrestations arbitraires, les crimes rituels et les fraudes électorales massives. En tant que ministre puis Premier ministre, il a été complice de toutes ces pratiques obscurantistes . Ses tentatives de redorer son image en critiquant la Transition militaire trahissent une mémoire sélective et une insulte à la douleur des Gabonais qui ont vu leur avenir compromis par des décennies de mauvaise gouvernance, d’injustices sociales et de violences politiques.
▪︎ Bilié By Nze, un défenseur de la démocratie en apparence.
Lorsque Bilié By Nze reproche au Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI) de s’être emparé du pouvoir « contre la démocratie », il oublie commodément que son propre régime s’est constamment attaqué aux fondements mêmes de la démocratie. Sous la gouvernance d’Ali Bongo, avec le soutien de Bilié By Nze, les élections ont été régulièrement falsifiées et les résultats manipulés, comme ce fut le cas en 2016 lorsque Jean Ping a été privé d’une victoire légitime, ce qui a déclenché des violences meurtrières à travers le pays. Comment peut-il oser se poser en défenseur de la démocratie aujourd’hui, alors que les crimes de son régime contre la volonté du peuple sont encore vivaces dans la mémoire collective ? Il ne suffit pas de dire que « des erreurs ont été commises », car ces « erreurs » ont coûté des vies et brisé l’espoir de milliers de Gabonaises et Gabonais.
▪︎ Bilié By Nze choisit de passer sous silence les crimes du régime d’Ali Bongo-Ondimba.
    Alain Claude Bilié By Nze affirme que lui et son complice Ali Bongo « respectaient les valeurs gabonaises ». Mais de quelles valeurs parle-t-il vraiment ? Les arrestations arbitraires, la répression sanglante des manifestations pacifiques, les disparitions forcées ? Peut-il vraiment parler des valeurs gabonaises alors qu’il a été un acteur clé d’un régime responsable de tant de souffrances et de divisions ?
    En refusant d’admettre la fraude électorale systématique qui a maintenu son régime au pouvoir, il montre non seulement son mépris pour le peuple, mais aussi son incapacité à reconnaître la dure réalité de son passé politique. Sa tentative de minimiser les fraudes électorales, en exigeant des preuves qu’Ali Bongo-Ondimba n’a pas perdu les élections d’août 2023, est non seulement cynique mais aussi absurde, tant les preuves d’irrégularités électorales au Gabon, y compris dans plusieurs centres électoraux consulaires, sont abondantes et bien documentées.
▪︎ La faillite morale du discours de Bilié By Nze sur l’unité nationale : une vraie et longue souffrance.
    En présentant un projet de Transition « liberticide » et divisif, Bilié By Nze démontre une fois de plus sa duplicité. Durant son régime politique de 2009 à 2023, le Gabon a été marqué par une division profonde, où une élite corrompue monopolisait les richesses nationales, tandis que la majorité de la population vivait dans la pauvreté. Les différences ethniques et sociales ont été exacerbées, et toute voix discordante a été systématiquement réprimée.
    Pourtant, aujourd’hui, il prétend vouloir une Transition « inclusive » et « unificatrice », lui qui a soutenu un régime qui a marginalisé et exclu de larges pans de la société gabonaise. Comment peut-il parler d’unité nationale alors qu’il était l’un des architectes de la division sociale et politique du Gabon ?
    En niant l’existence des fraudes électorales qui ont permis à son régime de se maintenir illégalement et illégitimement au pouvoir, il manifeste non seulement un profond mépris pour le peuple gabonais, mais aussi une incapacité à assumer la réalité de son passé politique. Sa tentative de relativiser ces fraudes, en exigeant des preuves qu’Ali Bongo-Ondimba n’a pas gagné les élections d’août 2023, est non seulement cynique mais aussi absurde, tant les preuves d’irrégularités lors des élections passées sont nombreuses.
Bilié By Nze souffre d’une amnésie sélective concernant les crimes commis sous le régime d’Ali Bongo-Ondimba.
▪︎ Une contradiction flagrante dans la critique du CTRI.
    Ironique d’entendre Alain Claude Bilié By Nze critiquer la présence d’anciens membres du PDG au sein de la Transition. Comment peut-il douter de la capacité de certains à reconstruire le pays après leurs échecs, alors qu’il reste lui-même un membre fier du PDG ? Cette contradiction révèle qu’il n’est pas intéressé par la vérité ou l’unité, mais par la survie politique et la préservation de ses propres intérêts.
    Accroché à son appartenance à un parti qui a échoué sur tous les plans, il critique ceux qui tentent aujourd’hui de corriger les erreurs du passé, même si certains proviennent du même système qu’il a lui-même soutenu. En réalité, Bilié By Nze utilise la même stratégie de manipulation qu’il employait durant ses années syndicalistes à l’université Omar Bongo de Libreville. C’est son jeu préféré : manier la langue de Molière pour se positionner et rebondir, tout en attirant l’attention sur lui. Je le connais très bien !
    L’attitude de Bilié By Nze rappelle les paroles de Jésus dans l’Évangile selon Matthieu 7:3 : « Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l’œil de ton frère, et n’aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton œil ? » Critiquer les autres tout en faisant l’impasse sur ses propres défauts est une posture simpliste. De plus, l’Apôtre Paul nous exhorte dans Éphésiens 4:3 à rechercher la vérité et l’unité : « Efforcez-vous de conserver l’unité de l’Esprit par le lien de la paix. » Pour reconstruire un pays, il faut de l’humilité, de la vérité et de l’unité, des principes que Bilié By Nze semble avoir négligés au profit de ses ambitions personnelles et démesurées.
▪︎ Où est la responsabilité de Bilié By Nze ?
Alain Claude Bilié By Nze doit être tenu responsable de son rôle dans la décadence du Gabon sous le régime d’Ali Bongo. Alors qu’il critique ouvertement la Transition militaire, il refuse de reconnaître sa propre complicité dans les abus du passé. Comment peut-il, en toute bonne foi, exiger aujourd’hui des comptes du général Brice Clotaire Oligui Nguema et du CTRI sans d’abord faire son propre mea culpa ?
    Le moment est venu pour Bilié By Nze de cesser de se cacher derrière des discours politiques creux et de commencer à répondre aux questions importantes que les Gabonaises et Gabonais attendent de lui :
– Où était sa défense de la démocratie lorsque des Gabonaises et Gabonais ont été tués en 2009 et 2016 pour avoir contesté des élections frauduleuses ?
– Où étaient ses valeurs lorsqu’il a aidé à perpétuer un régime corrompu, répressif et autoritaire ?
– Pourquoi ne reconnaît-il pas sa propre responsabilité dans la gestion catastrophique de l’économie gabonaise, qui a plongé des milliers de citoyens dans la pauvreté, tandis que lui et ses proches prospéraient et continuaient de mener une vie confortable au Gabon, au Sénégal, en France et même en Asie ?
    Critiquer après coup est facile, mais le peuple gabonais attend des réponses claires et des comptes. Bilié By Nze, ainsi que les autres responsables de l’ancien régime qui refusent de se repentir, doivent répondre de leurs actions devant l’Histoire. Cette situation rappelle les paroles de Jésus dans l’Évangile selon Matthieu 7:3: « Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l’œil de ton frère, et n’aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton œil ?”. C’est facile de critiquer les autres tout en ignorant ses propres défauts. De plus, l’Apôtre Paul nous exhorte à rechercher la vérité et l’unité : « Efforcez-vous de conserver l’unité de l’Esprit par le lien de la paix » (Éphésiens 4:3).
    Bilié By Nze doit demander pardon et prier pour ne pas être arrêté et jeté en prison par la justice des hommes. En tout cas, cela peut arriver un jour. Qu’il se ressaisisse, arrête de narguer le peuple et cesse de se comporter comme un fils de Satan. La véritable reconstruction d’un pays nécessite l’humilité, la vérité et l’unité, des valeurs que Bilié By Nze semble avoir oubliées au profit de ses ambitions personnelles et démesurées.
In fine, le Gabon ne peut pas avancer tant que ceux qui ont participé aux pires excès de la dictature Ali Bongo-Ondimba cherchent à diviser le pays, sabotent la Transition et refusent d’être tenus responsables de leurs actes. En laissant ces individus en liberté, en fermant les yeux sur leur capacité à déstabiliser notre pays et en jouant l’angélisme politique, nous risquons de n’avoir que nos yeux pour pleurer lorsque le régime déchu d’Ali Bongo-Ondimba et ses complices, tapis dans l’ombre au Gabon et à l’extérieur, feront leur retour au pouvoir pour en finir une bonne fois pour toutes avec le Gabon. La Bible enseigne dans Luc 12:48 : « On demandera beaucoup à qui l’on a beaucoup donné, et on exigera davantage de celui à qui l’on a beaucoup confié. »
Que Dieu veille sur le Gabon et ses 2 millions d’habitants, et qu’Il nous garde à l’abri des forces maléfiques qui menacent notre pays.
Dr. Jean-Aimé Mouketou  – Géographe, enseignant  – Membre engagé des Gabonais de l’extérieur et de la société civile.

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