L’activisme a pour corollaire acte, pragmatisme, action directe voir violente.
J’ai été activiste jadis, étudiante à l’UOB. Seule.
J’ai fait le ménage au Restau’U pour soutenir la main-d’œuvre permanente. Seule.
J’ai balayé des bâtiments entiers pour lutter contre l’insalubrité. Seule.
Je me souviens que certains étudiants (es) me fixaient longtemps sans rien dire et rien comprendre, certains avaient des rictus, chez d’autres je pouvais voir dans leurs yeux des lueurs de questionnements. Rire. Je continuais ce que j’avais à faire. Seule.
Par ailleurs, en suivant l’actualité, lorsque je constatais des dysfonctionnements de l’Etat, je m’adressais au département ministériel concerné. En effet, il m’est arrivé d’adresser des courriers à des ministres en fonction. Seule. Je leur formulais d’ailleurs certaines propositions. Seule. Certains m’ont reçu. Seule.
En 2005, après l’élection présidentielle, j’ai écrit à OBO afin de lui demander de reconsidérer et de changer sa gestion de l’Etat. Seule. J’ai mis une jupe (j’étais très pantalon à l’époque), je me suis rendue à la PR pour déposer mon courrier. Seule. Il y avait du mouvement à cet étage (je ne m’en souviens plus lequel exactement). Je me souviens des courbettes dans les couloirs, au passage du beau- fils Directeur de Cabinet du beau- père. En effet, les portes s’ouvraient au passage de P.T. J’ai constaté que tout le monde se courbait. Je ne comprenais pas bien cette allégeance qui me paraissait aliénante. Assise, en attendant d’être reçue, je me demandais in petto, ce que ce monsieur pouvait bien incarner. Disons que je ne trouvais aucun argument rationnel justifiant une telle soumission volontaire. Serrant les mains des uns et des autres, tous ceux qui allaient vers lui en baissant leurs têtes et ceux qui sortaient des bureaux, rapidement un groupe s’est formé autour de lui. Et lui, droit, fier, serrait chacune des mains en les secouant deux fois. J’avais compté. Un geste qui m’a également marqué. J’étais assise, il y avait un canapé dans ce long couloir. Pas loin, je les observais la bouche entrouverte. J’attendais sereinement un signe de sa secrétaire particulière pour mon accusé de réception, c’était ma préoccupation du moment. L’instant qui a suivi, le regard de ‹‹l’homme fort du couloir›› s’est porté sur celle qui ne s’est pas joint aux autres (moi). Bref.
À ce courrier, je n’ai pas eu de retour. Pas reçu de réponse.
En 2009, j’ai continué mon activisme en France aux côtés d’autres compatriotes. Je n’étais plus seule. Un activisme bien différent de celui que nous observions de 2016 et aujourd’hui. Pas d’injures, pas de vulgarité. Pas d’actes violents. Pas d’histoires montées à haut débit. Pas de vidéos insolites. Pas d’intrusions inopinées. Pas de harcèlement. Pas de vidéos ou de directs alimentant ou distillant peur, diffamation, invectives, fakes news…
Nous multiplions des rencontres saines ici et là, si bien que nous nous séparions très tard (souvent vers deux, trois heures du matin). C’est d’ailleurs durant cette période que j’ai fait la rencontre de Gaël Koumba et bien d’autres, dans un café j’avais discuté Siméon Ekogha et Petit Lambert… C’est dans ‹‹la lutte›› que Gaël et moi sommes devenus frère et sœur. Ter Bref.
De retour au Gabon, j’ai écrit à ABO quelques jours après la visite de Nicolas Sarkozy au Gabon, afin de solliciter la révision les accords de partenariat avec la France que je ne trouvais pas gagnants-gagnants. Précision. J’avais déjà terminé mes études. En allant donc déposer ce courrier, j’avais fait la différence. Les couloirs étaient déserts. Pas de circulation. Pas d’agitation. Pas de courbettes. Pas de soumission volontaire visible. Rien. ABO voulait certainement changer tout cela. Qui sait !
Plusieurs semaines plus tard, je recevais ‹‹une réponse›› (de quatre lignes, mon courrier en comptait trois pages). Re bref.
In illo tempore, j’étais encore bien loin de faire politique…
En POLITIQUE, c’est tout à fait différent. C’est un tout autre mode de fonctionnement. J’entre dans ce milieu en 2011. Un milieu bien différent de l’activisme. Il ‹‹faut›› moduler le moindre acte. Chaque sortie doit être pensée en anticipant sur la suite. La propagande est différente. Le pragmatisme est différent. L’extrémisme est modéré (un politique s’il est radical, il se met lui-même en difficulté). L’action directe est très mesurée. Les acteurs politiques ont le devoir moral d’avoir une ligne directionnelle… Plus d’agitations (je ne fais pas ici allusion à cette agitation observée autour du DC PT, non, pas celle de ce genre). Plus de proxémie, de rassemblement sans autorisation. Plus de virulence futile. Plus de vidéos directes de provocation. Plus de …
*Sandrine NGUÉMÉBÉ ENDAMANE*