3ème conférence sur les mines en RDC 12 au 14 septembre 2018.

La République démocratique du Congo produit à elle seule 63% du cobalt dans le monde, devenant ainsi le premier producteur et exportateur mondial du métal vert. La RDC détient 40% des réserves mondiales de ce minerai. Ce qui  fait que le Congo Kinshasa s’impose, avec son cobalt, comme un pays stratégique dans l’approvisionnement de l’industrie mondiale, en particulier les secteurs spécialisés de l’automobile électrique et des technologies de pointe.

L’industrie mondiale a donc principalement besoin du cobalt congolais pour fonctionner à plein régime. Avec la perspective de la hausse de la production des véhicules électriques par les principaux fabricants, le cobalt, aux dires des experts, va continuer à demeurer le minerai phare de l’industrie mondiale de pointe pendant au moins les deux prochaines décennies.

Le cobalt fait aujourd’hui partie de « Huit matières premières stratégiques » de l’industrie mondiale grâce à ses nombreuses applications industrielles. Exemples : ce métal rentre, avec le lithium, dans la fabrication des batteries lithium-ion des voitures électriques, des tablettes et des smartphones. Le cobalt est également utilisé dans les superalliages, les pigments, les décolorants, les catalyseurs, les pneus, les produits siccatifs, etc. Incontestablement, ce métal se trouve dans une multitude d’objets d’usage courant.

 Des pays comme la France et le Royaume-Uni ambitionnent le tout électrique à l’horizon 2040. Accroître la capacité de production actuelle aura un impact direct sur la satisfaction de la demande mondiale de plus en plus croissante avec des retombées conséquentes sur tous les acteurs de la chaîne, y compris l’État congolais.

Il ne faut pas l’oublier que le recours au cobalt a été dicté par une plus grande prise de conscience des défis environnementaux sur le plan international. Avec le réchauffement climatique, les leaders du monde s’attaquent de plus en plus aux émissions polluantes, notamment l’émission des gaz à effet de serre. Ceci fait que les entreprises qui utilisent le cobalt – parmi lesquelles des multinationales – sont souvent sous pression des ONG qui veulent connaître la traçabilité du métal vert : de l’extraction à son utilisation dans les industries occidentales.

Pour être en harmonie avec leurs propres normes, les entreprises qui utilisent le cobalt dans leur industrie sont devenues de plus en plus exigeantes – ce qui est normal – quant au respect des conditions d’extraction d’un métal qui rentre dans ce que l’on appelle « l’industrie verte », respectueuse des normes sociales et environnementales.

Il se fait que la RDC n’a pas encore bonne presse sur ce terrain. L’exploitation de son cobalt est souvent pointée du doigt à cause de l’importance de son secteur artisanal d’extraction qui représente 20% dans la chaîne.

En outre, l’exploitation du cobalt congolais est critiquée à la suite de l’utilisation des enfants mineurs, âgés de moins de 18 ans, dans le processus d’extraction. Loin s’en faut, l’exploitation minière industrielle n’est pas épargnée par la critique. Des ONG signalent souvent des expulsions forcées des communautés de leurs villages, des conditions de travail inférieures aux normes et des impacts environnementaux dévastateurs.

En organisant la conférence minière à Kolwezi, là où s’exploite le cobalt, la RDC veut lancer un signal fort à l’industrie minière et à tous les partenaires intéressés, notamment les ONG de l’environnement et de défense des droits de l’homme qui surveillent de près ce secteur.

À travers ce forum, la RDC et la province du Lualaba sont déterminées à rendre « éthique » et « propre », in fine, la chaîne de production du cobalt sur le territoire national.

Voilà le challenge : rendre « propre » toute la chaîne de production du cobalt dans le Lualaba et le Haut-Katanga, les deux provinces productrices du métal vert en RDC.

L’ambition est que dorénavant le cobalt congolais ne soit plus indexé dans les transactions internationales comme  « le minerai de la honte ». D’ailleurs, les articles parus il y a peu dans les médias internationaux sur l’exploitation illégale des enfants mineurs en disent long sur la perception de l’opinion internationale ainsi que de l’ensemble des acteurs du secteur sur l’industrie du cobalt en RDC.

Une embellie à capitaliser

Les besoins mondiaux en cobalt se font de plus en plus sentir depuis l’émergence du Mobile et de ses accessoires dérivés. C’est ainsi que l’annonce faite par les industriels de l’automobile, quant à leur transition vers les véhicules électriques, entraîne une croissance du marché allant de 24 milliards de dollars US en 2015 à 61 milliards à l’horizon 2024. Il va de soi que grandisse, en parallèle, le besoin de la transparence et de la viabilité quant à la provenance de la matière première.

Aujourd’hui, le regard du monde est tourné vers le cobalt congolais produit dans les provinces du Lualaba et du Haut-Katanga car il représente, nous l’avons dit, plus de 60% de la production mondiale.

Pour la RDC, et la province du Lualaba en particulier, la grande opportunité est, non seulement d’exercer leur leadership dans le concert des nations fournisseurs des matières premières, mais aussi et surtout de rassurer que la province et les populations locales puissent tirer profit et jouir de la richesse de leur sous-sol.

Le défi reste cependant de créer un cadre formel et crédible au sein duquel la production de cobalt se fait en conformité  avec les normes. Pour y parvenir, la RDC compte sur une synergie de tous les acteurs du secteur d’exploitation du cobalt.

Un écosystème  win-win

En l’état actuel des choses, l’on peut compter une multitude d’acteurs sur la chaîne de production, allant des enfants mineurs aux industriels en passant par les adultes creuseurs, toute la production restant destinée à des grandes firmes du monde.

 

Pourtant, très peu de personnes connaissent le vrai parcours de ce minerai produit au Lualaba, alors que différents acteurs interviennent dans la chaîne: des creuseurs artisanaux, des acheteurs gestionnaires des entrepôts ainsi que des industriels.  En réalité, aucune des parties prenantes n’est assurée sur la viabilité des démarches qu’elles entreprennent pour obtenir le cobalt de Lualaba.

C’est pour cette raison et bien d’autres encore qu’à l’initiative du chef de l’État, Son Excellence Monsieur Joseph Kabila Kabange, Président de la République, le gouvernement organise la 3ème Conférence sur les mines dans la province du Lualaba, du 12 au 14 septembre 2018.

La conférence vise à promouvoir l’industrie minière congolaise et à offrir une plateforme d’échanges entre les parties prenantes du secteur public, du secteur privé, de la société civile et la population. Elle devrait permettre un meilleur plaidoyer afin d’attirer les investisseurs pour lesquels le cobalt représente une ressource essentielle.

Cette 3ème édition se tiendra sous le thème de « Impact économique et développement durable des zones minières ». Différents sujets y seront traités, entre autres : Le rôle et les responsabilités de  l’État, de l’industrie minière, de la société civile et de la population dans des synergies transparentes ;

Comment assurer que la responsabilité sociale des entreprises soit en synergie avec le plan de développement national et local et qu’elle contribue à la croissance socio-économique des communautés locales ; Les enjeux du cobalt, une ressource stratégique pour le monde ; Le cobalt : une commodité internationale ; Le rôle des grands consommateurs internationaux ; Les défis sociaux et environnementaux.

 

Paul Essonne

Journaliste

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