Depuis son arrivée au pouvoir il y a un an, le président angolais João Lourenço a profité des avantages du regain d’optimisme des marchés et d’un intérêt renouvelé des investisseurs pour l’important secteur africain de production pétrolière. Toutefois, des signes croissants indiquent que la période de “lune de miel” du nouveau gouvernement est bel et bien terminée, alors que les investisseurs s’inquiètent d’une corruption d’État enracinée et de la faiblesse persistante de l’économie.
- Lourenço a engagé une lutte à haute visibilité contre la corruption et cherché à mettre fin aux monopoles dans l’industrie. Cependant, jusqu’à présent, les seules affaires de corruption visées par son administration ont été motivées politiquement, permettant ainsi au nouveau président de faire taire les critiques et de délimiter son nouveau territoire politique.
En fait, la position vantée du président Lourenço en matière d’anti-corruption est davantage indicatrice de tentatives concertées pour détruire les influences de son prédécesseur et pour consolider son pouvoir total sur les institutions politiques de l’Angola, que d’une véritable volonté de réforme. Cela reste évident dans le secteur pétrolier, où son gouvernement a été réticent à poursuivre des réformes bien nécessaires. Des structures enracinées de favoritisme et de recherche de rentes ont été mises en place dans la compagnie pétrolière d’État Sonangol, facilitant les détournements au plus haut niveau de l’administration.
- Lourenço a par ailleurs nommé des personnes éminentes entachées d’allégations de corruption et de mauvaise gestion à des postes importants au gouvernement. Les charges retenues contre l’ancien vice-président Manuel Vicente, qui exerce aujourd’hui une influence sur la banque centrale d’Angola et sur Sonangol, pourrait être réitérées dès qu’un nouveau gouvernement arrivera au pouvoir au Portugal, ou que le sentiment politique aux États-Unis basculera dans une différente direction.
En parallèle, de récentes annulations de contrats pour des projets d’infrastructure majeurs, officiellement brandies dans le cadre d’une volonté de transparence, sont plus probablement motivées par un désir de rechercher des rentes supplémentaires auprès d’investisseurs étrangers participant à ces projets. Les projets de type “éléphant blanc”, comme le nouvel aéroport de l’Angola, entament l’image de M. Lourenço d’une personne favorable aux réformes et transparente.
Alors que les perspectives économiques sont timidement supérieures à il y a un an, le nouveau gouvernement recherche des milliards de financements supplémentaires auprès de banques chinoises pour financer l’expansion des infrastructures et maintenir à flot des finances publiques en difficulté. Juste au moment où les préoccupations concernant la viabilité de la dette de l’Angola se calmaient, le gouvernement s’est engagé vis-à-vis d’une nouvelle accumulation massive de dette chinoise. Cela est inquiétant pour le remboursement des arriérés aux sous-traitants étrangers et même pour la capacité de l’Angola à rembourser ses dernières euro-obligations.
La hausse des prix des denrées alimentaires, les fréquentes grèves et les coupes dans le secteur public déclenchent des manifestations et augmentent le risque d’émeutes dans les villes en Angola. Si le gouvernement de M. Lourenço ne s’engage pas prochainement entièrement en faveur d’une vaste réforme du secteur pétrolier et d’une gestion fiscale prudente, et n’adopte pas activement des initiatives de transparence, les perspectives d’investissement pour l’Angola se détérioreront fortement, alors que les investisseurs perdent confiance dans la gérance de l’économie de M. Lourenço.