Ma lettre de voeux à l’occasion du cinquantenaire de Madame Sandrine Nguemebe Endamane

Ma chère sœur Sandrine,

À l’occasion de ton premier jubilé qui a commencé hier, j’ai hésité entre une tribune publique et une correspondance privée. J’aurais préféré la deuxième option parce que c’est une adresse personnelle, je me suis imposé la première à cause de ton envergure communautaire sans cesse évolutive.

Nous nous sommes rencontrés il y a six ans sur un forum politique. En quelques conversations nous sommes devenus deux enfants d’une même mère. Pour moi tu es la fille que Bibili Mouele Esther avait malheureusement oubliée à la maternité du quartier Malaba de Ndéndé, et que la sage-femme Maganga Marie Claire avait judicieusement confiée à une merveilleuse nourrice du quartier Kinguele de Libreville.

Lorsque nous avons fait connaissance en 2018, tu étais en campagne législative dans le département du Woleu pour le compte du Parti Social Démocrate (PSD). Parmi tes adversaires directs, mon propre frère Martial Joseph Allogo  qui représentait l’Union Nationale (UN). Aïe. Martial est ma chair et mon sang. J’ai obtenu le CEP et le Concours d’entrée en sixième à l’école catholique Saint-Michel de Nkembo, entre les mains de deux femmes: la directrice Allogo Marie Christine et l’institutrice Nkili Germaine. Jusqu’à présent je me demande qui ces deux mamans préféraient entre leurs enfants biologiques et moi leur bébé d’adoption. J’ai suivi Martial au Collège Bessieux où se trouvait également ton grand frère Alino (Nguema Alain) et son meilleur ami Ulrich Moucketou Ayo Adibet. Ensemble nous avons marché de la 5ème jusqu’en terminale. Martial et moi avons toujours été dans la même salle de classe. Tu comprends pourquoi je remercie Dieu de ne pas avoir été inscrit dans votre circonscription électorale, préférant me battre dans un isoloir du Collège Louis Bigman avec les bulletins des amoïstes Franck Nguema et Jean Gaspard Ntoutoume Ayi.

Aujourd’hui je viens avant tout remercier et féliciter ta patience à l’égard de mon caractère difficile. Toi qui es à la fois psychopédagogue et catholique pratiquante, tu arrives à supporter mes mauvaises manières de « fils de jumelle ». Chaque fois que j’ai manqué à mes devoirs de frère, tu m’as pardonné sans hésiter, sans calculer, sans poser de question. Je sais que par éducation tu tiens en très haute estime le statut des garçons, pour lesquels tu voues une politesse quasi liturgique. Malgré cela, ma culpabilité ne me quitte pas. Je ne cesse de regretter mon absence à Oyem en décembre 2021, lors des inhumations jumelées de ton frère et de ta sœur biologiques. Ce rendez-vous manqué me reste en travers de la gorge. Puisse Dieu m’aider à me rattraper aussi vite que possible.

Je viens également dire bravo à ton rendu professionnel. À travers les réseaux sociaux je lis des multitudes de gratitudes à la source d’inspiration que tu es pour plusieurs générations d’élèves. Leur attachement à ta personne traduit un environnement propice à la compréhension du monde réel et au développement de l’esprit critique, aux célébrations des réussites académiques et des accomplissements intellectuels. Ces enfants sont venus croiser une professeure de philosophie, ils sont rentrés chez eux avec une mère et une coach pour la vie. Les juges coutumiers de la Louetsi disent: « muâne na babúti, muâne na bayèki » (un enfant a des (parents) géniteurs et des tuteurs ou (parents) adoptifs). Ubóta: engendrer, donner naissance. Uyâka: recevoir un enfant sur les mains, dans les bras ou sur les genoux; par extension adopter ou assurer la tutelle.

Comment ignorer ton attachement à notre précieuse Patrie, à ses peuples d’origine et d’adoption, à ses langues vernaculaires et officielle, à ses sociétés anciennes et ses projections futures. Ta plume philosophique qui associe harmonieusement la récurrence mathématique et les gabonismes du Grand Nord a progressivement conquis les réseaux sociaux, les médias publics et la presse privée. Abime té, c’est toi. Ma mane yah, c’est toi. Odzipement, c’est encore toi. Chez les uns tu as dissipé le brouillard de la phobie du dialecte fang, chez les autres tu as inoculé la valorisation des dialectes ekang, wumbu, sangu, tshogo, nzèbi, vungu, varama, kota, punu, puvi, benga, kanigi, sekiani, ghisir, myènè, akélé, viya, lumbu, vili, pindzi, simba, kwélé, mahongwè, okandé et j’en passe. Ce n’est pas tout. Lors de la suppression soudaine du statut de chef de famille dans le code civil gabonais, tu as publiquement défendu le complémentarisme de nos modèles endogènes plutôt que l’égalitarisme précipitamment importé du Commonwealth pour des appétits d’argent.

Comme si tout ce qui précède ne suffisait pas, tu viens de sacrifier définitivement ta tranquilité personnelle en créant un parti politique. J’ai cru comprendre que LES FONDAMENTALISTES (sur lesquels je reviendrai) militent pour la conservation des valeurs familiales traditionnelles, l’importance de la religion et de la spiritualité dans l’espace public, l’opposition au laisser-aller de l’État sur les questions confessionnelles et le scepticisme face aux importations anarchiques des spiritualités allogènes.

J’ai cru comprendre que sur le plan économique, LES FONDAMENTALISTES si s’inspirent entre autres du modèle marocain qui interdit aux non nationaux d’expatrier l’essentiel de leur argent, et de l’utiliser dans l’économie locale. Le même Royaume Shérifien bloquerait l’importation des fruits et légumes, du poulet et de plusieurs produits agroalimentaires, pour favoriser les producteurs locaux. Sur le plan diplomatique, LES FONDAMENTALISTES encourageraient un multilatéralisme enraciné sur la sécurité de nos alliances traditionnelles en Afrique et ailleurs, tout en florissant pleinement avec le reste des pays du monde. Arrêtons-nous ici pour revenir à l’événement majeur de cette semaine.

Joyeux anniversaire à toi qui illumines notre génération de ton éclat singulier, tel un remède précieux dans une aérobie de 56 années consécutives. Que ta nouvelle année soit pour toi-même et pour notre pays une prescription de bonheur et de bonne santé, avec une dose illimitée de succès et de prospérité. Que ton cheminement personnel soit parsemé de moments de rémission où le stress et les soucis s’évanouissent comme par enchantement. Puisses-tu connaître cinquante-deux semaines où chaque lever du soleil est une pilule d’allégresse à déguster sans modération. Meilleurs vœux à toi pour une année professionnelle et politique rayonnante, cernée de loyauté, de bienveillance et de lauriers comme des antidotes pour les tristesses qui ne manqueront pas.

Joyeux anniversaire à une sœur extraordinaire qui est une étoile dans le grand livre de la vie de notre Nation. Que ton existence soit comme un cahier blanc prêt à être rempli de moments mémorables, de découvertes passionnantes et de succès éclatants. Que chaque bougie soufflée depuis hier éclaire ton chemin vers la réalisation de tes rêves les plus chers. Meilleurs vœux à toi pour une année scintillante, où chaque minute est un chapitre rempli de satisfaction, de quiétude et d’affection.

Joyeux anniversaire à une femme politique qui mène sa vie avec bravoure et résilience. Que cette nouvelle saison soit un champ de bataille où tu remportes chaque combat avec grâce et détermination. Que chaque défi devienne une mission accomplie avec succès, que chaque obstacle soit vaincu avec audace et détermination. Que ta foi en Dieu et ton courage légendaire demeurent tes meilleures armes, que la sagesse divine soit ton bouclier permanent. Meilleurs vœux pour une année triomphante, où la victoire te revient sur chaque centimètre parcouru.

Lëba bóna. Qu’il en soit ainsi.

Libreville, le 07 juin 2024
*Philippe César Boutimba Dietha*

Paul Essonne

Journaliste

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