Le débat de Missélé eba’a: Une saison vraiment sèche pour le clan Bongo…

Jamais de toute l’histoire politique des Bongo au pouvoir, la situation politique, juridique et diplomatique n’aura été aussi compliquée.

En avril 2022, quatre enfants d’Omar Bongo ont été mis en examen à Paris dans le cadre des biens dits mal acquis. En juillet 2022, c’est une avalanche de révélations qui est tombée sur l’épouse d’Ali Bongo et leur fils aîné, Noureddine Bongo Valentin.

L’ancien directeur général de Gabon Oil Company (GOC), Patrichi Tanassa, incarcéré depuis bientôt trois ans pour des raisons aux contours flous, a publiquement affirmé devant des magistrats dit-on assermentés et devant des centaines de gabonais qu’il aurait donné plus d’un milliard de francs CFA pour nourrir les activités de la Fondation Sylvia Bongo Ondimba pour la famille par l’entremise de Jessy Ella Ekogha.

Dans un communiqué aux allures épidermiques malheureusement, la Fondation accusée et visiblement acculée dit n’avoir reçu que dix millions de francs CFA. Qui de Jessy Ella Ekogha, porteur desdits fonds, de la fondation incriminée et de Patrichi Tanassa dirait la vérité?

Les magistrats chargés de cette affaire sulfureuse auraient pu lire le droit en invitant à la barre les justiciables cités. Hélas, ils ont opté pour le viol de leur serment consacrant ainsi une justice à plusieurs vitesses avec à la clé des dispositions légales indiscutablement téléguidées depuis des officines obscures. Pauvre Gabon.

Pour ce qui est du cas Noureddine Bongo Valentin, Patrichi Tanassa soutient sans sourciller qu’il lui aurait donné des primes dépassant le milliard de francs cfa. On a envie de demander aux magistrats chargés de l’affaire de chercher à savoir, à quel titre et pourquoi?

Là encore, le manque de professionnalisme des juges chargés de cette affaire, dit-on, auraient prêté serment démontre qu’ils se sont fourvoyés. Toute honte bue, ils ont refusé de lire le droit en créant une République où les uns seraient des justiciables ordinaires et les autres des citoyens spéciaux. Que d’indignité.

Comme si cela ne suffisait pas, à travers l’intitulé premier de sa dernière parution, le journal Echos du Nord révèle que le fils du président de la République, Noureddine Bongo Valentin, aurait reçu dans un compte à Londres une somme de six milliards de francs CFA. Cet argent proviendrait de la vente d’un don de bus que le Brésil aurait fait au Gabon.

En principe, si cette information est fausse, le concerné devrait déposer une plainte pour diffamation. Son silence en dit long sur le caractère vrai de l’information donnée. En fait, après une telle révélation scandaleuse, dans les pays où la justice se veut sérieuse, libre et déterminée à faire son travail, une enquête judiciaire aurait déjà dû être ouverte pour déterminer le caractère avéré ou mensonger de cette affaire. Mais hélas, certains juges gabonais ont choisi d’enculer la République et ses lois comme cela avait été vulgairement prononcé à Ryad.

Noureddine Bongo Valentin ne serait-il pas un citoyen gabonais comme tous les autres? A la lecture des comportements ou des postures incompréhensibles des magistrats carriéristes, conditionnés et opportunistes qui ont géré cette affaire, le fils du président de la République serait un citoyen à part. Pourquoi donc? Or, c’est justement ce type d’injustice qui a toujours suscité et entraîné des débordements irréversibles. Que les magistrats concernés prennent toute la mesure de l’état d’esprit qu’ils créent dans le pays. Les enfants des autres ne sont pas des animaux.

Dans la même lancée, le peuple gabonais n’a même pas encore digéré les diverses révélations choquantes sur l’épouse du président de la République et son fils Noureddine Bongo Valentin que d’autres mises en examen d’enfants Bongo Ondimba viennent de tomber à Paris.

Or, l’un se voulait le parangon de l’humanisme à travers les actions posées qui tendent à se confondre à de l’humanitaire, hélas désormais sclérosé. Et l’autre, celui de la morale avec la fameuse opération scorpion anticorruption qu’il a accouplé aux innombrables taskforce impertinentes.

Décidément c’est l’hécatombe chez les descendants de Basile Ondimba tendance Bongo. On aurait dit une véritable saison sèche véritablement très aride. De mémoire de cette famille, jamais la division n’avait atteint de tel point de non retour symbolisé par les rendez-vous que les enfants Bongo se donnent dans les tribunaux hors des frontières gabonaises. Une faute grave qui devrait amener Omar Bongo à faire des tourniquets dans sa tombe, lui qui n’a jamais voulu que le linge sale des gabonais soit lavé à l’étranger.

C’est en cela que les saintes écritures devraient enseigner et canaliser cette famille car celles-ci rappellent qu’aucun royaume divisé ne peut régner. Et au niveau où les choses sont désormais rendues entre eux, il semble quasiment impossible de recoller les morceaux.

Symboliquement, le fait de perdre ce qui constituerait leur force, c’est-à-dire leurs innombrables biens matériels et financiers, on voit bien que le clan Bongo, en plus de perdre sa superbe, sa crédibilité, s’éloigne de plus en plus du cœur du pouvoir. Et la France dans cette situation, elle qui avait donné le fauteuil présidentiel à Omar Bongo en 1967 à Paris en modifiant étrangement la Constitution, est entrain de corriger ce que nombreux considèrent depuis toujours comme une faute.

Désormais, les Bongo sont invités à la table des additions: c’est à dire sur le banc des accusés, au tribunal de Paris, sur les terres de De Gaulle et de Jacques Foccart.

Vous avez dit « fin de la Françafrique? », nous y sommes plus que jamais, à travers cette situation inédite des relations franco-gabonaises. Les codes diplomatiques qui couvraient certaines tares de gestion et certains viols faits à la démocratie par le pouvoir en place ont désormais sauté. L’isolement du pouvoir gabonais qui s’en suit ne le laisse malheureusement à l’abri d’aucun danger.

L’adhésion du Gabon au Commonwealth et la visite d’Emmanuel Macron au Cameroun sont le symbole d’une déchirure évidente. Avec l’état sanitaire fragilisé du président de la République, il convient pour plus d’un de bien choisir son camp. Car, en politique, seul le rapport de force compte.

Comme pour ce qui est du cas des Bongo, le fait que certains d’entre eux ne se soient pas détachés ou dissociés à temps des acteurs de leur famille qui squattent maladroitement le sommet de l’État fait qu’ils subiront le rejet amer et nocif de tous leurs anciens alliés. A cet effet, les cercles autour du pouvoir sont invités à faire le même exercice avant qu’ils ne soient confondus à tout le désordre ambiant qui règne.

L’élection présidentielle de 2023 ne sera vraiment pas comme celle de 2016 ou 2009.

Par Télesphore Obame Ngomo

Paul Essonne

Journaliste

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