Le débat de Missélé eba’a: L’heure du revers…

En 2016, quelques mois avant l’élection présidentielle, les « courtisans  » et  » vendeurs d’illusions  » qui gravitaient autour d’Ali Bongo Ondimba se plaisaient  à clamer haut et fort, et à qui voulait l’entendre, que le président de la République sera réélu avec 70% au minimum. La réalité violente qui a failli lui être fatale a bien prouvé le contraire. L’histoire étant sévère, on retiendra que les chiffres présentés on fait du Gabon un expert dans la gonflette électorale pour parler comme Pierre Moroy.

C’est dire que cette déclaration qui pouvait aisément se confondre à de la folie n’était jamais suivie d’un argumentaire objectif pouvant justifier sa crédibilité. Or, il aurait été judicieux qu’après avoir prononcé une telle affirmation, l’on nous égraina le chapelet de réalisations qui allait avec et qui changeait le quotidien de la majorité des gabonais. Hélas, nous étions vraiment en pleine séance d’affabulation. Tous les grands projets du premier septennat se sont soldés par un échec et les preuves sont là. La baie des rois est restée une maquette géante. La Marina, une montagne de sable. Et le projet Graine, une graine qui ne germera jamais. Là ce sont les faits.

Nourri de ces expériences vérifiables, on se demande, sans grande surprise d’ailleurs, l’expérience aidant, comment certains peuvent espérer maintenir au pouvoir un Ali Bongo Ondimba qu’ils ont soigneusement isolé puis politiquement décapité? En d’autres termes, les proches du président de la République, après l’avoir rendu malade, l’ont coupé de tous les témoins de son histoire et de sa trajectoire.  Une telle stratégie ne peut qu’avoir des effets dévastateurs. Et comme disent les francs-maçons « Tout dans la vie est symbole ».

Voici des gens qui font croire au président de la République qu’ils pourront gérer son élection à venir quand ils ne parviennent même pas à réaliser le moindre projet pouvant le vendre auprès des gabonais et des partenaires du Gabon. L’opération scorpion est un échec décrié à l’international. Osons espérer qu’un mécanisme ne soit pas trouvé pour dégager le Gabon du conseil de sécurité de l’ONU avec le non respect d’une décision prise par une de ses instances.

La gestion du covid-19 est un échec. Après avoir plombé l’économie par des restrictions devenues ridicules et violé les libertés individuelles des citoyens, on ne comptabilise plus les grossiers détournements constatés et énoncés par le copil citoyen. Finalement les derniers voleurs de la République ne sont pas ceux qui ont été jetés abusivement en prison. Nul doute que le prochain président de la République complétera sous peu la liste des locataires de la prison centrale de Libreville.

La transgabonaise qui avait déjà subi une slave à l’assemblée nationale est restée une grande arlésienne. On n’en entend plus parler. Et dire que la répétition de son refrain rivalisait avec le fameux  » Gabon  émergent à l’horizon 2025″ ou  » laissez nous avancer » qui a carrément disparu. Peut-être parce que les marcheurs ont disparus après être tombés dans un trou.

Comme si les échecs comptés n’étaient pas suffisants, il eût y fallu ajouté le braquage de la présidence de la FEGAFOOT qui malheureusement s’est également soldé par un échec. Pierre Alain Mounguengui a bel et bien été réélu au grand dam des arrangements obscurs et des cabales dégueulasses contre l’image de notre pays. La seule chose positive dans cette situation est que le mercenaire Molina dégagera de la sphère nationale. Sa mission ayant connu la même fin que celle de Bob Denard face au vaillant général Eya Thomas qui nous a quitté. Salir son pays, sacrifié ses compatriotes pour nourrir un funeste projet est tout simplement pathétique.

En France, pays dit des droits de l’homme, les collabo furent condamnés à la peine capitale. Les femmes furent tondues et condamnées à sillonner les routes de France toute nue. Au nom de la dignité du Gabon, on devrait y réfléchir très sérieusement.

Dans ces conditions, comment penser un seul instant que ces gens seraient capables de faire élire Ali Bongo Ondimba dans son nouvel état de santé fragilisé?

De plus, toujours sur le plan des réalisations, chacun peut, dans son quartier, dans son village, dans son lieu de travail ou dans sa maison, se poser la simple question de savoir: qu’est-ce qui a changé dans « mon environnement » pour que « je » puisse accorder du crédit ou un mandat supplémentaire au président de la République?

Autrement dit, la route de mon quartier, l’école de mon village, l’hôpital de la ville, la situation sociale et professionnelle de mes enfants, le niveau de vie des gabonais en général ont-ils évolué pour que chacun puisse soutenir que l’égalité des chances proposé en août 2016 a été un succès? Dans le même état d’esprit, les partenaires et amis du Gabon sont-ils satisfaits de la qualité des relations que les responsables du bord de mer entretiennent avec eux?

Selon de nombreuses indiscrétions, la récente visite au Gabon du Chef d’état-major français des armées, Thierry Burkhard, ne fut pas  de nature à renforcer les liens déjà tendus entre Libreville et bien des capitales des grandes puissances de ce monde, notamment Paris et Washington. Aussi, cet homme en uniforme est venu, à la demande du président Emmanuel Macron, comprendre le dernier vote du Gabon lorsqu’il s’est agi de suspendre la Russie du Conseil des droits de l’homme des Nations unies. Pour les initiés, nombreux ont compris que la ligne rouge avait été franchie. Plus rien ne sera comme avant. Plus que jamais il y a une forte probabilité d’alternance dans notre pays.

En effet, depuis les indépendances, le Gabon et la France n’ont jamais eu autant de rapports exécrables. C’est dire que certains individus peu sage au sommet de l’État doivent prendre conscience de l’amertume de la pilule qui leurs sera donnée le moment venu qui est très proche. Jean Ping en sait quelque chose, lui qui avait osé défier l’Occident, Paris et Washington essentiellement sur le cas Kadhafi. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, pourquoi penser qu’Ali Bongo ne subira pas le même revers quant à ses positions, légitimes ou pas, sur le cas Ukrainien?

Aucune personne sensée, prudente et prévoyante dans le pouvoir ne peut prendre le risque de s’aventurer dans un zèle qui le conduirait sans aucun doute sur des sentiers dangereux et périlleux au moment où la majorité des gabonais tirent le diable par la queue et les partenaires stratégiques et historiques du Gabon regardent désormais le pouvoir en place du coin de l’oeil en comptant ses jours. La chute de Laurent Gbagbo enseigne tellement que s’investir dans un bras de fer inutile est juste suicidaire.

En dehors d’Alain Claude Bilié By Nzé au gouvernement qui peut prétendre avoir volé au secours d’Ali Bongo Ondimba en 2016 lorsque la dynamique Ping terrassait son pouvoir? A ce niveau de pouvoir, il n’y a pas de place pour les apprentis sorciers. Les pressions sont d’un niveau à vous rendre malade. Nul doute que les malchanceux l’apprendront à leur dépens.

Si la France qui a toujours été considérée, à juste titre par les faits, comme étant le principal bouclier du pouvoir gabonais, renvoie à celui-ci la monnaie de sa pièce en terme d’arrogance, comment Ali Bongo Ondimba et les siens comptent-ils faire pour s’en sortir? Si la majorité des soutiens du président de la République depuis 2009 continue de ruminer leurs frustrations, comment le pouvoir d’Ali Bongo Ondimba entend t-il se maintenir au sommet de l’État? Si la majorité des gabonais continue de vivre dans la pauvreté, le chômage et la maladie, comment le pouvoir d’Ali Bongo Ondimba compte t-il canaliser toutes ces énergies négatives par les temps incertains qui courent? Ça fait trop.

Autant de situations graves qui ne peuvent que mal se terminer. Dès fois, il faut savoir quitter la fête avant qu’elle ne vous quittât. C’est inévitable, la fin de cette aventure politique n’est pas des plus enviables. Le film Titanic de James Cameron est la meilleure illustration que l’on  puisse faire de la situation politique au Gabon. Le réveil sera difficile parce que la pilule aura été trop amère.

Au moins nos affirmations sont nourries par des arguments vérifiables. Une chose que ne sait malheureusement pas faire la Capote percée, zut la Calotte, un journal à la solde de l’infographe du palais de bord de mer. Chacun fait son lit comme il veut se coucher. Le rendez-vous avec l’histoire est pris.

Par Télesphore Obame Ngomo

Paul Essonne

Journaliste

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