Plusieurs défis entravent la mise en œuvre de l’Agenda 2030 sur le développement durable dans le monde. En partant des crises humanitaires aux crises économiques et militaires, le monde fait face à une série de défis, qui doivent être relevés par des solutions humaines, mais aussi technologiques.
À ce jour, des pays comme le Liban, l’Iran et la Palestine ne disposent pas d’une stratégie nationale de développement durable, ni d’un plan économique national, ni d’une stratégie de réduction de la pauvreté.
La résultante de ce genre de défis est que les Objectifs de Développement Durable (ODD) ne seront pas atteints dans les temps fixés, entre 2022 et 2030 aucune mesure ou réforme ne pourra faciliter la matérialisation de ces Objectifs universels, compte tenu du manque de discussions et négociations pertinentes qui doivent au préalable permettre d’établir les bases du développement.
Défis politiques.
Dans certains pays d’Afrique, du Moyen-Orient, et d’Amérique latine, le système politique se caractérise par la partition confessionnelle du pouvoir, qui est à l’origine de nombreux défis structurels. Ce système affaiblit les institutions de l’État et la gouvernance, et permet la concentration du pouvoir entre les mains de quelques leaders politiques ou confessionnels. Ainsi, tout accord entre ces « vénérables maîtres tout-puissant » s’applique aux institutions étatiques/publiques tandis que leur désaccord les paralyse. La description expressive de ce système met en évidence « l’État faible, mais le pouvoir relativement fort » où le pouvoir n’est pas au sein de l’État.
De toute évidence, l’instabilité politique a un impact sur l’économie et les performances institutionnelles de chacun de ces Etats. Ces pays ont prouvé leur capacité à organiser des élections générales, mais malheureusement, les dirigeants généralement au pouvoir évitent toute incertitude en empêchant tout examen qui pourrait apporter des changements au statu quo, ce qui forcément a un impact négatif au niveau des tendances géopolitiques régionales et sous régionales.
Dans ce contexte, la planification et la mise en œuvre des politiques deviennent extrêmement compliquées. La faible gouvernance, le cadre institutionnel fragile et le manque de transparence favorisent la corruption, l’impunité et l’ingérence politique dans le système judiciaire.
La transparence budgétaire est également problématique ; les documents budgétaires sont à peine disponibles. Les lois budgétaires officielles sont soit obsolètes, soit récentes mais falsifiées.
D’autre part, le cadre administratif est largement inefficace et des réformes structurelles sont nécessaires pour accroître son efficacité à mettre en œuvre et à émettre des décrets. En outre, il n’existe pas de mécanisme institutionnel pour faciliter le dialogue social, car le Conseil économique et social de chacun de ces pays, qui est l’un des éléments essentiels de la participation à l’élaboration des politiques, est soit paralysé soit sous contrôle.
Défis socio-économiques.
La plupart des pays suivent le modèle économique libéral, s’appuyant principalement sur le système bancaire, les services financiers, et le tourisme. La production et l’agriculture sont souvent reléguées au second plan, ce qui en fait des secteurs relativement inactifs. Depuis plusieurs décennies, les pays capitalisés accordent une plus grande attention aux services financiers et immobiliers.
La reconstruction après les guerres soit civiles soit militaires relance les processus économiques, obligeant les pays à faire un recours excessif à l’emprunt. Cette mesure est fréquemment adoptée par les pays en développement, dans les périodes post-conflit.
Les dettes publiques en pourcentage du PIB dépassent majoritairement 50 % depuis plusieurs années, les principaux investissements générés par l’augmentation des emprunts ciblent les infrastructures, la reconstruction et les secteurs des services, le plus souvent par le biais du secteur bancaire privé.
En conséquence, les bénéfices du secteur bancaire augmentent de manière significative, laissant ainsi un vide dans les intérêts publics des Etats. Le secteur bancaire privé peine donc à prêter aux acteurs du secteur privé, en ce qui concerne les investissements et les projets dans les secteurs productifs.
Outre les problèmes d’endettement croissants, l’économie de plusieurs pays ne génère pas d’opportunités d’emploi suffisantes et décentes, servant d’économie de services à faible valeur ajoutée, orientée vers l’extérieur et dépendante des capitaux étrangers. Le secteur privé a toujours joué un rôle actif dans la prestation de services, bien que les pays ne disposent d’aucun mécanisme de sauvegarde pour garantir les droits publics par rapport aux intérêts privés.
En outre, la concentration du pouvoir entre les mains de quelques-uns, la faiblesse de l’administration publique, le manque de transparence (notamment dans les marchés publics) et de mécanismes de responsabilité, la prévalence de la corruption sont des facteurs qui ont facilité la naissance de copains oligarques, profitant de ces opportunités pour accumuler des fortunes fabuleuses sur le compte de la richesse nationale.
La croissance économique durable a été sérieusement entravée par le manque de diversification économique et la concentration de l’activité économique dans des secteurs, tels que l’immobilier et la finance, qui n’ont pas réussi à générer des retombées positives sur l’économie globale.
Par quels rouages, l’économie de plusieurs pays va-t-elle être relancée, pour l’atteinte des Objectifs universels du Développement Durable ? La question reste en suspens, encore huit années pour redresser la pente.
William V. Iwandza, Consultant