Accaparement des biens publics de l’Etat par des individus et dépouillage de l’Etat ( le billet sarcastique de Serge Abslow)

Au rythme où il s’appauvrit à cause du saccage systématique de ses élites, on peut légitimement se demander si le Gabon sera encore digne d’envie un jour prochain? Ses élites seront-elles encore un jour capables d’honnêteté, de générosité, de solidarité et d’altruisme, à l’égard de leurs compatriotes les plus défavorisés? Je ne le crois pas tant les gabonais disposant d’un brin de pouvoir de l’état, ont cette fâcheuse tendance à prendre pour soi, ce qui appartient à tous, dans le but de s’enrichir vite et sans bornes, afin de devenir assez puissants pour espérer le demeurer longtemps. 

Alors, du haut des positions dominantes que leur confèrent les fonctions dans l’administration, fonctions dans lesquelles ils se relaient depuis des décennies, ces éternels puissants, appauvrissent l’état sans vergogne depuis tant d’années, en le dépouillant de tout ce qu’il possède, dépossédant aussi leurs compatriotes les plus modestes de leurs droits les plus élémentaires, d’une part, et des petits avantages liés à leurs divers statuts professionnels, d’autre part.

Ces élites sont boulimiques du pouvoir, de l’argent et des biens qu’ils extorquent à l’état par toutes sortes d’acrobaties. C’est le cas avec le partage du parc automobile de l’état. Ces véhicules rutilants que seuls les hauts fonctionnaires affectataires ont le droit de réformer et qui saturent leurs parkings bondés. Peu importe qu’ils en aient déjà reformé 1, 2, 3 voire même 4, ils ne renoncent jamais à cet avantage au profit de leurs subalternes collaborateurs. Parfois, en une année, ils rachètent à l’état au franc symbolique, et leur véhicule de fonction et ceux affectés aux services sous leur autorité.

Cette vente aux enchères annuelle des véhicules administratifs aux seuls puissants, est un commerce lucratif où s’exercent les trafics d’influences qui profitent exclusivement à ces privilégiés de la haute administration. Les petits fonctionnaires, eux, n’en profiteront que sur seule recommandation de ces grosses légumes, à leurs collègues officiant au Patrimoine d’Etat, à la condition d’être leurs amis, leurs parents ou leurs amants.

Il en va des véhicules comme il en va de l’immobilier. Les biens immobiliers de l’Etat, maisons, immeubles, terrains, qu’ils relèvent de son domaine public ou privé, sont bradés chaque année à ces hauts fonctionnaires dans tous les coins du Gabon. Les propriétés de l’état sont alors transférées en jouissance ou en usufruit, à ces mêmes gabonais qui l’ont déjà dépossédé de ses moyens roulants. En plus de les payer grassement tout en se faisant voler impunément les budgets gérés par ces bandits au col blanc, le même état qu’ils incarnent, leur cède aussi à vil prix, son patrimoine immobilier.

Ces hauts fonctionnaires dont certains n’ont de mérite que d’avoir été nommés en Conseil des ministres, mènent alors grand train sur le dos du contribuable gabonais qui leur assure par ailleurs comme une cerise sur le gâteau, en sus de leurs salaires et primes déjà faramineux, de leurs patrimoines immobiliers et roulants extorqués, carburants, restaurants, vêtements,  voyages… pendant ce temps, les fonctionnaires gabonais lambda, au service du même état, tirent quotidiennement le diable par la queue avec des salaires et des primes de misère qui ne leur permettent plus de joindre les deux bouts.

Non contents de déposséder l’état central de son patrimoine roulant et immobilier, ils poursuivent aussi leur voracité dans le domaine privé de l’état, où leur mafia s’étend jusqu’aux différents programmes de logements économiques ou sociaux initiés par les sociétés para publiques ou privées. Avec la fortune déjà accumulée par ailleurs durant toutes ces années de rapt en bandes organisées, ils ravissent encore des villas et des appartements destinés aux gabonais moyens. Par le jeu de leurs magouilles bien huilées, ils possèdent 2, 3 ou 4 logements dans tous les lotissements où ils logent leur parentèle.

Désormais sans aucune limite, il est légitime de se demander quelle sera la prochaine étape de cette grande braderie des biens publics à ces puissants? Après les voitures de l’état, achèteront-ils bientôt ses hélicoptères, ses avions, ses trains et ses bateaux? Après les maisons, les immeubles, les hangars, les hôtels et les cités de l’état, achèteront-ils bientôt aussi ses routes, ses ponts, ses ports et ses aéroports? Après les terrains bâtis et non bâtis de l’état sur tout le territoire national, achèteront-ils bientôt aussi ses forêts, ses mines, ses plages et ses îles? Rien ne les arrête de toute évidence!

Un tel acharnement à déposséder l’état central pour enrichir des individus, relève assurément d’une bestialité qui n’a d’équivalent que la voracité des piranhas face à une proie ennemie. La course au détroussage, au dépouillage et au pillage des biens publics à laquelle se livre sans pudeur nos élites, n’est ni plus ni moins que l’accaparement par quelques individus, des richesses destinées à tous les gabonais. A défaut de relever d’un élan schizophrénique, ce braquage des biens de l’état en bandes organisées par ces brigands au col blanc, est plus proche de l’animalité que de l’humanité.

On m’a appris autrefois que « Union, Travail, Justice » est la devise de ce pays. Aujourd’hui, je cherche désespérément à donner un réel sens à ce triptyque. Car où est L’UNION quand certains gabonais s’accaparent le patrimoine public, sans penser au plus grand nombre? Où est la force de la valeur du TRAVAIL quand on  devient riche en volant impunément l’état? Où est enfin la JUSTICE quand les biens de tout un peuple sont ainsi accaparés par une minorité? Lorsque les élites choisissent d’être les ennemis de leur peuple et de leur pays, que peut-on encore espérer de positif d’un tel pays?

Sarcastiquement vôtre !

Paul Essonne

Journaliste

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