La CENAP ou l’aude aux collabos.

La Commission Electorale Nationale Autonome et Permanente (CENAP) au Gabon est un organisme en charge de la supervision de la mise en œuvre des procédures électorales. 30 ans après l’instauration du multipartisme, le constat au niveau des résultats des élections présidentielles semble être identique tant les présidents en place sont reconduits : feu Omar Bongo Ondimba et son fils Ali Bongo Ondimba. Des pourcentages vertigineux reflétés dans les suffrages qui découragent les gabonais pourtant acteurs principaux dans les scrutins électoraux présidentiels. La majorité de la population ne se retrouvant pas dans l’expression de leur vote au niveau des chiffres des suffrages.

L’article 163 de la loi n°7/96 du 12 mars 1996 sur les élections politiques au Gabon porte organisation des services de la CENAP qui a pour missions la désignation des représentants dans les commissions d’établissements ou de révision de liste électorale ; la fixation du calendrier électoral ; la vérification et l’affichage de la liste électorale provenant du Ministère de l’Intérieur ; la réception et le traitement des dossiers de candidatures aux différentes élections ; l’établissement des bulletins de vote ; l’organisation et l’administration des opérations de vote ; le recensement et la centralisation des résultats électoraux. La CENAP est également chargée de faire annoncer les résultats électoraux par le Ministre de l’Intérieur et de les transmettre à la Cour Constitutionnelle.

Cependant depuis l’arrivée de la démocratie au Gabon en 1990, les résultats des élections présidentielles émanant de la CENAP donnent à chaque fois pour vainqueur les présidents en place. Le cas d’Omar Bongo Ondimba en décembre 1993 qui dispute sa première élection présidentielle avec des adversaires. Il remporte le scrutin de 51% des suffrages sur ses concurrents. En 1998, il est réélu à plus de 66% des voix. Le 27 novembre 2005, il se maintient au pouvoir avec 79,18% des suffrages. Omar Bongo Ondimba devient donc le candidat imbattable en compagnie de son Parti Démocratique Gabonais (PDG) et ce, depuis la venue du multipartisme en 1990. Ce dernier remporte brillamment toutes les élections présidentielles.

Le 03 septembre 2009, Ali Bongo Ondimba fils d’Omar Bongo ondimba, adoubé par le PDG parti au pouvoir à l’ère du père jusqu’à présent, est élu Président de la République avec 41,7% des voix contre 25,6% pour Pierre Mamboundou et 25,3% pour André Mba Obame. L’histoire se répète à l’élection présidentielle du 27 août 2016, le président en cours Ali Bongo est maintenu avec 49,8% des voix contre 48,2% pour Jean Ping battu à 1,6% d’écart. Après des contestations et des accusations de fraudes, le 24 septembre 2016, la Cour Constitutionnelle donne pour vainqueur Ali Bongo Ondimba finalement avec le score de 50,65% des voix contre 47,24% des suffrages pour Jean Ping. L’écart de 03,41% entre les deux candidats toujours en évidence. Des chiffres appuyés par la CENAP qui n’a fait qu’aider à maintenir ces présidents malgré des vives contestations exprimées par les opposants au régime (partis politiques de l’opposition et la population).

Ainsi de 1990 à 2020, les présidents en place ont dirigé sans discontinuité le pays. La CENAP a été le terreau des exploits des candidats au pouvoir. Ce qui est paradoxal. Car elle a la responsabilité de la supervision des élections laissant les gabonais perplexes et sceptiques quant à la pertinence de ses résultats. On ne pourrait nier une certaine connivence entre cet organe et l’Etat d’où la contestation apparaît comme seul moyen de revendication ou de réappropriation du scrutin. La CENAP étant relié au pouvoir en place, elle met en danger le devenir des valeurs démocratiques en République Gabonaise.

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