Plusieurs morts à sans famille, on parle d’au moins une cinquantaine de personnes décédées du Covid-19 à la maison d’arrêt de Libreville, c’est l’omerta. Tous les prisonniers politiques à savoir Oyougou Pascal, Zibi Bertrand et la bande à Laccruche sont internés au petit dispensaire de la prison à même le sol, dans les conditions inhumaines en violation des droits humains.
En effet, les prisonniers vivent parfois dans la promiscuité et l’insalubrité, à partager une cellule de quelques mètres carrés ou un dortoir collectif. Ils présentent un moins bon état de santé que la population générale. Les gestes-barrière à adopter se heurtent aux conditions matérielles et à un accès aux soins inégal.
Force est de constater que le Gabon fait fi de ses propres lois et entassent les personnes et les problèmes au mépris du droit, de l’éthique et de l’efficacité. Il en résulte une inquiétude profonde et, pour certains, une véritable anxiété, partagée par les personnes détenues et celles qui en ont la garde.
Selon une infirmière qui a requis l’anonymat, « tout est mis en œuvre pour qu’ils meurent tous, personne ne veut s’en occuper. Le pire, nous n’avons pas de matériels, ni des protections. Lorsque que quelqu’un décède en détention, on enlève le corps et on va l’enterrer nuitamment » dira cette dame aux yeux pleins de mélancolie. Depuis une semaine, Brice Laccruche et Pascal Oyougou sont dans un état critique.
Des drames qui soulèvent de nombreuses questions. Celle de l’opacité qui entoure souvent ces morts ; du silence opposé aux questions des proches, familles et codétenus, d’autant plus violent qu’il semble teinté d’indifférence. Celle du manque de considération donnée à l’humain, par la maison d’arrêt de Libreville, et même l’Etat, empêtrés dans ses logiques gestionnaires et sécuritaires. Et qui au final, se protègent plus qu’ils ne protègent. L’heure est à l’analyse. La vague du Covid-19 a fait d’énormes dégâts. Il est temps de compter les victimes, de réparer les dommages et de tirer les leçons qui s’imposent.