Alors que l’attention publique semble centrée sur des enjeux politiques tels que la Constitution, le référendum, et les discours de certaines figures de l’opposition comme Billy Bi Nze, un drame silencieux se joue sous nos yeux, celui de l’éducation de nos enfants. Les conditions désastreuses dans lesquelles ils tentent d’apprendre sont autant d’obstacles insurmontables à l’épanouissement intellectuel et à la construction d’un avenir serein. Des images et vidéos accablantes nous parviennent de ces classes pléthoriques, où certains élèves, faute de place, sont contraints de rester debout ou assis à même le sol.
Peut-on réellement prôner l’excellence et la réussite scolaire dans un tel environnement ? Comment motiver des apprenants, jeunes et vulnérables, à se concentrer et à aspirer à des lendemains meilleurs, lorsque le cadre même de leur instruction les prive des conditions minimales de dignité ? Il semble évident que cette situation constitue un facteur majeur de décrochage scolaire et de délinquance juvénile. Un enfant qui, dès le plus jeune âge, est confronté à des conditions d’apprentissage indignes, développe inévitablement un désintérêt croissant pour ses études. Ce désintérêt le précipite souvent dans les bras de la rue, où il est exposé à toutes sortes de dérives.
Si la responsabilité des parents, parfois démissionnaires, est incontestable, il n’en demeure pas moins que l’État joue un rôle prépondérant dans cette crise éducative. Ce fléau n’est certes pas nouveau, mais il est particulièrement révoltant de constater qu’il persiste sous le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI). En dépit de la promesse d’un renouveau, nous continuons d’assister à des scènes d’un autre âge, où l’éducation, pilier de toute société moderne, est reléguée à une condition misérable.
Il est légitime de se demander : si dans la capitale, des classes présentent un tel tableau, que dire des établissements situés à l’intérieur du pays, dans des zones encore plus reculées et souvent oubliées (Levinda, Mambonga, Lebagni, etc.)? L’injustice criante que subissent ces enfants, dont l’avenir est compromis dès les bancs de l’école, exige une action immédiate et concertée. Il est temps de réagir, de mettre un terme à cette indifférence coupable qui condamne des générations entières à l’échec et à l’exclusion.
La réforme éducative doit cesser d’être un slogan creux et devenir une réalité tangible. Le CTRI, en particulier, se doit d’honorer sa mission de restauration des institutions en faisant de l’école une priorité nationale. L’avenir de notre pays se joue aujourd’hui dans ces classes, et il est de notre devoir de ne pas détourner le regard.
Marthe Prisca