Les dernières nominations issues du conseil des ministres du jeudi 5 décembre fruit du énième remaniement du gouvernement, ont vu une arrivée de taille, celle de Nourreddin Bongo Valentin, fils d’Ali Bongo et de Sylvia au poste de Coordinateur général des affaires présidentielles, confirmant ainsi la mise en orbite de cet adolescent finissant.
Un président adjoint ! C’est ce qui transparait du poste crée et taillé sur mesure confié à NoureddinBongo Valentin, fils d’Ali Bongo Ondimba, C’est une première. Car la fonction de coordinateur général des affaires présidentielles n’existe pas dans l’organigramme de la présidence de la République malgré la rhétorique infructueuse de Jessye Ella Ekogha, le nouveau porte-parole de la présidence de la république pour justifier cette imposture. Il est dans son rôle. La conséquence saute aux yeux : toutes les autres fonctions satellites au président de la république jusqu’à celle de directeur de cabinet, sont en dessous du coordinateur. A l’époque d’Omar, pareille incongruité n’aurait été possible. Même sa fille, Pascaline dont on soupçonnait la mise en orbite, se contentait de la fonction de Haut-représentant quand bien même, et c’est un truisme de le dire, ses missions étaient plus élargies.
Selon le projet de décret portant création et fixant les attributions et avantages du Coordinateur général des affaires Présidentielles, ce dernier « Assiste le Président de la République dans la conduite de toutes les affaires de l’Etat et veille à la stricte application de ses décisions ». Le président, outre ses liens de famille, est devenu son alter égo. C’est d’ailleurs le même rôle qu’avait joué M6 devant un Hassan II finissant. Le récent séjour en catimini à Libreville de Mohamed VI est-il à mettre sous cet angle quand on connait sa proximité avec Ali et la famille Bongo ? On est tenté de le penser.
Mieux.C’est le premier ministre, selon la constitution, qui implémente via son gouvernement, les grandes lignes du projet politique du chef de l’Etat sur lequel il a été élu, et « Veille à leur stricte application ». Désormais, Nourredin a les mêmes prérogatives que Julien Nkoghe Bekale et se trouve un cran au-dessus de lui puisqu’il « Assiste le président de la république dans la conduite de toutes les affaires » et parle donc en son nom et peut, par conséquent lui donner des « consignes » au nom du président de la république ! Ces « consignes » peuvent-être des nominations dans l’appareil administratif (Directeurs de sociétés parapubliques et d’administrations, SG etc.) et sécuritaire (armée, force de police, gendarmerie etc.). Toutes ces prérogatives sont désormais entre ses mains et celles de la nébuleuse qui l’entoure et tire les ficelles dans l’ombre.
Comment concentrer autant de pouvoirs entre les mains d’un ados de 27 ans, dont les seuls faits d’armes sont : la production d’artistes hip-hop, la restauration avec Le Mayina situé au bord de mer, les taxis jaunes, Le stage longue durée effectué dès 2014, à 22 ans, à Olam à coté de Gagan Gupta, son directeur général et une société d’investissement, Shanah investments Ltd, basée à Londres? Sur le plan politique, aucun engagement ni au sein du PDG dans sa section UJ, ni au sein de l’AJEV. Comment, à partir de ce CV moyen, pourrait-on « Veiller à la stricte application » des grandes lignes et des orientations du Chef de l’Etat ? Ça fait désordre et rappelle dans la conscience collective, le cas de Karim Wade. Si la constitution donne au chef de l’Etat le pouvoir discrétionnaire de nommer qui il veut aux fonctions de son choix, nul besoin de polémiquer. Mais quand même !
Noureddin Bongo Valentin dispose d’un cabinet dont les membres, à commencer par son directeur de Cabinet Ian Gyslain Ngoulou, sont conseillers spéciaux du président de la république. D’ailleurs l’intitulé des fonctions est volontairement anachronique. Les concepteurs de ce parjure ont pêché par ignorance et par omission. Toujours est-il que tous les conseillers du président de la république, sont aussi conseillers de Nourredin, le président de fait. Tous les membres ou presque du cabinet présidentielet du coordinateur ont été débauchés soit à Olam, soit à la fondation de la première dame. Une autre catégorie est issue du cercle d’amis de Nourredin.
On peut citer, Théophile Ogandaga, ex DGA d’Olam et actuel DC d’Ali Bongo. Son adjoint, Mohamed Ali Saliou, fils de l’Imam de Libreville Oceni Ossa et grand ami de Nourredin. Il a en charge les affaires financières,prérogatives arrachées à Gérard Fanou,ex chef de cabinet, ancien de BGFI et proche de BLA. LaetitiaYuinang, conseiller du président de la République, conseiller juridique et administratif du coordinateur, est aussi une transfuge d’Olam.
De plus, le porte-parole de la présidence, Jessye Ella Ekogha, fils de l’ex chef d’état-major Jean Claude Ekogha, est un ancien de WPP,le géant britannique des relations publiques et de la communication. Cette société a été sous contrat avec la présidence gabonaise, lors de la présidentielle de 2016. C’est Jessye Ella Ekogha, véritable virtuose du digital qui a été son représentant au Gabon durant cette période charnière. Sylvia Bongo aurait jeté son dévolusur le jeune homme et engagéau sein de sa fondation en 2018,jusqu’à récente nomination en tant que Porte-parole de la présidence.
Les accointances familiaro-affairistes-religieuses de ce clan qui a pris possession du bord de mer et de la république, cultivent l’entre-soi. C’est larépliquedu système reproché à leurs prédécesseurs. Ils font du BLA sans BLA. On se souvient en effet que Brice Laccruche Alihanga avait pioché au sein de BGFI Bank, sa jeune garde avant de les transformer en jeunes loups politiques aux dents longues au sein de l’AJEV, son cheval de Troie.
Ainsi, lorsqu’Ali Bongo Ondimba demande,lors du premier conseil de l’ancienne/nouvelle équipe gouvernementale,d’inscrire l’action de ce gouvernement sous « Le signe de la rupture, de l’éthique, de la loyauté, de la responsabilité et l’efficacité », de qui se moque-t-on ? Son inviteest du déjà entendu avec les conséquences détestables dans les finances aujourd’hui. Hier, les Ajeviens, à leur arrivée, ont vanté une gouvernance salubre, dépouillée des oripeaux d’une république bananière.
Sauf que trois ans après, le réveil des populations est brutal avec des cratères financiers évalués en milliards aux mains d’une coterie politico-administrative. Le projet politique du chef de l’Etat « L’avenir en confiance » jeté aux Calendes grecques, n’est pas au tiers de sa réalisation ce, dix ans après. Le budget 2018- 2019 avait accordé plus de 60% à l’investissement, a failli donner des crises d’apoplexie aux députés de la 13èmelégislature (actuelle) lors de la conférence budgétaire 2019-2020. Les récriminations du Dr Davin Akouré député du parti Les Démocrates ont laissé une résonnance particulière dans l’hémicycle. Pas plus 10% de ce budget d’investissement n’a été réalisé. Aucun chantier d’envergure n’a vu le jour. Où sont partis les milliards décaissés ?
Dans le domaine de l’éducation, les écoles primaires et secondaires ont subi des ravalements de façade. Les nids d’éléphants sont parsemés dans la capitale. La route Libreville-Ntoum-Kango au PK 80, est devenue la honte nationale ! Qu’a-t-on fait du budget d’investissement ? Le ver demeure dans le fruit. Et les récentes nominations ne sont pas pour rassurer les populations sur cet « Avenir en confiance ». Au contraire.
Dans le numéro 8 de notre précédente édition, nous disions que la cause principale de la chasse aux Ajeviens, est la guerre de positionnement que se livrent les différents clans qui luttent pour la possession du bord de mer. Dans le plan de sa succession, Ali avait mis en orbite sa fille Malika qui devait gagner sa place en politique en gagnant le siège de député de Bongo-ville. Et, une montée au sein des instances du PDG et au gouvernement devaient renforcer cette assise.
Mais ce fut sans compter avec Sylvia et l’avc de son mari. Elle va précipiter le positionnement de son fils formé à Londres dans le prestigieux Collège d’Eton et à la London Business School et dont on ignore, à ce jour, l’intitulé des diplômes obtenus et leurs dates d’obtention. Il sera aidé en cela par Brice Laccruche Alihanga, ancien chargé des affaires du couple présidentiel, alors Directeur de cabinet d’Ali. La première phase a été le voyage à Franceville où le rejeton devait être adoubé au fief paternel et où, disent les mauvaises langues, il devait être initié au Ndjobi, le rite sacré. Cela a-t-il été fait ? Rien n’est moins sûr.
La seule image retenue est la remise, par les sages, des attributs du pouvoir dont un chasse-mouche, une torche indigène et un pagne. La suite, comme tout le monde l’a noté, c’est que BLA a continué la tournée seul, dans toutes les provinces .Avec un grand succès, il faut le reconnaître, sur le plan de la mobilisation.
En 2023, Nourredin aura 31 ans et aura eu le temps de se faire. Le visage actuel rempli d’un collier de barbe proposé par ses communicants, masque en réalité les stigmates de l’adolescent en maturité et une fausse virilité (à lire au sens de responsable). Ce visage aura alors disparu au profit d’une allure altière d’un adulte. Le pouvoir use. La tête de Brice LaccrucheAlihanga, son parrain, a pris un coup de vieux en l’espace d’un an. Mais, comment avoir de l’ambition pour un pays, un peuple en restant dans la tour d’ivoire du palais où tout est mieux dans le meilleur des mondes ? A moins que ce soit pour maintenir les intérêts du clan. De la famille Bongo ?