Depuis le 30 août 2023, les Gabonais aspirent à un véritable renouveau, un changement de système qui rompt avec les pratiques du passé. Or, peut-on réellement espérer ce changement de la part de ceux qui ont longtemps évolué sous l’ombre du défunt Omar Bongo et de son fils Ali Bongo ?
1. Le poids du passé et la responsabilité politique
Il est indéniable que beaucoup de ceux qui occupent encore aujourd’hui des postes clés ont fait partie du système Bongo, parfois en tant qu’acteurs influents, parfois en tant que serviteurs dociles. Ces figures ont contribué, d’une manière ou d’une autre, à la longévité de l’ancien régime et à ses dérives. Il est donc légitime de douter de leur capacité à incarner le changement véritable dont le pays a besoin.
2. Le risque de continuité déguisée
Si des hommes et femmes ayant fait partie du système déchu prétendent aujourd’hui au leadership du changement, il est essentiel d’examiner leurs actions passées. Ont-ils dénoncé les abus lorsqu’ils étaient en fonction ? Ont-ils défendu les intérêts du peuple ou se sont-ils contentés de servir l’appareil en place ? Sans une rupture franche avec leurs anciennes pratiques, il y a un risque évident que le “nouveau Gabon” ne soit qu’un prolongement du passé sous un autre emballage.
3. La question du renouvellement des élites
Le véritable défi aujourd’hui est celui du renouvellement des élites politiques et administratives. Le changement ne peut être incarné que par des personnes ayant une vision nouvelle, une éthique irréprochable et un engagement sincère envers les aspirations du peuple. Si l’on continue de confier les rênes du pays aux mêmes visages qui ont prospéré sous le régime Bongo, peut-on réellement parler de rupture ?
Le changement tant souhaité par les Gabonais ne viendra pas de ceux qui ont construit et protégé l’ancien système, sauf s’ils font preuve d’une transformation radicale et sincère. Mais le mieux reste encore d’ouvrir la porte à de nouvelles figures, capables d’apporter une vision inédite et de rebâtir le Gabon sur des bases saines. Le peuple a désormais un rôle crucial à jouer, refuser les faux changements et exiger une vraie transition vers un avenir meilleur.
Hugues MBOUMBA NGUEMA, Ancien Maire Adjoint au Premier Arrondissement de Libreville, MCN de droit au PDG.