Réaction suite au discours du Premier ministre par Gilbert BEH MISSANG

A Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement,

Objet : Votre discours d’ouverture hier au sujet de la Fonction Publique.

Monsieur le Premier Ministre,

J’ai le très grand honneur, par la présente lettre, de vous faire part de mes observations au sujet de votre discours d’hier au sujet de la Fonction publique, discours que j’ai suivi avec beaucoup d’attention depuis mon village où je passe ma retraite.

En effet, et comme d’habitude, mes réactions quant aux questions qui ont trait au fonctionnement et aux maux qui minent notre administration ont toujours été promptes, soit pour apporter des amendements ou condamner certaines erreurs d’appréciation.

Amendements, propositions, pistes de réflexion, erreurs à corriger, je serai toujours prêt à vous apporter ma part de vérité, même si mon incertitude que mes écrits ne vous parviennent pas est évidente.

Bref, hier, votre discours d’ouverture d’hier appelle de ma part, les observations suivantes :

D’abord, pourquoi titrer ces assises de « Fonction Publique à l’heure de la transition » alors que le travail à faire, les réflexions à mener sont de longue haleine et se poursuivront au delà de la transition, l’intitulé de ces assises, de mon point de vue, est du registre des effets d’annonce ou d’annonces des effets, la transition n’ayant aucun rapport, comme si elle avec des vertus médicamenteuses, avec un problème sensible qui concerne à la fois la piteuse organisation de nos ministères, de leur fonctionnement calamiteux et du sort des citoyens agents publics dont les revendications en termes d arriérés de carrière dont de rappels soldes me paraissent parfaitement justifiées. Et de ce point de vue, ni des pirouettes intellectuelles, ni les intitulés fracassants des assises encore moins de lapidaires raccourcis au demeurant excessifs, ne sauraient constituer la réponse appropriée, le problème à traiter, encore une fois, Monsieur le Premier Ministre, est d’une extrême délicatesse, des milliers d agents étant victimes des erreurs de casting, de gestion du régime déchu dont l’incurie a franchi le Rubicon par le gel des carrières de milliers d agents publics durant plusieurs des années, intégrations, titularisations, avancements automatiques, reclassements après stage, décisions d’affection, en mettant l’embargo sur l’ensemble de ces situations administratives, les autorités de l’époque vous ont mis, pour emprunter une expression populaire, dans de sales draps, il est facile de détruire mais très difficile de reconstruire, ceux qui ont pris cette décision inique du gel des carrières sont vivants, ils doivent se justifier. Du coup, l’État doit beaucoup d’argent à ses agents, il faut négocier avec tact et objectivité, il faut aussi faire montre de beaucoup d’humilité en faisant usage de propos conciliants, la situation est assez grave.

Monsieur le Premier Ministre, je suis tout à fait d’accord avec vous lorsque vous relevez toujours avec à propos que notre Fonction Publique a fait le trop plein de gens n’ayant pas de niveau, mais en toute bonne logique, ce n’est dans le bateau qu’on vient compter le nombre de voyageurs lorsque tout le monde y a déjà pris place, c’est avant d’embarquer. Et le chargeur constate que ceux qui n’ont pas de tickets sont plus nombreux, comment ont-ils fait pour trouver des places assises à l’intérieur du navire ? Puisse ce parallélisme me permettre, une fois de plus, d’interpeller votre très appréciable conception des choses à mettre les gangs pour démêler les fils inextricables d’une situation aux contours pluridisciplinaires et multidimensionnelles, au lieu de surfer sur le registre de l’exhibitionnisme, par des intitulés creux, votre ministre de la Fonction publique, au demeurant bien expérimentée, je la connais bien, devrait se résoudre à convoquer autant que faire se peut, les experts dont regorgent encore notre pays, à réfléchir sérieusement sur les modalités de recrutement dans la fonction publique, et donner du travail à chacun, je l’ai toujours dit dans mes interventions antérieures, tant qu’il n’y a pas de fiches d’attributions, de fiches de réparation fonctionnelle des tâches, de fiches navettes, dix personnes transporteront toujours un parpaing dans la fonction publique, alors dans le secteur privé, que vous connaissez bien, une personne transporte un parpaing. De ce strict point de vue, la typologie des agents dits fantômes devient difficile à cerner, un agent qui vient au bureau, sans trouver quoi faire, sans même trouver son chef, va aller planter ses choux au quartier mais ira à la banque le 25 toucher son salaire, sueur de ses plantations de manioc. À qui la faute ?

Je suis plein d’admiration pour vos conséquentes prises de position depuis que vous occupez le poste de Premier ministre, il faut que les ministres placés sur votre éventail de subordination vous emboitent le pas, une mise à plat de notre appareil administratif est plus qu’une nécessité, c’est devenu un incontournable impératif, sinon nous allons toujours continuer à déplacer les problèmes sans les résoudre, certains ministres surfant sur le spectaculaire, telle ces assises, pour se maintenir au gouvernement. La transition n’a aucun rapport avec l’administration, la situation des rappels soldes est à prendre très au sérieux, du fait du gel des carrières, des milliers de citoyens se retrouvent avec le même salaire depuis 10 ans, c est énorme, pendant ce temps, les jeunes qui avaient déposé les dossiers d’intégration se retrouvent aux au chômage du fait du dépassement d âge, c’est criminel, quand je vois tous ceux qui ont foutu du bordel et qui vous ont mis une boule puante entre les mains, danser et festoyer, je n’ai qu’une envie.

Je termine donc mon propos en vous exhortant à redoubler d’efforts et surtout de vigilance, tout en recourant à l expertise locale, pourquoi ne pas créer un observatoire de la fonction publique dont le rôle serait de mener en temps réel les réflexions approfondies à longs et à courts termes, les assises à l’instar de celle d’hier, ne pouvant pas, le temps imparti de leur tenue, épuiser l’entièreté des questions sensibles et compliquées telle celui du fonctionnement et de l’organisation de notre appareil administratif.

Monsieur le Premier Ministre, il n y a aucun vent favorable pour un navire qui ne connaît pas sa direction, vous avez le nez parfaitement sur le guidon, mais la non implication de certains membres du gouvernement peut faire que vous pédaliez dans le néant. Je vous souhaite bon courage et longévité à votre poste actuel.

Sur ce, je vous prie de croire à la certitude de ma plus haute considération.

Gilbert BEH MISSANG, 41 ans de service au Ministère de la Fonction Publique, dont 17 d’affilée en temps que Conseiller Technique du ministère.

Paul Essonne

Journaliste

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