Les pays d’Afrique centrale interrogés dans le cadre d’une nouvelle étude d’opinion estiment qu’il est plus réaliste de réduire de moitié les décès dus au paludisme que de les éradiquer d’ici 2030 ; Les experts du paludisme redoutent fortement que le changement climatique n’aggrave la menace du paludisme dans la région ; La surveillance et l’exécution des programmes doivent être améliorées pour accélérer les progrès.
L’Afrique centrale poursuit sa lutte contre le paludisme face à d’autres défis sanitaires, au changement climatique et à d’autres menaces, selon un nouveau rapport publié aujourd’hui à Abuja lors d’une conférence du Partenariat RBM pour en finir avec le paludisme.
Ce rapport est la dernière extension de l’étude MalaFA (Malaria Futures for Africa), commandée par Novartis, qui a déjà mené des recherches similaires dans 15 pays, dont le Nigeria, afin d’interroger les parties prenantes africaines sur les progrès et défis liés à la réalisation des objectifs mondiaux de lutte contre le paludisme. Le nouveau rapport comprenait des entrevues avec 23 politiciens, hauts fonctionnaires, directeurs de programmes de lutte contre le paludisme, chercheurs et ONG au Cameroun, en République démocratique du Congo (RDC), en République du Congo et au Rwanda. Tous les quatre sont des pays où le fléau du paludisme est important et où des politiques différentes sont en place pour lutter contre cette maladie.
Au Rwanda, les personnes interrogées sont globalement positives quant à la riposte nationale à la maladie, citant des niveaux élevés de soutien politique et de financement. Au Cameroun, en RDC et en République du Congo, les personnes interrogées sont d’avis que la réduction de moitié du nombre de décès d’ici 2030 était plus réaliste que leur éradication.
Les sondés du Cameroun, de la RDC et de la République du Congo s’inquiètent de l’accès aux services de santé, du personnel insuffisamment formé, des antipaludiques de qualité inférieure ou falsifiés et de l’autotraitement sans diagnostic – ce qui risque de développer rapidement une résistance à un traitement. Ces préoccupations sont partagées dans de nombreux autres pays ayant déjà fait l’objet d’une enquête.
Contrairement aux pays d’Afrique de l’Ouest, de l’Est et du Sud qui ont participé à l’enquête au début de 2018, les pays d’Afrique centrale considèrent le changement climatique comme une menace plus importante. Un répondant rwandais s’est inquiété du fait que le paludisme se répand dans les régions montagneuses qui étaient auparavant épargnées par la maladie, et d’autres ont discuté de l’impact que pourrait avoir l’évolution des précipitations sur la saison de reproduction des moustiques.
L’importance d’un financement national et international accru a également été citée, les répondants du Cameroun, de la RDC et de la République du Congo ayant déclaré qu’un soutien plus important s’impose. Plus tôt ce mois-ci, lors de la récente Conférence de reconstitution des ressources du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, les dirigeants mondiaux ont augmenté le financement des programmes de lutte contre ces maladies en annonçant 14 milliards de dollars pour la période 2020-2023, atteignant ainsi l’objectif financier du Fonds mondial. Le Rwanda s’est engagé à verser 2,5 millions de dollars, la RDC, le Congo et le Cameroun ont également annoncé des ressources nationales à hauteur de 6 millions, 5,5 millions et 5 millions de dollars, respectivement.
Le Dr Richard Nchabi Kamwi, ambassadeur des pays participants à l’initiative Elimination et coprésident de l’étude, a déclaré : « Maintenir cette dynamique contre le paludisme exige un leadership politique fort, des systèmes de santé résilients et la mobilisation de ressources supplémentaires. Les promesses faites lors de la Reconstitution des ressources du Fonds mondial sont des signes encourageants de l’arrivée de moyens essentiels. »
Le Dr Kamwi a poursuivi : « Il est également important que le Cameroun et la RDC aient été identifiés par l’Organisation mondiale de la Santé et le Partenariat RBM comme des pays « D’une charge élevée à un fort impact », garantissant que ces pays bénéficient de l’attention et de l’investissement de la communauté internationale. » L’autre coprésident de l’étude est le professeur Bob Snow, du programme de collaboration KEMRI-Wellcome-Université d’Oxford, au Kenya.