Mesdames et Messieurs,
Chers Compatriotes,
Pour les gabonais venus au monde dans les années 1970-1980, Madame Pascalline Mferry, Monsieur Alain Bernard et Mademoiselle Albertine Amissa étaient en quelque sorte les aînés de la Nation et nous autres étions leurs cadets. Nous ne les fréquentions pas physiquement mais nous étions heureux d’apercevoir leurs silhouettes dans la ville, tomber sur leurs photos dans la presse, entendre leurs mots à la radio ou visionner leurs activités à la télévision. Ce qui fait qu’en dehors du système Bongo-PDG qui a ruiné notre pays, personne de notre génération ne leur souhaite malheur. Ni à eux, ni à leur mère. Voici pourquoi les gabonais écoutent régulièrement les chansons de Patience Dabany.
Monsieur Ali Bongo Ondimba est officiellement entré en politique en 1989 comme ministre des Affaires Étrangères, il a fini son parcours de Président de la République le 30 août 2023, soit 45 années de communication politique au gouvernement, au parlement, au PDG, en provinces, à l’international et dans les médias. Sans avoir besoin de connaître sa vie privée, nous avons tous appris à identifier ses éléments de langage, à connaître ses qualités et ses défauts. Un gabonais qui suit régulièrement les actualités politiques sait ce qu’on peut attribuer à Ali Bongo Ondimba, et ce qu’on ne peut pas lui mettre sur le dos. Par exemple après son accident médical du 28 octobre 2018, nous savions tous que le décret de nomination attribuant une même compétence gouvernementale à trois ministres différents n’était clairement pas de lui. Cette boulette fut rapidement corrigée par les auteurs qui apprirent à faire désormais attention. Aujourd’hui encore il y a une vague impression que les prises de parole qui lui sont attribuées depuis 9 mois ne correspondent pas vraiment à sa façon naturelle de s’exprimer.
Premièrement Ali ne parle jamais comme un chef d’État renversé. Normalement un président déchu dit que l’action des putschistes est anticonstitutionnelle et illégitime, que ces gens-là ont violé la démocratie et l’ordre constitutionnel, et que le chef de la nouvelle junte a méprisé les principes démocratiques de la prise du pouvoir. Logiquement il aurait appelé la communauté internationale à condamner le coup d’État et à soutenir le rétablissement immédiat de l’ordre constitutionnel. Bizarrement ceux qui nous rapportent les mots d’Ali ne mentionnent jamais ces choses-là. Comme si ce n’était pas lui-même qui les envoyait.
Deuxièmement Ali ne parle jamais du Parti Démocratique Gabonais. On dirait qu’il n’avait jamais été le président de la plus grande formation politique du pays pendant les 14 dernières années. On croirait même que pour lui le PDG n’avait jamais existé. Depuis le 30 août 2023, aucun bonjour à l’endroit des femmes et des hommes qui l’ont fidèlement accompagné depuis la mort du Président Omar Bongo, qui ont bu la honte avec lui lors de ses nombreux échecs politiques et qui ont risqué leur liberté en soutenant Sylvia Bongo Ondimba pendant 5 longues années.
Aucun message fort, clair et rassembleur à l’endroit des militants. Aucune allusion à la défense des valeurs démocratiques. Aucun engagement réaffirmé envers le parti politique légué par son père. Aucun appel à l’unité et à la mobilisation. Rien sur les prochaines étapes envisagées. Rien sur les actions à entreprendre. Rien sur les stratégies à mettre en place et les objectifs à atteindre pour confronter la crise politique et (pourquoi pas) rétablir la « légitimité démocratique ». Ali ne sollicite jamais le soutien des pédégistes pour défendre réclamer la libération des membres de sa famille et de son ancien cabinet politique.
Justement. Quel est ce nouvel Ali Bongo Ondimba qui parle uniquement de sa femme et de son fils, et qui ne s’intéresse jamais au sort de Yann Ngoulou, de Cyriaque Mvourandjiami, de Vincent de Paul Massassa et de tous les autres anciens membres de son cabinet politique et de son gouvernement? Où est donc passée sa loyauté perpétuelle envers l’imam Ismaël Oceni Ossa dont les enfants croupissent en détention?
Troisièmement on nous apprend que le Président Ali Bongo Ondimba a dénoncé devant les tribunaux français, des actes de torture subis en détention ici au Gabon par son épouse et par son fils aîné. Qu’en disent d’abord les représentations locales d’Amnesty International, de Human Rights Watch et de l’ONU? Où sont la CEMAC, la CEEAC, l’Union Africaine et les missions diplomatiques accréditées au Gabon pour corroborer ces dénonciations? Où sont les interviews des avocats gabonais d’Ali Bongo Ondimba, de Sylvia Bongo Ondimba et de Nourredin Bongo Valentin dénonçant les actes de tortures? Où sont les articles et communiqués de presse attirant l’attention des gabonais et mobilisant les opinions publique nationale et internationale sur cette question?
Quatrièmement on nous avertit que le Président Ali Bongo Ondimba et deux de ses enfants sont en grève de la faim, pour réclamer la libération de Madame Sylvia Bongo Ondimba et de Monsieur Nourredin Bongo Valentin. Si cette information est avérée, nous devons en tant que citoyens attirer l’attention des familles biologique et politique de notre ancien Chef d’État sur les dangers d’une telle initiative pour un patient victime d’un AVC, en raison des effets potentiellement dévastateurs sur le corps et le cerveau.
Une grève de la faim entraînerait chez le Président Ali Bongo Ondimba une perte de poids rapide et importante qui affaiblirait davantage son organisme déjà affaibli, ce qui affecterait le fonctionnement des organes vitaux et rendrait sa récupération beaucoup plus difficile.
Une grève de la faim de l’ancien Chef de l’État pourrait affecter la capacité de guérison du cerveau, causer des infections, entraîner des problèmes cardiaques, des difficultés de cicatrisation des plaies et une diminution de l’immunité.
Une grève de la faim de l’ancien président du Parti Démocratique Gabonais pourrait augmenter son anxiété, diminuer sa capacité de concentration et détériorer son état mental général.
En définitive nous supplions vraiment le Président Ali Bongo Ondimba à ne pas aggraver sa condition médicale et à obéir à ses médecins pour favoriser sa guérison et sa récupération: lorsque votre épouse et votre fils recouvriront un jour la liberté, ils auront besoin de vous auprès d’eux.
Nous exhortons les gabonais et les médias à demeurer dans l’apaisement et la prudence face aux rumeurs de tortures non documentées, comme l’ancien gouvernement de la République nous l’avait recommandé autrefois pour les cas de Messieurs Brice Laccruche Alihanga, Bertrand Zibi Abeghe, Patrichi Tanasa, Jean-Rémy Yama et consorts. Nous exhortons les pouvoirs publics à poursuivre les efforts sur le respect des droits de l’homme, les enquêtes impartiales et la promotion de la réconciliation nationale.
Honneur et Fidélité à la Patrie.
Que Dieu bénisse le Gabon.