L’organisation non gouvernementale Reporters sans frontière (RSF) a appelé, le 26 juin, à la réforme du fonctionnement de l’organe de régulation des médias du Gabon afin qu’il remplisse son rôle originel : celui de défendre la liberté de la presse, plutôt que les intérêts du pouvoir.
La “HACHE”. C’est ainsi que les journalistes gabonais surnomment la Haute autorité de la communication (HAC), pour sa propension à “couper la tête” aux médias, en leur infligeant régulièrement des suspensions. Le 20 juin 2019, l’organe de régulation des médias n’a pas failli à sa réputation en sanctionnant le journal Fraternité d’une interdiction de parution d’un mois pour un article publié le 13 juin, intitulé : « Qui dirige le Gabon? »
Indignée par la propension que prennent les suspensions «arbitraires» des médias au gabonais par la Haute autorité de la communication (Hac), l’organisation non gouvernementale Reporters sans frontières (RSF) souhaite son recadrage. En effet, Le 26 juin dernier, RSF a appelé à la réforme de l’organe de régulation des médias afin qu’il remplisse son rôle originel : défendre la liberté de la presse plutôt que les intérêts du pouvoir.
«Depuis son entrée en fonction il y a un an, la HAC a procédé à une douzaine de suspensions arbitraires privant différents médias de publication ou d’antenne pour une durée cumulée de 28 mois», déplore le responsable du bureau Afrique de RSF, Arnaud Froger. Selon ce dernier, « les médias qui osent critiqué le président ou ses proches s’exposent à des sanctions presque systématiques ».
Dans ce sens, reporter sans frontière RSF estime que «cette autorité apparaît clairement comme un instrument de défense des intérêts du régime et se mue en véritable bourreau des médias au détriment de sa mission première de défense de la liberté de la presse». La réforme en profondeur du fonctionnement de la HAC et de sa composition, suggère RSF, pourrait permettre aux journalistes de retrouver une liberté de ton et de traiter tous les sujets d’intérêts généraux, même les plus sensibles politiquement.
En rappel, en novembre 2018, le journal l’Aube écopait ainsi d’une suspension de 3 mois pour avoir évoqué la santé du président de la république. Quelques mois plus tard, en avril 2019, le journal était à nouveau sanctionné pour 6 mois pour avoir publié une interview fictive de l’ancien directeur de cabinet du président Ali Bongo à l’occasion du 1er avril et pour une interview de Désiré Ename, directeur de publication du journal Echos du Nord -lui aussi suspendu à plusieurs reprises- qui dénonçait un “acharnement exceptionnel sur des journaux bien ciblés”.
Ont comprend aisément que le Gabon a perdu 7 places dans le Classement mondial de la liberté de la presse publié par RSF en 2019. Il occupe désormais la 1157ème place sur 180 pays.