C’est à Marlène NGOYI MVIDIA que revient la délicate mission d’écrire une nouvelle page dans le développement de BGFIBank RDC. Entretien avec le nouvel Administrateur Directeur Général de la filiale du premier groupe bancaire d’Afrique centrale.
Agence Ecofin : Ces derniers mois BGFIBank RDC a fait l’objet de diverses accusations. Où en est-on à ce jour ? Existe-t-il des procédures en cours contre la banque ?
Marlène NGOYI : A l’âge de l’internet, à l’heure des médias sociaux, du cycle d’information ultra-rapide et d’un certain engouement pour ce qui relève du sensationnel, qu’il soit avéré ou pas; chaque entreprise et chacun d’entre nous individuellement est malheureusement susceptible, un jour, de faire l’objet d’allégations publiques négatives. C’est en effet un véritable challenge de notre temps dont BGFIBank RDC n’est pas exempt. Il est toujours désobligeant de voir sa réputation attaquée, d’en subir les conséquences même quand parfois les auteurs se rétractent officieusement, ou officiellement pour les plus éthiques. Si en général le consensus des experts est de ne pas porter le flanc à ces accusations, au risque de les amplifier; la diffusion de certains propos entraînent, par leur nature, un appui juridique afin d’apporter des réponses concrètes et d’ainsi rétablir la vérité, la clarté et surtout la confiance entre l’ensemble des parties prenantes.
AE : Quelles mesures allez-vous prendre pour prémunir votre Groupe de telles difficultés à l’avenir ?
MN : BGFIBank RDC lance en ce premier trimestre 2019 sa prochaine phase d’accélération de croissance, « AccTrans 2020 » et la Direction Générale ainsi que l’ensemble des 135 collaborateurs s’engagent à continuer de travailler en parfaite transparence avec l’ensemble de son écosystème incluant les clients, les partenaires bancaires, les régulateurs et les Etats, pour ne citer que ceux-là, dans le respect des lois et des règlementations applicables. Notre approche, en qualité de filiale, membre d’un groupe financier international de premier plan, est d’opérer sur base de normes d’excellence en ligne avec les plus strictes exigences de tous nos partenaires africains et internationaux. A ce sujet, nous avons lourdement investit dans les ressources (humaines, informatiques) et les processus adéquats et maintenons cet objectif comme une priorité absolue et partie intégrale de notre plan de développement. BGFIBank RDC prend sa responsabilité sociétale très sérieusement et souhaite à travers l’ensemble de ses activités contribuer positivement aux enjeux économiques, éthiques et environnementaux chers à l’ensemble de nos partenaires internes et externes à travers le monde.
AE : Partout en Afrique, les banques avancent à grand pas dans leur digitalisation. Quels sont vos projets dans ce sens ?
MN : Pour BGFIBank RDC, AccTrans 2020 inclut une transformation digitale pour offrir à notre exigeante clientèle de particuliers haut de gamme, de PMEs à haut potentiel, de Corporate de premier plan et d’institutionnels, une expérience digitale répondant à leurs besoins de rapidité et de commodité. En effet, dès le premier semestre 2019, les clients de BGFIBank RDC auront à travers BGFIonline et BGFImobile l’occasion de consulter leurs comptes, d’exécuter des transactions et d’obtenir des informations administratives 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. L’expérience humaine restera entièrement disponible également à travers notre réseau d’agence dans tout le pays afin de continuer d’offrir à nos clients, l’expérience BGFI d’un service personnalisé, offrant conseils et solutions sur mesure pour leurs besoins de placements, de financement et d’investissement.
AE : Envisagez- vous des actions spécifiques pour accompagner les femmes et les jeunes qui souhaitent entreprendre en RDC ?
MN : Les femmes représentent 50% de la population en RDC et les jeunes ayant moins de 20 ans plus de 60%. Dans un pays émergent en quête de développement, l’entrepreneuriat offre des opportunités aux jeunes et aux femmes pour devenir créateur plutôt que demandeur d’emploi. BGFIBank RDC est soucieuse d’accompagner ce mouvement et c’est pour cela que nous travaillons en ce moment même sur plusieurs initiatives en partenariat avec des bailleurs internationaux et des entreprises locales telles que l’incubateur « Working Ladies » focalisées sur l’émancipation économique des femmes et de la jeunesse congolaise. Nous savons sur base de notre expérience que les entrepreneurs ont souvent besoin de plus que juste du capital et c’est pour cela que nous contribuons, à travers nos conseils, à des modèles de soutien qui pourront toucher le plus grand nombre et être répliqués à plus grande échelle à travers le pays pour un impact social majeur. De manière concrète, nous encourageons les partenaires multilatéraux et les investisseurs internationaux à considérer un partenariat avec BGFIBank RDC pour financer à travers notre réseau les femmes et la jeunesse, avec la satisfaction d’un retour sur investissement financier et un impact social important.
AE : Votre expérience particulière dans l’investment banking va-t-elle vous amener à développer davantage ce volet d’activité en RDC ?
MN : J’ai en effet commencé ma carrière il y a presque 20 ans en investment banking dans les bureaux de Merrill Lynch à New York dans le secteur energie, j’ai plus récemment été Directeur Général de BGFI Investment Banking (BIB), laquelle a énormément contribué au financement de projets d’envergure à travers l’Afrique centrale et l’Afrique de l’ouest dans les secteurs : infrastructure, pétrolier, minier, hôteliers, emprunts obligataires des Etats etc. Cette ligne métier, aujourd’hui dirigée par mon collègue M. Léandre Bouanza Mombo, fera partie intégrale de l’offre de services de BGFIBank RDC en partenariat avec BIB. Nous souhaitons soutenir les entreprises locales mais aussi accompagner et conseiller l’Etat, les institutions parapubliques, les larges corporate, les partenariats publics-privés et les investisseurs internationaux dans la mise en œuvre de projets majeurs en RDC (énergie, infrastructure, industries extractives/mines, FMCG etc.) BIB et BGFIBank RDC interviendront en qualité d’arrangeur dans la conception, la structuration, l’exécution et le suivi de plans de financement complexes en partenariat avec nos partenaires financiers internationaux. Nous avons, dans le passé, levé plusieurs milliards de dollars dans le cadre de transactions à succès et on souhaite introduire ces solutions sur le marché congolais dès à présent.
AE : En 2017 toujours, la hausse des coûts d’exploitation s’est traduite par un bond du coefficient net d’exploitation à 73%, bien au dessus de la moyenne en Afrique centrale. Quelles mesures prendrez- vous pour maitriser ces coûts ?
MN : Le coefficient net d’exploitation des banques en RDC est particulièrement élevé à plus de 70% pour les trois premières banques du pays. Ceci révèle de la relative faible rentabilité du secteur à ce stade de développement, mais nous restons optimistes pour une amélioration sur le moyen et le long terme. Pour atteindre des seuils acceptables de coefficient net d’exploitation, il nous faudra jouer sur deux leviers : (i) augmenter notre PNB via un renforcement de nos marges et de nos parts de marché sur base d’une offre de services supérieure et (ii) maîtriser nos coûts à travers une efficience maximale de notre chaine de valeur.
AE : Quels sont les autres points de la stratégie « Acc Trans 2020 » que vous projetez de mettre en œuvre ?
MN : Je suis convaincue que rien de ce que nous ferons durant le plan AccTrans2020 n’est plus important que de mettre les bonnes personnes au bon endroit et d’accentuer une culture de la performance pour que l’entreprise puisse atteindre les objectifs ambitieux fixés. Par cela, je veux dire qu’une excellente stratégie ne créée de la valeur que si elle est exécutée par des hommes et des femmes engagées à relever les challenges et capturer les opportunités. À la fin de la journée, plutôt que de parier sur des points stratégiques, on parie plutôt sur la capacité de l’équipe à exécuter la stratégie, laquelle peut être amenée à évoluer sur base d’un contexte changeant.
AE : La BAD a récemment annoncé le lancement du projet de pont entre Kinshasa et Brazzaville. Envisagerez- vous également un « pont bancaire » entre BGFIBank Congo et BGFIBank RDC ?
MN : En effet, il existe beaucoup de synergies possibles entre BGFIBank Congo Brazzaville et BGFIBank RDC Kinshasa tant au niveau du transfert des connaissances, du capital humain et de la mutualisation de certains investissements etc.; nous prévoyons d’accroître la collaboration avec notre filiale sœur qui brille depuis presque deux décennies en qualité de première banque du Congo Brazzaville.
Source : Ecofin