Ma lettre ouverte au conseil national de l’eau et de l’électricité au sujet de l’agonie des cybercafés aux coupure intempestives d’électricité

Mesdames et Messieurs,
Chers compatriotes,
En première ligne du désastre énergétique décrié quotidiennement par vos deux millions et demi de concitoyens, les cybercafés sont entrain de vaciller sous le poids des charges économiques asphyxiantes et la menace constante de faillite. Vous savez que malgré l’absence d’un matériel de bonne qualité, ces petites entreprises sont incontournables pour de très nombreux gabonais. Malheureusement depuis plusieurs années elles sont les otages quotidiens d’une SEEG défaillante, ce qui compromet l’avenir d’une génération entière d’auto-entrepreneurs.
*UN GOUFFRE ÉCONOMIQUE POUR LES GÉRANTS ET POUR UNE CLIENTÈLE VULNÉRABLE*
Mesdames et Messieurs,
Les gérants de cybercafés ont des charges locatives énormes et les incompétences de la SEEG détruisent régulièrement leurs équipements très fragiles, ce qui engendre des frais de réparation et de remplacement qui grèvent lourdement leurs microscopiques trésoreries. Imaginez une commerçante dont la marchandise est détruite tous les soirs par des tempêtes imprévisibles, combien de temps pensez-vous qu’elle pourra tenir avant de s’effondrer?
Dans une société où l’accès à Internet à domicile est un luxe imposé par le système Bongo-PDG, les cybercafés des quartiers populaires sont une bouée de sauvetage pour les jeunes et pour les travailleurs précaires. Un étudiant qui voit ses heures de travail anéanties par une coupure soudaine est comme un pêcheur ayant perdu son filet dans une mer agitée: sans celui-ci il n’a aucune chance de ramener une prise à la maison.
Un micro-entrepreneur qui n’a pas les moyens d’avoir des bureaux ou une connexion privée s’en va travailler au cybercafé. Sachez que les coupures d’électricité empêchent ce monsieur-là de respecter des délais critiques et de répondre à des demandes urgentes de la clientèle. Il ressemble alors à un mineur coincé par un éboulement à l’intérieur d’un tunnel souterrain: sans une opération de sauvetage minutieusement coordonnée, il mourra certainement. Mesdames et Messieurs du Conseil National de l’Eau et de l’Électricité, les sauveteurs dont ces gens-là ont besoin, c’est vous.
Le gérant téméraire de mon quartier voudrait bien investir dans des générateurs de substitution, mais il est découragé par les prix exorbitants des groupes électrogènes et ceux du carburant à la pompe, deux charges susceptibles d’annuler sa marge de profit déjà microscope. Pour la plupart de ses collègues, la solution inéluctable c’est baisser le rideau, définitivement.
*QUI PAYE LES POTS CASSÉS? LE FLOU DE L’INDEMNISATION*
Mesdames et Messieurs du Conseil National de l’Eau et de l’Électricité,
Très chers compatriotes,
Aujourd’hui les gérants et les clients des cybercafés ressemblent à un piéton qui subit dans sa chair les conséquences d’un accident de voiture dont le seul vrai responsable est l’État gabonais que vous représentez. Face aux pertes financières répétées et aux dégâts matériels très importants, la question de l’indemnisation des gérants et des clients de cybercafés devient fondamentale au Gabon. Qui doit prendre en charge les réparations coûteuses, et quels sont les mécanismes d’indemnisation pour les différents types d’entreprises contraintes à l’inactivité à cause des coupures électriques de la Société d’Énergie et d’Eau du Gabon? Le système Bongo-PDG sous lequel votre noble institution est née n’avait jamais abordé cette question sur la place publique. Lorsque ces gens-là ont été dégagés le 30 août 2023, ils ont abandonné les populations dans l’incertitude.
Il est donc impératif que votre Conseil reconnaisse l’importance vitale des cybercafés dans notre écosystème économique et social, en clarifiant la procédure d’indemnisation pour les équipements endommagés et pour les multiformes pertes financières subies. En l’absence de mesures concrètes, les cybercafés qui sont les piliers de la connectivité numérique pour les plus démunis vont disparaître, entraînant avec eux des emplois, des services essentiels et l’avenir d’une génération entière.
Vous ne pouvez plus continuer à rester les bras croisés, sauf si la disparition éventuelle de ces petites structures est l’objectif inavoué d’une hypothétique main noire du système Bongo-PDG.
Honneur et Fidélité à la Patrie,
Que Dieu bénisse le Gabon.
Libreville, le 19 septembre 2024
*Philippe César Boutimba Dietha*
Paul Essonne

Journaliste

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