Lutte contre le paludisme du bruit aux oreilles pour rien.

Chaque 25 avril, l’on célèbre la journée mondiale de lutte contre le paludisme. Au Gabon, les autorités semblent ne pas se préoccuper de cette maladie causée par la piqure d’un moustique l’anophèle femelle. N’en parlons même pas du programme national de lutte contre le paludisme, basé au centre épidémiologique de Nkembo dans le deuxième arrondissement de la commune de Libreville.

Ainsi, les messages n’arrêtent pas de défiler sur nos téléphones « pour se protéger du paludisme, dormons toutes les nuits sous des moustiquaires imprégnées d’insecticide. Zéro Palu ! Je m’engage » ! De la pure publicité mensongère, vous arriver dans le centre de santé le plus proche, soit l’on vous demande de revenir dans deux semaines et là vous n’aurez rien, soit l’on vous propose de l’acheter à moindre coût. Pourtant, ce dernier a été donné pour qu’il soit distribué gratuitement. Pire, dans trois mois il sera en vente chez le boutiquier du quartier.

L’autre message « le paludisme cause les fausses couches. Le traitement préventif intermittent protège la femme enceinte et son bébé. Zéro Palu ! Je m’engage » ! C’est cette femme que l’on semble vouloir protéger que l’on refuse la moustiquaire à chaque fois qu’elle se rend à l’hôpital avec son bébé pour des visites, du vrai n’importe quoi dans ce pays où chaque crocodile à son marigot.

En effet, si vous vous rendez dans une structure hospitalière où au programme national de lutte contre le paludisme à Nkembo l’on vous dira tout simplement que la machine qui vous permet de faire l’examen de la goute épaisse est en panne, et ce durant des jours, des mois même. Pour l’heure, la priorité du Ministre de la Santé Guy Patrick Obiang Ndong n’est pas la lutte contre le paludisme qui fait plus de morts, mais la lutte contre la Covid-19, qui enregistre moins de morts que le paludisme. Les chiffres parlent.

En effet, le paludisme est un véritable danger pour l’Afrique en général et le premier problème de santé publique au Gabon en particulier. Car, selon les chiffres officiels du Ministère de la Santé, seulement 15% des cas de paludisme sont traités dans les unités de soins, les 85% restants sont traités par les tradi-thérapeutes et les agents de santé communautaire. Avec 225 millions de personnes malades et 650 000 personnes décédées en 2010, le paludisme demeure la parasitose la plus importante et concerne majoritairement les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes. 80 % des cas sont enregistrés en Afrique subsaharienne.

En matière de statistiques globales, les enfants de 0 à 5 ans ainsi que les femmes enceintes représentent la franche de la population la plus vulnérable par leurs morbidités et mortalités élevées. La prévalence du paludisme au Gabon est estimée à 25% chez les enfants âgés de 0 à 10 ans, le nombre de cas rapportés dans la population est passé de 185105 en 2010 à 217247 en 2015. Le nombre de décès a augmenté passant de 182 en 2010 à 311 en 2015. La morbidité est restée stable autour de 22% et la mortalité est passée de 10 à 4% toujours pour l’année 2015.

Cependant, selon une étude du département de parasitologie de l’Université des sciences de la santé de Libreville (USS) sur l’âge de la population à risque du paludisme entre 2005 et 2010 dans les villes de Libreville, Port-Gentil et Oyem, la population des enfants âgés de plus de 5 ans tend à devenir la plus menacée.

L’objectif était de réduire d’ici 2021 à 40% le taux de morbidité et de mortalité liées au paludisme par apport à 2015, ceci par le renforcement des capacités gestionnaires et managériales du programme national de lutte contre le paludisme (PNLP) et de ses partenaires, l’incitation de près de 80% de la population à s’approprier les interventions efficaces, l’amélioration du système de surveillance, le suivi et l’évaluation des interventions de lutte contre le paludisme, l’intensification de la communication institutionnelle pour le changement de comportement et le renforcement de la participation communautaire. Selon l’OMS «  aucun progrès significatif n’a été accompli dans le monde entre 2015 et 2017. On estime à 435 000 cas de décès dû au paludisme en 2017 ».

Difficile de sauver des vies et d’investir dans la lutte contre le paludisme au moment où le Coronavirus dicte sa loi et aiguise de nombreux appétits, dans la mesure où ce n’est plus un problème de santé publique, mais un problème de récupération politique.

Paul Essonne

Journaliste

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