Il est frappant de constater à quel point, dans le paysage politique gabonais, l’amnésie semble régner en maître, notamment lorsqu’il s’agit d’évaluer les parcours de certains leaders politiques.
En effet, il apparaît qu’un phénomène étrange se produit lorsqu’un acteur politique, bien qu’accablé de nombreuses accusations qu’il soit accusé de corruption, de détournement de fonds publics, ou de crimes plus graves décide de rejoindre les rangs de l’opposition. Dès lors, il semble qu’une sorte de purification miraculeuse s’opère. Ainsi, les péchés passés sont effacés, et cette figure controversée devient soudainement une icône de vertu aux yeux de nombreux citoyens.
Ce processus quasi mystique, où le passage à l’opposition semble agir comme une eau lustrale, lave ces politiciens de leurs fautes et les transforme en défenseurs irréprochables du peuple, est particulièrement visible avec des figures telles que M. Paul Mba Abessolo, M.Zacharie Myboto, M.André Mba Obame, et plus récemment M.Billy Bi Nze. Peu importe les actes passés ou les soupçons qui pesaient sur eux, leur nouveau statut d’opposants leur confère une sorte d’aura de sainteté, à l’instar d’un purgatoire politique qui expie toutes leurs erreurs.
C’est pourquoi ce phénomène soulève des questions importantes : pourquoi la population gabonaise semble-t-elle frappée d’une telle amnésie collective? Comment se fait-il que, d’un jour à l’autre, ces leaders puissent revêtir une nouvelle identité aux yeux de leurs concitoyens, qui semblent oublier les « cauchemars » des gouvernements passés au simple fait de leur ralliement à l’opposition?
En réalité, on pourrait y voir un certain désespoir populaire, une recherche désespérée de changement où la moindre voix s’élevant contre le pouvoir en place devient automatiquement porteuse d’espoir, même si cette voix appartenait auparavant à ceux qui ont contribué à créer la situation actuelle. Dès lors, la question est donc posée : quelle est cette « substance », cette force invisible, qui hypnotise à ce point les Gabonais? Est-ce le poids des désillusions successives, ou bien un manque de discernement face à des figures qui, par leur passage dans l’opposition, se refont une virginité politique sans véritable examen de leurs actes passés.