Le landerneau politique gabonais a assisté du 5 au 7 avril dernier, lors du congrès extraordinaire du Rassemblement héritage et modernité, muté en Rassemblement pour la Patrie et la Modernité(RPM), à une scission comme il en a coutume, entre les anciens alliés d’hier, frondeurs et transfuges du PDG à l’origine d’une fronde qui a failli emporter le parti des masses. Aujourd’hui, les mêmes causes, dénoncées hier, ont produit les mêmes effets.
La présence, lors de l’ouverture le 5 avril dernier aux assises du premier congrès extraordinaire de l’ex RHM de Michel Menga m’Essonne a surpris plus d’un. Assis en bonne place, l’enfant terrible de Cocobeach, ministre d’Etat chargé de l’Education du gouvernement Nkoghe Bekale et compagnon de la première heure des héritiers et membre fondateur de l’ex RHM, a tenu à être présent à ces assises. La raison ? Selon les mauvaises langues, Michel Menga réclame toujours la paternité de l’acronyme du parti et de son idéologie. C’est lui, en effet, avec les autres, qui ont « inspirés » ce courant du PDG qui s’est mué, le dimanche 7 avril en Rassemblement pour la Patrie et la Modernité(RPM).
En sa présence, loin d’être un doigt d’honneur adressé à ses ex compagnons, il a écouté le déroulé du discours de Barro Chambrier qui tançait les dérives constatées dans le parti lesquelles ont montrées des failles et des contradictions aussi bien dans sa structure que dans son positionnement idéologique. Ces paroles, loin d’être une homélie, ont essaimé dans la salle un climat glacial tant elles s’adressaient certes, à l’ensemble des congressistes mais surtout à Menga, la tête de Turc désignée. La mise à l’indexe des traîtres, des opportunistes, des impatients qui ont semés le trouble dans l’esprit des militants et participés, de manière indirecte, à l’échec du parti lors des consultations couplées législatives/locales, avait pour objectif de laver les écuries d’Augias. Le bourreau et la victime se regardaient les yeux dans les yeux devant les spectateurs plongés dans un silence de cathédrale. Une vraie tragédie grecque !
La mue opérée par le RHM a aussi pour objectif de rompre définitivement sur le plan idéologique avec Michel Menga m’Essonne. Son compagnonnage avec les autres ex héritiers a pris fin avec la nouvelle configuration du Secrétariat exécutif où son nom n’apparait nulle part. Le toilettage du règlement intérieur et la nouvelle dénomination justifiant cela. Menga est donc plus que libre, lui qui se déclarait pourtant centriste le 9 mars dernier, lors d’une cérémonie organisée à son domicile. Ajoutant désormais vouloir s’affranchir des organisations politiques pour être au service du Gabon. On a de la peine à croire à cet enseignant dont toute la carrière s’est lue plus dans les Combinazione de la plus haute sphère de l’état major politique du PDG que dans les salles de classes. Idéologue né, Omar Bongo, disent les mauvaises langues, l’appréciait beaucoup et, associé à Réné Ndemezo’o, l’autre égérie du parti des masses, il se sentait fier de ses créatures qui le lui rendaient bien. Au point où Omar Bongo lui préférait au comité central qu’au gouvernement à cause de son engagement et son activisme. Après plus d’une décennie au CC et à l’assemblée nationale où il était député pour le compte du département de la Noya, Michel, ambitieux, décida qu’il était temps d’évoluer. Surtout que ses « camarades » voyaient leurs carrières prendre un coup de neuf en étant nommés au gouvernement.
Ronchonneur et boudeur, ce sanguin n’a pas hésité, par des voies autorisées à transmettre ses turpitudes au président Omar Bongo. Ainsi, après des plaintes incessantes à lui adressées par Menga, « Papa », comme il l’appelait en off, a consenti à le faire entrer dans le gouvernement issu de l’après présidentielle 2005 comme ministre de l’Education. Un ministère clé et sensible. Il va s’y atteler et construire trois nouveaux lycées en un an ! Un exploit. Après son départ, les travaux restés en suspens n’ont jamais redémarrés. Son retour dans le gouvernement Julien Nkoghe Bekale dans ce ministère régalien semble être, pour l’opinion, l’occasion d’achever le chantier.