« *OUI » A LA NOUVELLE CONSTITUTION !* »
Pourquoi ?
Mes très chers collègues,
Les 17 et 30 août 2024, le Gabon célèbre, respectivement, son indépendance et sa libération. Ces deux grands événements m’offrent l’occasion de m’adresser, en toute humilité, à la communauté artistique à laquelle j’appartiens, au sujet du référendum à venir. Je le fais en tant qu’homme de Culture qui œuvre depuis 1983 pour l’amélioration de la condition sociale des artistes gabonais.
Dans quelques jours, semaines ou mois, un référendum sur la nouvelle Constitution va avoir lieu. Et certains d’entre nous, Artistes et Acteurs culturels, se posent la question de savoir pourquoi devraient-ils voter « OUI »pour un texte dont ils ignorent le contenu !
En effet, s’il est loin, très loin de mois toute intention de vous forcer à voter « OUI » les yeux fermés, pour la nouvelle Constitution, il est de mon devoir, en tant qu’Artiste ayant pris part au Dialogue National Inclusif (DNI), de vous donner les arguments d’analyse vous permettant de faire le choix du « OUI » en toute connaissance de cause, pour l’avenir du Gabon, notre avenir à tous et à toutes.
Pour rappel, avant le Dialogue National Inclusif (DNI) qui a eu lieu du 02 au 30 avril 2024, les Artistes indépendants, les associations, syndicats, fédérations et confédérations du secteur Culture et Art, avaient déposé des contributions au ministère de la Réforme des Institutions, organisateur de cette grande messe inédite. Ces contributions comprenaient chacune : un diagnostic sur les maux qui minent ledit secteur, et des propositions de solutions.
A l’issue des travaux de ce DNI, la quasi-totalité des propositions des Artistes et Acteurs culturels ont été validées par les Commissaires, en commençant par le Bureau Gabonais des Droits d’Auteur (BUGADA), instrument essentiel pour les artistes, les jeunes talents et les générations futures, lesquelles propositions sont devenues des recommandations du secteur Culture, Arts et Valeurs, à savoir :
*a) Protection des valeurs culturelles*
· Organiser les états généraux de la Culture ;
· Instituer une fête nationale annuelle des rites et traditions du Gabon ;
· Pénaliser la pratique de l’homosexualité ;
· Construire des infrastructures artistiques et culturelles sur l’ensemble du territoire national (centres culturels, musées, etc.) ;
· Construire un Palais des Cultures ;
· Créer un haut conseil des rites et traditions du Gabon : valoriser les rites ancestraux et interdire leur stigmatisation ;
· Mettre en place un Code coutumier ;
· Faire des spots publicitaires dans nos langues vernaculaires ;
· Créer l’ordre des maîtres des cultes traditionnels ;
· Promouvoir nos langues locales en vue de mettre en place une langue nationale ;
· Instaurer une journée civique ou citoyenne obligatoire ;
· Œuvrer pour le retour des œuvres et biens culturels déportés par les colons ;
· Construire un musée national répondant aux normes internationales ;
· Prendre des lois sanctionnant la stigmatisation de nos us et coutumes ;
· Valoriser la pierre de Mbigou ;
· Délocaliser à l’ancienne place des fêtes de l’indépendance de Libreville, la vente des produits issus de la pierre de Mbigou (KOPAL) ;
· Faciliter aux artisans nationaux l’accès aux crédits;
· Créer une plateforme d’exposition et de vente en ligne ;
· Formaliser un partenariat ENAM-KOPAL et PNPE ;
· Réviser les textes sur l’exploitation de la pierre de Mbigou.
*b) Culture, Arts et valeurs*
· Restructurer, revaloriser et repréciser les missions de l’institut de pharmacopée et de médecine traditionnelle (IPHAMETRA) à travers les actions suivantes :
-Mise en valeur des produits de la pharmacopée dans les pharmacies ;
-Redynamisation de la filière de médecine traditionnelle dans les facultés de médecine ;
-Création d’une unité de recherche et de soins de médecine traditionnelle dans les centres hospitaliers et instituts de recherches ;
-Organiser de grandes rencontres annuelles de la médecine traditionnelle (journée de sensibilisation pour les médecins, les pharmaciens et le grand public) ;
-Création et régulation de l’ordre national des tradipraticiens.
· Identifier et octroyer un statut juridique aux forêts sacrées ;
· Construire des centres culturels dans chaque chef-lieu de province ;
· Construire un palais de la Culture à Libreville ;
· Restaurer l’école nationale des arts du cirque du Gabon ;
· Créer une agence de financement et de développement de la Culture et des arts ;
· Créer un fonds d’aide à la création pour les auteurs et un fonds d’aide à la production ;
· Faire des appels d’offre pour les projets culturels initiés par l’Etat ;
· Créer une plateforme numérique dédiée à la musique gabonaise ;
· Diffuser des œuvres en streaming et vente digital de la musique ;
· Mettre en place un répertoire des auteurs compositeurs et interprètes ;
· Restaurer Africa N°1 et créer une chaine de télévision à la radio ;
· Institutionnaliser le mariage coutumier ;
· Restaurer et revaloriser les chefferies traditionnelles ;
· Réécrire l’histoire générale du Gabon en tenant compte des grandes figures et des spécificités culturelles :
· Préserver les noms ancestraux pour la transmission d’une identité forte ;
· Créer un conservatoire des danses traditionnelles à l’ENAM.
· Intégrer et valoriser les peuples autochtones ;
· Traduire l’hymne national dans toutes les langues locales du Gabon et le vulgariser par la digitalisation ;
· Enseigner l’hymne national dans le système scolaire en langue vernaculaire ;
· Mettre en place une commission d’experts linguistes chargés de superviser les travaux de traduction ;
· Ecrire l’hymne national en langage des signes et en braille traduit en langues vernaculaires ;
· Créer un fonds pour la recherche archéologique ;
· Redynamiser et valoriser les activités du CICIBA (la langue Bantu, les collections, etc.) ;
· Eriger des monuments en mémoire des grandes figures gabonaises ;
· Rebaptiser le pays, les villes et les infrastructures par des noms locaux ;
· Améliorer les conditions d’exercice des métiers artistiques et culturels ;
· Promouvoir le respect des droits d’auteur auprès des utilisateurs d’œuvres par la conception d’une charte de bonnes pratiques ;
· Répertorier les artistes et leurs œuvres ;
· Mettre en place une brigade de contrôle et de lutte contre la piraterie ;
· Vulgariser, à travers les manuels d’éducation civique et les enseignements universitaires la culture des droits d’auteur ;
· Vulgariser, à travers l’éducation populaire, la culture des droits d’auteur ;
· Faciliter la participation des artistes gabonais aux évènements culturels internationaux ;
· Mettre en place une taxe sur les produits multimédias (la copie privée) ;
· Mettre en place des mécanismes de perception des redevances des droits d’auteur sur la diffusion des œuvres dans les espaces publics ;
· Faire participer les entreprises culturelles par appel d’offre ;
· Arrimer le Bureau Gabonais des Droits d’Auteur (BUGADA) aux normes internationales en la matière ;
· Créer un statut d’Ambassadeur de la Culture gabonaise.
A la validation de toutes ces propositions et à l’institutionnalisation du BUGADA par la nation, à travers le DNI, s’ajoutent :
– L’Ordonnance sur le statut de l’Artiste et de l’Acteur culturel qui a été ratifiée par le Parlement ;
– La restauration ou transformation des deux bâtiments du ministère de la Culture et des Arts qui, sous Ali BONGO ressemblaient à la poubelle de Mindoubé, en deux des joyaux architecturaux les plus modernes du Gabon.
Mes très chers collègues, personne n’a la naïveté de croire que toutes les recommandations sus-listées vont constituer les termes de la nouvelle Constitution gabonaise. Mais elles vont servir de source d’inspiration dans la rédaction de celle-ci au chapitre de la protection et de la promotion de nos valeurs identitaires.
Ces recommandations constituent également des arguments nécessaires vous permettant de voter au référendum en toute âme et conscience.
Pour toutes ces avancées, obtenues en seulement 10 mois d’exercice par le CTRI du pouvoir de transition, j’ai la soif d’exprimer, au nom de la communauté artistique, toute ma gratitude, d’abord au Chef de l’Etat, *le Général de Brigade Brice Clotaire Oligui Nguema,* qui a fait de la Culture l’un des piliers centraux de sa politique de développement national, puis aux Commissaires du DNI et au Parlementaires.
Mes très chers collègues,
Je ne saurais terminer cette lettre ouverte sans vous exhorter à mettre fin à cette attitude suicidaire qui consiste à boycotter les réunions de concertation qu’organisent les uns et les autres, soit de manière individuelle ou en association, dans l’intérêt de notre communauté.
Ecoutez les conseils des personnes qui travaillent et posent des actes pour vous que de vous laisser distraire par des compatriotes dont la contestation permanente et inutile est devenue un métier. Dans ce pays, nous avons des personnes qui se croient incontournables, qui estiment que tout ce qui se fait sans eux n’est pas bon.
Sauf que sur le terrain, on ne voit pas leurs réalisations en faveur des populations. Rien que du bruit dans les réseaux sociaux et les télévisions.
Fait à Libreville, le 15 août 2024
Bonne fête de l’Indépendance !
Bonne fête de la Libération !
C’est enfin notre essor vers la félicité !
Norbert EPANDA
L’Artiste