Les noirs ne lisent pas : Mythe ou réalité ?

Une lettre très controversée de 2006-2007, rédigée par un inconnu, publiée sur internet par Dr Arthur Lewin du Département “Black and HispanicsStudies” de Baruch College (City University of New York) et lue pour la première fois sur une radio de New York, en 2007 par De Lee, malheureusement dépeint une certaine réalité. Une lettre assez assommante qui exprime ceci: « Les noirs ne lisent pas et resteront toujours nos esclaves. Nous pouvons encore continuer à récolter des profits des noirs sans effort physique de notre part. Regardez les méthodes actuelles de maintien dans l’esclavage qu’ils s’imposent eux-mêmes: ignorance, avidité et égoïsme. »

En fait, la meilleure façon de cacher quelque chose à un noir est de la mettre dans un livre. Si la lettre semble faire la part belle au moralisme, il n’en est absolument rien à sa lecture. Cette lettre est un plaidoyer pour la lecture, celle des noirs. On gagne beaucoup à lire, parce que la lecture est une clé qui ouvre la porte du savoir; et le savoir est une boussole et une force; cette force libère et procure un pouvoir; ce pouvoir permet en principe et hormis les critères occultes- de parvenir à mieux gagner sa vie, à vivre décemment, à déceler la valeur et le prix de ce que l’on possède.

Ne pas lire reviendrait à cultiver des fléaux comme l’ignorance, l’ennui, la violence, l’avidité et l’égoïsme. Or, lire est une façon de perfectionner son niveau éducatif, celui de ses proches. Il faut lire pour ne pas être à la merci de ceux qui savent, il faut lire pour ne pas devenir oisif, il faut lire pour ne pas devenir violent, il faut lire pour ne pas s’adonner à sa propre destruction, il faut lire pour comprendre le monde dans lequel on vit, il faut lire pour augmenter sa valeur morale et intellectuelle, il faut lire pour changer son rapport à l’argent et aux autres, au monde, il faut lire pour devenir meilleur.

L’instruction ou l’éducation ne prend pas fin au sortir de l’école. Bien heureux celui ou celle, qui se libérant des carcans acquiert encore plus de savoir, plus d’esprit critique, plus de courage, plus de connaissances et compétences multiples, plus de créativité, plus de solidité intellectuelle. Autant de défis à relever grâce à un autre défi : la lecture, celle des noirs.

Nous sommes perdus entre manque de volonté et bonnes excuses :

Lire n’est pas un besoin fondamental chez les noirs : ils se préoccupent d’abord de comment ils vont se nourrir, se vêtir, dormir. Ils n’ont pas tort, comme le dit l’adage, ventre affamé n’a point d’oreilles.

Les gens ne sont pas informés des publications d’ouvrages : Le gros problème, c’est que les auteurs africains n’ont pas souvent un grand écho auprès du public. Leurs livres ne bénéficient pas de grandes promotions de la part des journalistes et des maisons d’édition. Il est très rare d’entendre parler d’un petit nouveau dans la sphère littéraire, même à titre informatif. C’est vraiment dommage. Et comme il n’y a pas une véritable politique publique de promotion et de valorisation des livres, la population est très mal informée sur les nouvelles créations, et les œuvres existantes. Il ne reste plus que des initiatives privées.

Absence de volonté politique : En dehors de quelques initiatives privées, les actions culturelles pour la promotion de la littérature en Afrique, sont le fait des Centres Culturels Français ou Américains. Au Gabon par exemple, il n’y a même pas de bibliothèques municipales dans les villes.

Habitude culturelle : Depuis l’enfance, nous avons été malheureusement habitués à faire de la lecture scolaire (livres à lire au programme). Pour apprécier la lecture-plaisir, il faut avoir grandi avec les livres.

Absence de pouvoir d’achat : Ce n’est pas la principale raison, même si elle est souvent évoquée. Toutefois, elle y participe. Effectivement, acquérir certains ouvrages demande un investissement financier important. Pourtant, nous parvenons à nous offrir de belles paires de chaussures, de beaux sacs, de très jolis vêtements, du maquillage, des gadgets technologiques. Nous ne faisons pas beaucoup efforts!

Ne soyons pas de simples consommateurs, soyons acteurs! Acteurs de notre éducation, de nos apprentissages, de notre développement, de notre épanouissement.

Serge Kevin Biyoghe

Rédacteur en Chef, Journaliste-Ecrivain, Sociétaire de la SCAM (Société Civile des Auteurs Multimédias), membre de la SGDL (Société des Gens De Lettres), membre du SFCC (Syndicat Français de la Critique de Cinéma), membre de l'UDEG (Union Des Écrivains Gabonais).

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