La santé menstruelle est une question de droit humain, pas seulement de santé. Toute personne a droit à l’autonomie corporelle. La possibilité de s’occuper correctement de son corps pendant les Règles est une partie essentielle de cette liberté fondamentale.
Au Gabon, l’hygiène, très souvent inaccessible à de nombreuses filles, est liée essentiellement au manque de ressources, aux difficultés d’accès à l’eau et à des sanitaires, aux difficultés d’accès au système de santé reproductive et sexuel, à l’absence d’éducation sexuelle. Tous ces facteurs mettent en danger la santé menstruelle des filles. Les conséquences sont les grossesses précoces, les maladies sexuellement transmissibles, le VIH, l’échec scolaire et parfois l’exclusion familiale. Ce qui rend les femmes vulnérables.
Aussi, l’association « Les Filles Mères » a organisé le 31 mai dernier à Nzeng-Ayong dans le 6e arrondissement de Libreville une journée de sensibilisation avec pour thème « Accélérer l’investissement pour l’autonomisation financière des femmes : la clé d’une inclusion éclairée ». Sous l’égide du ministère de la Santé et du ministère des Affaires Sociales et de l’appui multiforme des partenaires au développement comme l’UNESCO, cette session de sensibilisation a servi à attirer l’attention des jeunes filles sur divers défis auxquels elles font face chaque jour, à l’exemple des violences basées sur le genre, du VIH, des grossesses précoces.
En effet, les femmes ont besoin d’être accompagnées pour une plus grande autonomisation, car une jeune fille sur 10 ne va pas à l’école lorsqu’elle a ses règles. Les études montrent qu’au Gabon, 48 % des femmes de 15 à 49 ans ont subi des actes de violence physique ou sexuelle, que 2 femmes sur 10 ont interrompu leurs grossesses à cause des difficultés économiques. Il est urgent de renforcer les mesures de prévention et de protection.
Par ailleurs, les membres de l’association « Les Filles Mères » ont pu bénéficier du kit Moane mis à disposition par l’UNESCO. C’est l’une des réponses à la précarité menstruelle des filles, ce qui leur permettra de poursuivre certainement leur scolarité. Il est important aujourd’hui de s’engager pour faire bouger les choses, car la santé menstruelle doit être abordée de manière holistique. Elle interpelle les individus, les communautés, les politiques publiques et les acteurs de la société civile. Nous avons le devoir d’informer nos enfants sur cette fonction physiologique normale.
Ainsi, l’éducation commence surtout en milieu scolaire, afin de lutter contre la stigmatisation, la discrimination, en créant des comités scolaires de gestion d’hygiène menstruelle intégrant aussi bien les filles que les garçons parlant de la menstruation comme un processus normal et aidant à régler les problèmes et comprendre comment gérer ses règles, mettre à disposition même au niveau des dispensaires des écoles des kits d’hygiène menstruelle fiables et sécurisés, former des prestataires de soins en milieu éducatif sur la santé menstruelle des jeunes, assurer le dépistage et l’orientation en cas de dysfonctionnement ou de règles douloureuses, conduire à l’autonomisation de la gestion de l’hygiène menstruelle en apprenant aux filles à fabriquer leurs propres produits menstruelles.
Gageons que l’État favorise l’inclusion sociale en créant un environnement plus inclusif, égalitaire et sécuritaire pour les « filles mères ».