Les révélations d’une vaste enquête du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), à laquelle ont collaboré environ 600 journalistes (issus de 150 médias répartis dans 117 pays) qui s’intitule « Pandora Papers », référence à la légende de la boîte de Pandore, accusent plusieurs centaines de responsables politiques et leurs proches d’avoir dissimulé des avoirs dans des sociétés offshore, notamment à des fins d’évasion fiscale.
En effet, des milliardaires et des célébrités auraient dissimulé 11.300 milliards de dollars (soit 6231 milliards de francs CFA) dans des paradis fiscaux. A travers les « Pandora Papers », l’ICIJ révèle les coulisses d’une économie offshore parallèle, utilisée par de riches personnalités pour dissimuler leur fortune. Ainsi, les révélations Pandora Papers, qui s’appuient sur quelque 11,9 millions de documents provenant de 14 sociétés de services financiers, ont mis au jour plus de 29.000 sociétés offshore. L’opacité entourant ces sociétés situées dans des pays ou territoires à la fiscalité très avantageuse peut être utilisée afin de dissimuler des actifs financiers et de frauder l’administration fiscale. De tels agissements, révélent autant de manques à gagner pour les gouvernements.
Aussi, la fuite de documents « Pandora Papers » qui révèlent des transactions financières offshore, offre un aperçu de la complexité de la comptabilité offshore et des stratagèmes présumés d’évitement fiscal utilisés par certaines des personnes les plus riches et les plus puissantes du monde. Quelque 35 dirigeants de gouvernements et plus de 330 hommes et femmes politiques y sont épinglés pour leurs pratiques pour échapper à l’impôt. L’enquête montre également que, malgré les nouvelles réglementations fiscales internationales, la plupart des paradis fiscaux continuent pourtant de prospérer, des pays continuent de profiter de ces activités et d’attirer des capitaux. L’ICIJ s’alarme de l’attitude ambiguë des États-Unis, pays le mieux placé pour contrôler l’évasion fiscale en raison de la prédominance du dollar dans les flux financiers internationaux. Le gouvernement américain a fait pression sur de nombreux pays, comme la Suisse, pour obtenir les informations sur les pratiques des citoyens américains. Mais la réciproque n’est pas vraie.
Pendant que les gouvernements adoptent timidement le principe d’une taxation minimale des bénéfices des firmes multinationales quel que soit l’endroit sur la planète, la réalité des turpitudes de la finance mondiale éclate une nouvelle fois au grand jour. Les « Pandora Papers » révèlent une fois de plus l’ampleur de l’évasion fiscale et du blanchiment d’argent par une partie de l’élite mondiale, principalement par le biais de sociétés écrans et de trusts. L’évasion fiscale et le blanchiment d’argent mettent en danger la démocratie, car les gens perdent confiance dans l’État de droit. C’est d’autant plus vrai lorsque les élites politiques cachent leur richesse. La fraude fiscale mondiale alimente aussi les inégalités. Plutôt que de se répéter à longueur de journée qu’il n’y a pas assez d’argent public et qu’il faut réformer les retraites ou réduire le nombre de lits d’hôpitaux, ces dirigeants feraient mieux de récupérer l’argent là où il est : dans les poches des puissants qui font tout pour le dissimuler. Cela permettrait entre autres d’éradiquer la faim dans le monde, l’analphabétisme, de financer les besoins sociaux les plus essentiels comme l’accès à l’eau, à la santé, au logement ou encore à l’énergie. Et permettrait sans doute de relever les défis environnementaux. Cet argent est vital pour la planète et ses populations. Il est temps que cela cesse ! De plus, il est crucial de mettre à bas un système nuisible à toutes et tous et d’obliger l’oligarchie et les classes fortunées à rendre l’argent.
Gageons que cette enquête soit plus concluante, car malgré des scandales à répétition, il semble toujours aussi difficile de ralentir la machine infernale des paradis fiscaux. C’est aux peuples d’agir massivement pour empêcher les « Pandora Papers » de nuire par le blocage de l’économie à deux niveaux : la grève comme outil de blocage de la production pour les salariés et la lutte contre le productivisme et l’extractivisme au travers de la surconsommation qu’il promeut (actions, boycott…).